Période d'expansion à l'Ouest (1789-1849)

Après l'élection de George Washington comme premier Président des Etats-Unis d'Amérique, le nouveau Congrès vote la création de la première des nombreuses institutions organisant le gouvernement fédéral, et adopte une Constitution avec les dix premiers amendements appelés la "Déclaration des Droits" (Bill of Rights). Washington prend des mesures pour établir la branche exécutive du gouvernement. Le Congrès vote la "Loi Judiciaire" (Judiciary Act) de 1789 qui instaure le Code de Justice fédéral et la Court Supreme.

L'achat de la Louisiane, en 1803, permet aux colons américains de s'établir dans le vaste et fertile bassin du Mississippi, et d'un seul coup les Etats-Unis doublent leur superficie. Au milieu des années 1840, l'expansionnisme américain est inscrit dans le "Manifeste de la Destiné" (Manifest Destiny), et en 1846 le Congrès s'en sert comme prétexte pour déclarer la guerre au Mexique. La République du Texas devient un Etat américain en 1845 et aux termes du Traité de paix de Guadalupe Hidalgo en 1848, le Mexique cède aux Etats-Unis la Californie, l'Arizona, le Nouveau-Mexique, ainsi qu'une partie de l'Utah, du Colorado et du Wyoming. Mais l'annexion de ces nouveaux territoires fait bientôt resurgir des vieilles tensions entre le Nord et le Sud au sujet de l'esclavage.




Présidence de George Washington (1789-1797).

George Washington, un des plus illustres héros de la Guerre d'indépendance américaine, commandant de l'Armée continentale et actuel président de la Convention Constitutionnelle de Philadelphie, devient le 30 avril 1789, selon la nouvelle Constitution, le premier "Président des Etats-Unis d'Amérique" (POTUS).

Sans conteste l'homme politique américain le plus populaire de son temps, cet ancien officier de l'Armée britannique est considéré comme le "Père de la Nation" (Father of the Country). Il remporte les élections au suffrage indirect, c'est-à-dire au vote des "Grands Electeurs", et adopte les premières lois fédérales définissant le mode de fonctionnement du gouvernement.

Sous sa présidence, sont établit le système bicaméraliste du Congrès, avec les deux Chambres des Représentants et du Sénat, le code de Justice fédéral qui divise le territoire national en "districts judiciaires fédéraux", la Court Suprême comprenant six juges, trois courts de circuit et treize court de district. Le président Washington créé également les bureaux des "Marshals des Etats-Unis" (US Marshals) et d'un "Procureur" (District Attorney) dans chaque district judiciaire. En complément, il désigne la Court Suprême comme médiateur des contentieux entre les Etats et le gouvernement fédéral.

Le "Compromis de 1790" est le premier des trois compromis adoptés pour tenter de régler les problèmes et tensions entre les Etats du Nord et les Etats du Sud, au sujet de l'esclavage.

Des divergences d'idéologie et de politique entre deux membres de son Cabinet, le Sécrétaire du Trésor Alexander Hamilton (pro-britannique) et le Secrétaire d'Etat Thomas Jefferson (pro-français), notament au sujet de la guerre entre la France et la Grande-Bretagne, nait la formation des deux premiers partis politiques du pays: le "Parti Fédéraliste" (Alexander Hamilton et George Washington), partisan d'un pouvoir fédéral fort, et le "Parti Démocratique-Républicain" (Thomas Jefferson, James Madison), qui veut donner plus de pouvoir aux Etats et un pouvoir fédéral faible.

Lors de son discours d'adieu à la Nation, Washington met en garde son pays contre la menace des armées permanentes envers la démocratie. Malgré son isolationnisme et sa politique de stricte neutralité (il refuse de prendre part au conflit franco-britannique, d'un côté ou de l'autre), sa présidence connait une riche histoire diplomatique.

Tableau ci-dessous: "Lansdowne portrait", réalisé par Gilbert Stuart en 1796.



Présidence de John Adams (1797-1801).

George Washington se retire de la présidence après son second mandat. Le Vice-président John Adams bat son adversaire Thomas Jefferson et remporte les élections de 1797. Mais avant même d'entrer en fonction, son Parti Fédéraliste est divisé et affaibli par des querelles entre lui avec Alexander Hamilton.

Ces luttes internes sont encore amplifiées par la situation politique internationale. La France, "irritée" par le Traité de Jay (ou Traité de Londres) signé en novembre 1794, rompt ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Lorsqu'Adams envoit ses représentants pour négocier leur rétablissement, trois agents du ministre français des Affaires étrangères Charles de Talleyrand, désignés "X, Y et Z" (identifiés plus tard comme étant Jean-Conrad Hottinguer, Pierre Bellamy et Lucien Hauteval) dans le raport d'Adams adressé au Congrès, informent les Américains que des négociations de paix billatérales ne seront possibles que si les Etats-Unis versent un prêt de douze millions de dollars (avec un "dessous-de-table" de 250,000 dollars à Talleyrand), et s'excusent pour les propos tenus par Adams. Ainsi débute l'"Affaire XYZ", qui abouti en 1798 à la Quasi-War avec la France.

Sans déclaration de guerre formelle, la marine de guerre française saisit environ 300 navires marchands américains en Méditerrannée, dans l'Atlantique et les Caraïbes, au cours de ce confit. Ce qui forcera le président Adams à demander au Congrès des crédits substanciels pour un renforcement de la nouvelle US Navy et la construction de nouvelles frégates.

La Quasi-Guerre débute en juillet 1798. Le 18 janvier 1799, Adams envoit des négociateurs en France, pour signer avec le Premier Consul Napoleon Bonaparte la cessation des hostilités. La "Convention de 1800" ou "Traité de Mortefontaine" met officiellement fin à la Quasi-Guerre avec la France le 30 septembre 1800. Entretemps, l'US Navy a de son côté coulé ou araisonné une centaine de navires français.

Tableau ci-dessous: signature du Traité de Mortefontaine le 30 septembre 1800.


Les hostilités avec la France et l'opposition politique américaine poussent le Parti Fédéraliste, qui a la majorité au Congrès, à faire passer les Alien and Sedition Acts, une série de lois qui restreignent sensiblement les libertés civiles, en particulier celles des Premier et Dixième Amendements. La Naturalization Act fait passer la période d'attente des résidents étrangers de cinq à quatorze ans pour devenir citoyen américain. Cette loi vise surtout les immigrants français et irlandais, suspectés de soutenir le Parti Démocratique-Républicain opposé à la Quasi-Guerre. La Alien Act, qui n'existera que pendant deux ans, permet au président d'expulser ou d'emprisonner des étrangers en temps de guerre. La Sedition Act interdit toute publication, discours ou livre hostiles au président ou au Congrès. Ces restrictions des libertés civiles entraînent les premiers martyrs à la cause et renforcent l'influence du Parti Démocratique-Républicains.

Thomas Jefferson et James Madison rédigent secrètement les "Résolutions du Kentucky et de Virginie" (Kentucky and Virginia Resolutions) dans la législature des deux Etats, en novembre et décembre 1798. Selon ces résolutions, les Etats peuvent déclarer anti-constitutionnelles des lois fédérales et les bloquer. Cependant, les autres Etats rejetteront cette proposition.

Ci-dessous: John Adams, second président des Etats-Unis (1797-1801).



Présidence de Thomas Jefferson (1801-1809).

En 1800, les Américains sont prêts pour le changement. Sous les administrations Washington et Adams, le Parti Fédéraliste avait établi un gouvernement fort, mais cette politique lui avait aliéné une grande partie de la population. Par exemple, en 1798, pour réduire la dette nationale et payer l'armée et la marine, les Fédéralistes instaurent une taxe sur les habitations, les terres et les esclaves. Pour encore compliquer la chose, suite à une révolte locale en raison de cette taxe, Adams ordonne à l'armée de la prélever. Le Parti Démocratique-Républicain saisit l'occasion pour dénoncer la "tyrannie fédéraliste".

Jefferson rassemble derrière lui une grande partie de l'électorat américain: les petits fermiers, les commerçants et la masse ouvrière pauvre, lors des élections de 1800.

Au début de son mandat, il s'installe dans la nouvelle capitale des Etats-Unis, Washington District County (ou simplement Washington DC). Lors de son discours inaugural à la nouvelle Maison-Blanche, il promet un gouvernement sage et économe pour préserver l'ordre public et de rétablir les droits civils des Américains. Il fait supprimer la taxe impopulaire sur les habitations, les terres et les esclaves, et réduit le budget de l'armée et de la marine d'un tier. Il est farouchement opposé à un gouvernement centralisé fort et se fait le champion du droit des Etats.

Portrait ci-dessous: Thomas Jefferson.


Jefferson encourage le développement de l'agriculture et l'expansion vers l'Ouest, illustré par l'achat de la Louisiane française et l'expédition Lewis et Clark, pour atteindre la côte du Pacifique.

A la fin de son second mandat, le président Jefferson et son Secrétaire du Trésor Albert Gallatin ont réduit la dette nationale à moins de 560 millions de dollars. Ce résultat a été possible en procédant à un dégraissage des départements fédéraux et à une réduction des effectifs de l'armée et de la marine de guerre.

Ce qui n'empêche pas l'US Navy, pour protéger les navires marchands américains des actes de piraterie en Méditerranée, de prendre part, aux côtés de la Suède et du Royaume des Deux Siciles, à la Première Guerre des Barbaresques (1801-1805), en bombardant les ports de Tripoli, de Tunis et d'Alger, sous administration de l'Empire Ottoman. Cette victoire militaire sera suivit une décennie plus tard par la Seconde Guerre des Barbaresques (1815).

Carte ci-dessous: trajet aller-retour de l'expédition Lewis et Clark (1804-1806).



Achat de la Louisiane française (1803).

L'achat de la Louisiane est l'acquisition d'un immense territoire couvrant 2.147 millions de km² administré par la France, pour un montant total de 78 millions de francs ou 15 millions de dollars de l'époque (217 millions de dollars au cours actuel). D'un seul coup, les Etats-Unis doublent pratiquement leur superficie.


1° Contexte politique.

La Nouvelle-Orléans permet le contrôle du Delta du Mississippi. La ville représente donc une position stratégique déterminante pour le développement du commerce maritime et la navigation fluviale, ainsi que le développement de l'agriculture à l'ouest des monts Appalaches.

Le Traité de Pinckney, ou Traité de Madrid, signé le 27 octobre 1795, établit de bonnes relations entre les Etats-Unis et l'Espagne. Il définit les frontières occidentales américaines avec les colonies espagnoles en Amérique du Nord, et guarantit aux Etats-Unis la libre navigation sur le fleuve.

Ce traité permet également aux marchands américains de disposer du "droit de dépôt" de leurs produits à la Nouvelle-Orléans, créant ainsi une "zone franche" exonérée de taxes ou de charges fiscales. Les Américains en profitent pour transporter et entreposer du coton, du tabac, des denrées alimentaires, des spiritueux, du cuir, des peaux et autres marchandises.

En 1798, l'Espagne révoque le Traité de Pinckney. Cependant, le gouverneur Don Juan Manuel de Salcedo succède au Marquis de Casa Calvo, et les droits de dépôt des Américains sont rétablis.

En 1800, aux termes du Traité de San Ildenfonso, la Nouvelle-Orléans passe sous contrôle français. Cependant, ce traité étant demeuré secret, le reste de la Louisiane restera sous administration espagnole jusqu'au transfert officiel des pouvoir, le 30 novembre 1803, soit à peine trois semaines avant sa cession aux Etats-Unis.

En 1801, le président Thomas Jefferson, qui a pris connaissance du Traité de San Ildenfonso et de la cession de la Louisiane de l'Espagne à la France, et estimant que le meilleur moyen d'assurer la navigation sur le Mississippi est d'acheter directement la Nouvelle-Orléans, envoie à Paris James Monroe et Robert R. Livingston pour en négocier l'acquisition. Les deux Américains ne sont intéressés que part le port de la Nouvelle-Orléans et de ses environs, ils n'anticipent pas encore le transfert du reste de la colonie qui va suivre.



2° Négociations de 1803.

En 1803, Pierre Samuel du Pont de Nemours, un noble français vivant et prospérant dans le Delaware, est envoyé à Paris par Jefferson pour négocier avec Bonaparte l'achat non pas de la Nouvelle-Orléans, mais maintenant de toute la Louisiane.

Jefferson est tiraillé. D'un côté, il n'aime pas trop cette idée qui implique de reconnaitre les droits de la France de posseder des colonnies en Amérique du Nord. De l'autre, il est séduit par le fait de doubler d'un seul coup la taille des Etats-Unis, de trouver de nouvelles terres cultivables à l'Ouest, et de plaire par la même occasion à l'électorat du Parti Français de Washington. Le Parti Fédéraliste, de son côté, favorable à un rapprochement avec la Grande-Bretagne, est tout à fait opposé à l'achat de la Louisiane.

Du côté français, Napoléon Bonaparte est confronté à la Révolte de Saint-Domingue (Haïti). Une expédition militaire menée par son beau-frère Charles Leclerc pour reconquérir le territoire et rétablir l'esclavage, est victime de la fièvre jaune et décimée. Les révolutions haïtiens finissent par détruire le corps expéditionnaire français. Bonaparte, après cet échec, veut signer la paix avec la Grande-Bretagne pour s'assurer du contrôle de la Louisiane.

S'ouvrent les négociations franco-britanniques ("Paix d'Amiens"), mais avec le retour au pouvoir de William Pitt le Jeune, les hostilités reprennent au début de l'année 1803. Le 11 mars, Napoléon se préparent à envahir la Grande-Bretagne.

Absorbé par ses projets d'invasion, il abandonne l'idée d'établir un nouvel empire français en Amérique du Nord. Ayant perdu le contrôle des Caraïbes, la Louisiane n'a plus aucun intérêt pour lui. Bien que son Premier ministre Talleyrand y soit opposé, le 10 avril 1803, Bonaparte charge son Ministre des finances François de Barbé-Marbois de proposer aux Etats-Unis la vente de la Louisiane pour un montant total de 78 millions de francs, soit 15 millions de dollars de l'époque (217 millions de dollars au cours actuel).


3° Signature du Traité.

Le 30 avril 1803, le Traité de vente de la Louisiane est signé par James Monroe, Robert Livingston et Barbé Marbois à Paris. Le 4 juillet, le jour de l'Indépendance, le Traité parvient à Washington DC et Jefferson l'annonce officiellement aux Américains. Ce traité est ratifié le 20 octobre.

L'acquisition de la Louisiane française, un immense territoire de plus de deux millions de km², couvrant les Etats actuels de l'Arkansas, du Missouri, de l'Iowa, de l'Oklahoma, du Kansas, du Nebraska, ainsi que d'une partie du Minnesota, des Dakota du Nord et du Sud, du Nouveau-Mexique, du Montana, du Wyoming, du Colorado et des provinces canadiennes d'Alberta et du Saskatchewan, permet désormais aux Etats-Unis d'avoir le contrôle total de la fertile vallée du Mississippi et de ses afluents.

La passation officielle des pouvoirs est accomplit le 20 décembre 1803. Le 10 mars 1804, une cérémonie formelle à Saint-Louis symbolise ce transfert de territoires de la France aux Etats-Unis. Le 1er octobre 1804, les territoires achetés deviennent officiellement "Territoire d'Orléans" (Louisiane actuelle) et "District de Louisiane" administré par l'Indiana. C'est d'ailleurs de Saint-Louis que partira l'expédition de Lewis et Clark vers le Pacifique.

Photo ci-dessous: plaque commémorative pour le bicentenaire de l'achat de la Louisiane, à Rayville (9 août 2010).



Guerre contre la Grande-Bretagne (1812-1815).

Après 1805 et la victoire de la Royal Navy à Trafalgar, les Britanniques imposent un blocus continental de l'Europe et de la cote est des Etats-Unis. En 1807, le Congrès et le président Jefferson interdisent tout commerce avec les nations étrangères en votant l'Embargo Act, espérant ainsi que la Grande-Bretagne levera son blocus de la Cote Est. Cependant, cet embargo a des effets désastreux sur les exportations et l'économie américaine.

James Maddison remporte les élections de 1808, et le 4 mars suivant devient le quatrième président des Etats-Unis. Le 27 octobre 1809, il annexe la partie occidentale de la Floride espagnole.

Le 11 février 1811, en réponse aux continuelles interférences de la Royal Navy contre les navires marchands, avec la pratique courante de l'enrôlement forcé des marins américains dans la Royal Navy, il interdit tout commerce avec la Grande-Bretagne. Le 5 novembre 1812, il est réélu pour un second mandat.

Le conflit de 1812-1815 est également appelé "Seconde Guerre d'indépendance". Le Congrès, pour un certain nombre de raisons évoquées ci-dessus, avec l'appui des Jeffersoniens, déclare la guerre à la Grande-Bretagne le 18 juin 1812. Celle-ci se cantonne d'abord dans une position défensive.

En 1813, les Etats-Unis envahissent le Canada. Ils s'assurent le contrôle du Lake Erié et s'emparent d'une partie de la province de l'Ontario. Ils anéantissent les tribus amérindiennes alliées de la Grande-Bretagne dans le Sud et le Nord-Ouest.

Mais à partir de 1814, avec la défaite de Napoléon Bonaparte en Europe, l'Empire britannique adopte une stratégie plus offensive. Sa victoire à la Bataille de Bladensburg, le 24 août, lui permet de s'emparer et d'incendier Washington DC. De septembre 1814 à janvier 1815, les Américains victorieux reprennent les territoires perdus, repoussent les Britanniques de Washington DC et de la Nouvelle-Orléans.

Tableau ci-dessous: Capitole à Washington DC, encore en construction, incendié par les Britanniques en 1814.


Le 24 décembre 1814, s'ouvrent à Gand en Belgique des négociations de paix entre les deux bélligérants. Le Traité de Paix est ratifié par le Sénat américain le 16 février 1815 et par les Britanniques deux jours plus tard.

Les pertes britanniques s'élèvent à 1,600 tués au combat, 3,321 morts de maladies et 3,679 blessés. Les Américains enregistrent la perte de 2,260 tués et 4,505 blessés. Le nombre de décès dus aux maladies et à la malnutrition n'est pas connu avec certitude, mais il est estimé à environ 17,000 morts. Ce bilan ne prend pas en compte les pertes occasionnées aux forces de milice ou au alliés amérindiens, d'un côté ou de l'autre.

Photo ci-dessous: trois derniers vétérans survivants (guerriers amérindiens des Six-Nations) de la guerre 1812-1815 (cliché pris en 1882): John Smoke Johnson (né en 1792), John Tutela (1797) et Young Warner (1794).


La fin de ce conflit voit également la disparition du Parti Fédéraliste, qui était opposé à la guerre, l'émergence de militaires de carrière et de héros nationaux comme Andrew Jackson et William Henry Harrison, d'hommes politiques comme James Monroe, John Quincy Adams et Henry Clay.


Montée du nationalisme et doctrine Monroe (1816-1824).

James Monroe devient le 4 décembre 1816 le cinquième président des Etats-Unis, et prête serment le 5 mars 1817. Sa présidence est marquée par la "Période des Bons Sentiments" (Era of Good Feelings), mais il est surtout connu pour avoir signé le "Compromis du Missouri", au sujet de l'esclavage, et pour sa "Doctrine Monroe". Le 6 décembre 1820, il est réélu pour un second mandat.


1° Période des "Bons Sentiments".

Après la guerre de 1812-1815, les Américains commencent à trouver un nouveau sens au nationalisme. Les Etats-Unis se rassemblent en bloc derrière des héros nationaux tel Andrew Jackson. Les sentiments patriotiques deviennent très forts, et le poème de Francis Scott Key "The Star Spangled Banner" est très populaire.

Sous l'autorité du 4ème Chef de la Justice John Marshall, la Cour Suprême des Etats-Unis dicte une série de jugements renforçant le role du gouvernement national. Ces jugements incluent "McCulloch vs Maryland" et "Gibbons vs Ogden", deux affaires qui réaffirment la suprémacie du gouvernement national sur les Etats.

En 1819, avec la signature du Traité Adams-Onis ou "Traité Intercontinental", signé par le Secrétaire d'Etat américain John Quincy Adams et le Ministre espagnol des Affaires étrangères Luis Onis, la colonisation de la zone frontalière entre les Etats-Unis et la Vice-Royauté de la Nouvelle-Espagne accroit les tensions entre les deux pays. Aux termes de ce même traité, l'Espagne cède la Floride, un territoire qui deviendra en 1845 le 27ème Etat américain. En échange, les Etats-Unis renoncent à demander le Texas.



2° Sectionalisme.

Bien que le sentiment nationaliste s'accroit dans tout le pays, ses effets sont cependant limités par un nouveau courant de pensée, le "sectionalisme", c'est-à-dire le régionalisme ou l'attachement aux intérêts d'une partie du pays (Nord ou Sud) ou des Etats. La Nouvelle-Angleterre, qui était opposé à la guerre de 1812-1815, perd énormément de son influence, et en 1820, le Parti Fédéraliste est dissout. Mais cette disparition est compensée par l'apparition des premiers empires industriels, de nouvelles banques et de l'afflux de capitaux dans le Nord.

Cette "révolution industrielle" effectue un grand bon en avant grâce à l'arrivée d'immigrants d'Europe. Le Britannique Samuel Slater créé la première usine textile du pays à Lowell, dans le Massachussetts. L'invention d'Eli Whitney, l'égréneuse, permet d'améliorer le rendement de la culture du coton, et accroit radicalement la valeur du travail des esclaves. Les exportations du coton sudiste vers l'Europe deviennent bientôt prédominantes pour l'économie américaine.



3° Parti politique unique.

En politique intérieure, la présidence de James Monroe est qualifié par la presse de "période de bons sentiments", en raison du déclin de la "politique partisane". Cette période marque également le triomphe du Parti Démocratique-Républicain sur le parti Fédéraliste, qui disparaît. Mais des intérêts sectionnels divergents des Démocrates-Républicains commencent à voir le jour entre le Nord et le Sud, et l'unité de ce parti commence à se fissurer.

Au cours de la période électorale de 1824, la legislature des Etats nomme leur candidat. Le Tennessee et la Pennsylvanie choisissent Andrew Jackson, avec le sénateur de Caroline du Sud John C. Calhoun comme co-listier. Le Kentucky sélectionne le président de la Chambre des Représentants, Henry Clay. Le Massachussetts, le Secrétaire d'Etat John Quincy Adams. Et enfin, un caucus (assemblée des membres et/ou des partisans d'un parti politique) du Congrès choisit le Secrétaire du Trésor William H. Crawford.


4° Doctrine Monroe.

Le cinquième président des Etats-Unis est surtout connu pour sa "Doctrine Monroe". Le 2 décembre 1823, au cours de son second mandat, Monroe prononce un célèbre discours célèbre dans la tribune du Congrès, à l'intention des puissances européennes. Cette doctrine va dominer la ligne de conduite de la politique américaine jusqu'au milieu du vingtième siècle! Trois principes fondamentaux s'en dégagent:

1. Les puissances européennes n'interféreront plus dans les affaires des pays du continent américain.

2. Toute intervention d'un pays européen (France, Grande-Bretagne, Espagne ou Portugal) sur le continent américain sera considée comme un acte de guerre envers les Etats-Unis.

3. En contre-partie, toute intervention des Etats-Unis en Europe est exclue.


5° Compromis du Missouri.

Le Compromis du Missouri est le deuxième des trois compromis adoptés pour tenter de régler la question épineuse de l'esclavage aux Etats-Unis. Ce compromis, proposé par Henry Clay, est ratifié au Sénat le 2 mars 1820.

Trois nouveaux Etats esclavagistes on vu le jour depuis l'acquisition de la Louisiane française: la Lousiane (1812), le Mississippi (1817) et l'Alabama (1819). En 1822, une autre partie de ce territoire, le Missouri, s'apprête à devenir le 23ème Etat américain et demande à son tour le droit de pratiquer l'esclavage.

La question de l'esclavage divisant les Américains, après des débats houleux au Congrès, le Maine, un territoire détaché du Massachussetts, est admis comme Etat anti-esclavagiste pour faire contrepoids au Missouri. Le Congrès décide également que le Missouri restera un Etat esclavagiste mais que tout enfant né de parents esclaves sera automatiquement affranchi à l'âge de 25 ans.

Ce second compromis sera cependant abrogé par la décision "Nebraska-Kansas" le 30 mai 1854, et déclaré anti-constitutionel par la décision relative à l'affaire "Dredd Scott vs John Sandford", le 6 mars 1857.

Carte ci-dessous: évolution des Etats esclavagistes et abolitionnistes (1789-1861).



John Quincy Adams: retour au factionalisme et aux partis politiques (1825-1829).

Les intérêts sectionalistes jouent un rôle important dans les élections de novembre 1824. John Quincy Adams gagne les votes électoraux en Nouvelle-Angleterre et à New York. Henry Clay remporte le Kentucky, l'Ohio et le Missouri. Andrew Jackson, le Sud-Est, l'Illinois, l'Indiana, les deux Caroline, la Pennsylvanie, le Maryland et le New Jersey. William Crawford, la Virginie, la Géorgie et le Delaware. Aucun de ces candidats n'obtient de majorité au vote des Grands Electeurs (ou Collège Electoral).

Si bien que selon la Constitution américaine, c'est à la Chambre des Représentants de désigner le vainqueur. Celle-ci choisit, le 1er décembre 1824, à la surprise de tous, John Quincy Adams à son rival Andrew Jackson, qui a la majorité des votes populaires. Adams, qui a bénéficié du soutien de Clay, celui-ci étant le favori de la Chambre des Représentants, le récompense en le nommant Secrétaire d'Etat. Les partisans de Jackson crient à la fraude électorale et à la corruption (Corrupt Bargain).

Le 4 mars 1825, John Quincy Adams prête serment et devient le sixième président des Etats-Unis. Sa présidence est caractérisée par un nouvel allignement des partis politiques. Ses partisans prennent le nom de "National-Républicain", nouveau parti bientôt redésigné "Whigs", puis après 1850, "Parti Républicain". Bien qu'il dirige le pays avec honêteté et efficacité, Adams n'est pas un président populaire, en raison principalement de ses sentiments anti-Jackson.

Il échoue dans ses efforts pour établir un réseau national de routes et de voies navigables. De plus, son attitude et son tempérament d'intellectuel froid ne lui gagne pas beaucoup d'amis.

Andrew Jackson, par contraste, bénéficie d'une grande popularité. Le parti unique Démocratique-Républicain, après sa nomination par la Chambre des Représentants, se scinde en plusieurs factions. La plus importantes d'entre-elles, soutenues par la plupart des anciens Jeffersoniens (dont Madison et Monroe), dirigé par Andrew Jackson et Martin Van Buren, devient le "Parti Démocrate".

Le 3 décembre 1828, le Démocrate Jackson bat son adversaire Whigs (National-Républicain) John Quincy Adams à une majorité au vote des Grands Electeurs (178 contre 83) et au vote populaire (56% contre 43.6%).


Présidence d'Andrew Jackson (1829-1837).

Le 4 mars 1829, Andrew Jackson prête serment et devient le septième président des Etats-Unis. Il a bénéficié du vote des fermiers et des colons de l'Ouest, autant que celui des ouvriers, artisans et commerçants des villes de l'Est. Sous sa présidence, apparaît le système des partis politiques tel qu'il existe aujourd'hui. Ses deux mandats sont caractérisés par de profonds bouleversements sociaux, économiques et politiques.



1° Démocratie jacksonienne.

La "démocratie jacksonienne" est centrée sur les principes politiques suivants:

1. "Suffrage étendu" (Expanded Suffrage). Les élections de 1828 sont un point de référence significatif dans la tendance vers le "suffrage étendu". Les Jacksoniens pensent que le droit de vote doit être étendu à l'ensemble de la population masculine blanche. En 1840, ce "suffrage universel blanc" deviendra la norme. Jusqu'alors, seules les personnes soumises à l'imposition (contribuables) avait le droit de vote. Jackson encourage la participation des Américains de condition sociale défavorisée et des immigrants. Au cours de sa présidence, le nombre d'électeurs sera ainsi multiplié par 7.

2. "Patronage". Egalement appelé "Système de la corruption" (Spoils System). Système de patronage où les fonctions gouvernementales sont attribuées à des amis ou des personnes ayant soutenu (financièrement) la campagne électorale de Jackson.

3. "Manifeste de la Destiné" (Manifest Destiny). La croyance selon laquelle le destin des Américains est de s'étendre vers l'Ouest, jusqu'au Pacifique. Le Parti du "Sol Libre" (Free Soil Party), un parti politique qui connaîtra une existance très courte (1848-1852), regroupant les anti-esclavagistes Démocrates et Whigs (dont Martin Van Buren et Charles Francis Adams), est farouchement opposé à toute expansion de l'esclavage sur ces nouveaux territoires. Les Whigs (Républicains), de leur côté, s'oppose au Manifeste de la Destiné et à toute expansion coloniale vers l'Ouest.


4. "Constructionisme Stricte" (Strict Constructionism). Tout comme les Jeffersoniens croyaient en leur temps aux Résolutions du Kentucky et de Virginie (1798-1799), Andrew Jackson est initialement favorable à un gouvernement national aux pouvoirs limités. Il met en garde les Américains contre "les atteintes à la sphère légitime de la souveraineté des Etats". Il n'est pas pour autant un farouche défenseur de cette souveraineté des Etats. En effet, pendant la "Crise d'Annulation" (Nullification Crisis de 1832), le président américain se bat contre ce qu'il perçoit comme des atteintes à la sphère d'influence du gouvernement fédéral. Cette crise sera résolue en 1833 grâce à une baisse des droits de douanes et marque la victoire de l'intérêt des Etats (surtout ceux du Sud agricole) sur le gouvernement national.

5. "Laissez-faire économique" (Laissez-faire Economics). Les Jacksoniens sont favorables à la politique de non-intervention du gouvernement fédéral dans le développement économique, par opposition aux Whigs, qui veulent sponsoriser les banques, le développement des industries, des chemins de fer et des voies de navigations, la croissance économique, etc.

6. "Système bancaire" (Banking). Les Jacksoniens sont farouchement opposés aux monopoles accordés par le gouvernement fédéral aux établissements bancaires, particulièrement à la Première Banque des Etats-Unis (First Bank of the United States), fondée en 1791 par Alexander Hamilton, et Veulent redéfinir la Charte de la Seconde Banque (Second Bank of the United States), créée en 1821. Par opposition aux Whigs Daniel Webster et Nicholas Biddle (président de la FBUS).

Ci-dessous: lithographie (1833) de Edward W. Clay, représentant Andrew Jackson en train de détruire la Seconde Banque des Etats-Unis.



2° "Piste des larmes".

En 1830, le Congrès vote la "Loi du Retrait Indien" (Indian Removal Act), qui autorise le président des Etats-Unis à négocier les traités avec les tribus indiennes dans les territoires situés à l'ouest du Mississippi.

En 1834, un "territoire spécial indien" est établit dans ce qui représente aujourd'hui la partie orientale de l'Oklahoma. Au total, les Amérindiens signeront 94 traités durant la présidence Jackson, cédant au gouvernement fédéral plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés de territoires.

La Nation Cherokee, qui regroupe également les Séminoles, Creeks, Chickasaws et les Choctaws, vivant en Caroline du Sud et en Géorgie depuis le Traité de 1791, est expulsée de ses terres après le "Traité de New Echota", signé le 29 novembre 1835 par des représentants du gouvernement fédéral et plusieurs membres d'une faction cherokee, et aux termes desquels les Indiens déplacés obtiennent des compensations financières.

Malgré les protestations des chefs de ces tribus, de la Court Suprême et d'une grande partie du Congrès, les Cherokees, Séminoles, Creeks et Choctaws sont forcés d'entamer une longue et cruelle marche vers le "territoire spécial indien" en Oklahoma. Sur ces 15,000 "relogés", environ 4,000 périront sur cette "piste des larmes" (Trail of Tears).



3° "Panique de 1837" et crise économique.

Andrew Jackson encourage Martin Van Buren comme successeur, pour les élections de 1836. Cependant, quelques mois après l'investiture de celui-ci, les Etats-Unis connaissent une grave crise économique, la "Panique de 1837", causée en grande partie par des spéculations excessives. Plusieurs grandes banques font faillite et les pertes d'emploi grimpent en flèche.

Bien que cette crise trouve racine dans la politique économique de Jackson, c'est Van Buren qui est rendu responsable de ce désastre. Aux élections de 1840, il est battu par le candidat des Whigs, William Henry Harrison, un ancien général de l'US Army vétéran de la Guerre contre les Britanniques (1812-1815).

William Harrison, devenu neuvième président des Etats-Unis, meurt cependant des suites d'une pneumonie, contractée le jour même de son investiture sous une pluie torrentielle, seulement après un mois. Son vice-président, John Tyler, lui succède.

"Président par accident" (His Accidency), comme on le surnomme, Tyler est fermement décidé à imposer ses propres idées. Si bien qu'il devient vite impopulaire et que son propre parti décide de l'exclure. Il devient donc un "président sans parti".

Ci-dessous: "Panic of 1837". Caricature du journal Times critiquant la politique d'Andrew Jackson.



L'"Age de la Réforme": bouleversements économiques, sociaux et religieux.

Influencés par le "Second Grand Réveil" (Second Great Awakening), les Américains entrent dans une période de profonds changements économiques, sociaux et religieux. De nouveaux mouvements et factions apparaissent, comme alternatives aux courants de pensée plus traditionnels. Un des aspects de cet "Age de la Réforme" est un accroissement sensible des religions, qui contrastent très fort avec l'anti-cléricalisme contemporain en Europe.

Tableau ci-dessous: Méthodisme, mouvement religieux dominant en 1839.



1° "Second Grand Réveil".

Le Second Grand Réveil (1) est un mouvement de renaissance protestant, qui voit l'apparition de nouvelles confessions et attirent des millions de nouveaux pratiquants. La plupart de ces convertis croient en un nouvel "Age Millénaire", ou l'apparition du "Paradis sur Terre", au cours de laquel le Christ reignera sur Terre pendant mille ans avant le Jugement Dernier. Et donc le Second Grand Réveil établit des mouvements de réforme pour "préparer" les croyants à la Nouvelle Venue du Christ.

Cette période contribue dans une large mesure à l'accroissement sensible des mouvements Baptistes, Méthodistes, Disciples et autres dénominations évangéliques.

L'"Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours" est fondée dans le Missouri en 1830, et se base sur le "Livre des Mormons" écrit par Joseph Smith. Elle se présente comme une Eglise révélée et dirigée par l'intermédiaire d'un prophète moderne (Smith), après qu'il eut été témoin d'une série de manifestations spirituelles telles que la Première Vision, et de douze Apôtres. Cette Eglise se considère comme le rétablissement de l'Eglise originelle du Christ. Dans cet Etat esclavagiste, les "Saints des derniers jours" (Mormons) sont surtout critiqués pour la pratique de la polygamie et leurs sentiments abolitionnistes.

Après la mort de Smith, en juin 1844, chassés d'abord du Missouri puis de l'Illinois, l'exode des Mormons s'effectue vers les Montagnes Rocheuses, où ils fondent dans le désert du "Grand Lac Salé" la ville de Salt Lake City, dans l'Utah. Depuis juillet 2010, l'Eglise des Mormons revendique quatorze millions d'adeptes dans le monde entier.


(1) Le "Grand Réveil" est un mouvement religieux protestants qui apparaît en Grande-Bretagne au milieu du 18ème siècle, et qui s'atténuera dans la décennie 1760-1770.


2° Mouvements anti-esclavagistes ou abolitionnistes.

A partir de 1800, un certain nombre de personnalités politiques américaines sont convaincues que l'esclavage des Noirs est immoral, et qu'il doit être par conséquent supprimé, les anciens esclaves retournant ensuite en Afrique.

La "Société de Colonisation Américaine" (American Colonization Society), ou plus exactement The Society for the Colonization of Free People of Color of America, est fondée en 1817 et officie aussi bien dans le Nord que dans le Sud des Etats-Unis. Elle essaie d'intégrer ses idées au sein de la population et fonde la "Colonie libre" du Liberia pour y rapatrier les esclaves. Parmi les dirigents les plus en vue de l'ACS, notons Henry Clay (Kentucky), membre de la Chambre des Représentants du Congrès puis Secrétaire d'Etat (1825-1829), et James Monroe (Virginie), qui donnera son nom à la capitale du Libéria, Monrovia. Cependant, après 1840, les abolitionnistes rejettent l'idée du rapatriement en Afrique.

L'idée de l'"abolition de l'esclavage" est surtout très présente parmi la population blanche protestante. Elle est basée sur les principes du Second Grand Reveil. L'évangéliste Theodore Weld (New York) milite pour une émancipation immédiate de tous les esclaves. William Lloyd Garrison (Massachussetts) fonde en 1831 The Liberator, un journal anti-esclavagiste de Boston.


Figure controversée, Garrison est souvent l'objet du mécontentement populaire. Son engagement pour les droits des femmes et leur entrée dans l'ACS provoque des remous et des divergences d'opinion au sein même de cette Société. Rejettant l'idée selon laquelle les droits des femmes et l'abolition de l'esclavage sont liés, Lewis Tappen quitte l'ACS et fonde son propre mouvement abolitionniste, la "Société anti-esclavagiste pour l'Amérique et l'Etranger" (American and Foreign Anti-Slavery Society). La plupart des militants abolitionnistes ne sont cependant pas aussi fanatique que Garrison.

Dans le Nord, les abolitionnistes ne font pas toujours face à des bons sentiments de la part de la population. Garrison l'extrêmiste va jusqu'à brûler en public une copie de la Constitution, en déclarant "ceci est une alliance avec la mort, un pacte avec le diable" (a covenant with death, a agreement with hell). Le 7 novembre 1837, il est à deux doigts de se faire lyncher, lorsque l'abolitionniste presbyterien Elyjah Parish Lovejoy est assassiné à Alton, dans l'Illinois.

Les violentes luttes internes entre esclavagistes et abolitionnistes se produisent même dans l'enceinte même des deux chambres du Congrès, à Washington DC, où des sévères réglements sont mis en place pour prévenir tout débat ou discussion sur cette question épineuse qui divise les Etats-Unis en deux camps.

Les afranchis, anciens esclaves et Free-Born ("Nés libres") afro-africains jouent également un rôle dans cette lutte d'influence. Certainement le plus célèbres d'entre-eux, Frederick Douglas est un esclave qui est parvenu en septembre 1838 à s'échapper du Maryland, et à gagner, caché dans un wagon de chemin de fer, Wilmington dans le Delaware, puis finalement d'atteindre New York. Il deviendra par la suite un célèbre écrivain et un diplomate en Grande-Bretagne et en Irlande.


Un autre fanatique blanc anti-esclavagiste, David Walker, publie An Appeal to the Colored Citizens of the World, livre dans lequel il appelle les Afro-Américains à se "soulever contre la tyrannie des Blancs".

Légalement, les Etats américains abolitionnistes (ou libres) et esclavagistes de l'Est sont séparés par une ligne de démarcation, la Ligne Mason-Dixon, du nom de deux géomètres britanniques du 18ème siècle: Charles Mason et Jeremiah Dixon.


Pour franchir cette frontière symbolique, des réseaux de passeurs clandestins, blancs ou noirs, sont constitués, ainsi que des voies de communications et des caches secrètes, pour aider, abriter ou recueillir les esclaves en fuite.

Photo ci-dessous: Harriet Tubman, un des membres de l'Underground Railroad, en 1850. Elle voyagera treize fois dans les Etats du Sud et permettra personnellement la fuite de 70 esclaves.



Nouvelle expansion à l'Ouest et guerre avec le Mexique (1836-1846).



1° Rebellion du Texas et siège de Fort Alamo (1835-1836).

Le Texas est un territoire administré par la Vice-Royauté de la Nouvelle-Espagne, jusqu'à ce que le Mexique ne s'émancipe de sa tutelle coloniale et devient indépendant, en 1821. Avant cette date, les Espagnols ont encouragé l'immigration sans restriction d'origine ou de religion. Après, les lois mexicaines se font plus restrictives: les immigrés sont forcés de pratiquer le catholicisme, déclaré seul et unique religion d'Etat, et d'apprendre l'espagnol.

Cette même année, Stephen F. Austin, un avocat du Missouri, forme avec 300 immigrants le premier groupe de colonisateurs anglo-américain à s'implanter au Texas, le long du fleuve Brazos. Ils sont surnommés "Trois Cents Anciens" (Old Three Hundreds).

Mais en 1823, l'empereur Augustin Ier abdique, et le nouveau gouvernement mexicain annule toutes les dispositions prises par son prédécesseur. Austin doit se rendre à Mexico pour obtenir une nouvelle autorisation de s'implanter au Texas, qui avait été accordé à son père avant l'indépendance du pays.

La nouvelle constitution mexicaine de 1824, inspirée de celle des Etats-Unis, fait du Mexique une République fédérale. Pour des raisons démographiques, l'"Etat du Texas" est regroupé avec l'Etat de Coahuila, ce qui donne naissance à l'"Etat de Coahuila y Tejas", avec un gouvernement dirigé par Luciano Garcia.

Bien que le Mexique soit un pays abolitionniste, une partie des colons américains possèdent des esclaves. Austin est nommé lieutenant-colonel de la Milice et obtient les pleins pouvoirs en matière de justice. Le 22 janvier 1824, il établit le premier "Code pénal, code criminel et code de procédure civil" anglo-saxon du Texas. Il créé également un groupe de dix hommes, surnommé "Ranger Company", dont la mission est de protéger les colons américains du Texas contre les attaques amérindiennes. Ce sont les précurseurs des célèbres Texas Rangers.

En 1825, le gouvernement mexicain charge le général Manuel Mier y Teran d'enquêter sur les colons texans: son rapport conclut que ceux-ci refusent de devenir citoyens mexicains et cherchent à vivre séparément des Mexicains. Il constate d'autre part que les lois relatives à l'esclavage ne sont toujours pas respectées. A cette date, le recensement de la colonie du Texas compte 1347 Anglo-Américains et 443 esclaves.

L'esclavage est officiellement aboli au Mexique en 1829. Le 6 avril 1830, le président Anastasio Bustamante menace le Texas d'une intervention militaire si l'esclavage n'y est pas aboli. Pour contourner cette décision, beaucoup de colons texans convertissent leurs esclaves en "domestiques sous contrat" (Indentured Servants) à vie.

En 1836, il reste encore environ 5,000 esclaves au Texas. Nombre d'entre-eux ont été importés illégalement des Antilles, de Cuba ou d'Afrique. Bustamante prend des mesures pour décourager la colonisation américaine. Il fait annuler les exemptions de taxes accordées aux immigrants. Il augmente les droits de douane sur les produits exporté par les Etats-Unis. Les lois réglementant l'installation des colons passent sous le contrôle de l'état fédéral. Les colonies de moins de 150 habitants sont dissoutes. Enfin, Bustamante interdit l'installation de nouveaux immigrants américains au Texas. Pourtant, ces mesures n'empêchent pas l'afflux d'Américains au Texas: de 7,000 vers 1830, leur nombre passe à 30,000 en 1834, contre seulement 7,800 Mexicains, les deux communautés se rejetant mutuellement.

Le Texas devient par ailleurs un enjeu géopolitique pour les Etats-Unis: les spéculateurs américains convoitent les immenses terres du Texas et pensent y faire fortune. Le gouvernement américain voit dans l'annexion du Texas un moyen de maintenir l'équilibre entre Etats esclavagistes et abolitionnistes.

En 1827, John Quincy Adams tente d'acheter le Texas pour un million de dollars, mais le président mexicain Guadalupe Victoria refuse son offre. Deux ans plus tard, Andrew Jackson propose de nouveau 5 millions de dollars, refusés par le président Vicente Guerrero.

En juillet 1829, le général espagnol Isidro Barradas débarque sur la côte orientale du Mexique avec 2,700 soldats afin de reprendre le pays. Austin est chargé d'organiser la défense du Texas, alors que le gouverneur du Yucatan, le général Antonio Lopez de Santa Anna, prend la tête des troupes mexicaines et arrête l'invasion espagnole. Pendant ce temps, le congrès mexicain donne au président Guerrero des pouvoirs exceptionnels, faisant de lui un dictateur, ce qui alarme les colons texans.

Tableau ci-dessous: général Antonio Lopez de Santa Anna.


Afin d'empêcher l'arrivée de nouveaux immigrants américains, les autorités mexicaines construisent des "Presidios" (forteresses) le long de la frontière avec les Etats-Unis. Le premier est érigé en 1831 sur le site de l'actuelle Anahuac, dans la baie de Galveston. D'autres suivent, comme le Fort Teran sur la Neches, Tenoxtitlan sur la rive occidentale du Brazos.

Anahuac est placé sous le commandement du colonel John Davis Bradburn. Ce dernier applique strictement les lois mexicaines sur l'immigration et l'esclavage, ce qui provoque la colère des colons texans. En 1831, il affranchit deux esclaves qui se sont enfuis de Louisiane. Leur propriétaire engage William B. Travis pour défendre sa cause. Bradburn le jète en prison, après quoi les Texans attaquent la garnison d'Anahuac pour le libérer, au cours de l'été 1832. Le 26 juin de cette année, les colons se heurtent aux Mexicains lors de la bataille de Velasco. Grâce à des renforts mexicains, la situation et l'ordre sont rapidement rétablis.

En 1832, Santa Anna fomente une insurrection contre le président Bustamante. Bien qu'une grande partie de l'armée mexicaine soutient ce dernier, la guerre civile ne peut être évitée. Un grand nombre de Texans se rangent du côté de Santa Anna et s'enrôlent dans l'armée du général José Antonio Mexia.

En octobre, 55 délégués du Texas forment la convention de 1832 à San Felipe et rédigent des pétitions pour le Congrès mexicain. Ils réclament l'abrogation des lois de colonisation et la reconnaissance du Texas comme province à part entière. Une seconde convention se tint l'année suivante en vue d'écrire une constitution pour le Texas. Elle est apportée à Santa Anna à Mexico par Austin, lequel est arrêté le 21 novembre 1833 pour trahison.

Le gouvernement mexicain fait des concessions aux Texans: l'article 11 des lois de colonisation est abrogé, ce qui permet à de nouveaux immigrants américains de s'installer au Texas. La province est divisé en trois départements: San Antonio-Bexar, Brazos et Nacogdoches. L'anglais est accepté comme deuxième langue. La capitale de l'état est transférée de Saltillo à Monclova en mars 1833. Mais lorsque le gouvernement fédéral mexicain instaure la centralisation, la guerre civile se rallume.

En 1835 éclate la révolution texane. Stephen F. Austin est nommé commandant en chef de la nouvelle armée texane. Le 30 juin, un groupe de colons sous la conduite de William B. Travis prend Anahuac et en expulse les Mexicains.

Le 2 octobre 1835, la bataille de Gonzales oppose les troupes texanes aux troupes mexicaines: elle est considérée comme la première bataille de la "Révolution texane". Dans les jours qui suivent, les insurgés battent l'armée mexicaine aux batailles de Goliad (10 octobre) et de Concepcion (28 octobre).

Les Texans affrontent de nouveau les Mexicains le 26 novembre 1835 à Grass Fight, puis assiégent la ville de San Antonio, défendue par le general Martin Perfecto avec 800 hommes. Ceux-ci capitulent le 11 décembre et doivent quitter le Texas.

Le 7 novembre 1835, les représentants des diverses colonies texanes se réunissent à San Felipe de Austin et déclarent vouloir défendre la constitution mexicaine de 1824. Ils mettent en place un gouvernement provisoire et élisent un parlement. Ils désignent Henry Smith gouverneur, et placent Samuel F. Houston à la tête de l'armée texane.

Santa Anna décide de mener une expédition punitive contre la "province rebelle". Il réunit environ 6,000 hommes à San Luis Potosi et progresse vers le nord à travers les déserts mexicains, au cours d'un hiver particulièrement rigoureux. Son armée perd des centaines de soldats, morts de froid ou de faim, puis arrive à San Antonio en février 1836.

Du 26 février au 6 mars 1936, il mène le siège de Fort Alamo, une ancienne mission voisine, où se sont retranchés 188 rebelles texans et quelques volontaires américains et mexicains. Les 2,400 Mexicains finissent par en venir à bout et s'emparent dans le fort. La bataille fait 180 tués du côté texan, dont les trois commandants de la garnison, les colonels William Travis, James Bowie et Davy Crockett. Le bilan est d'environ 600 tués du côté mexicain.


Les survivants capturés sont ensuite exécutés sur ordre de Santa Anna. Seuls 18 femmes et enfants et 2 hommes ont la vie sauve: l'esclave noir de Travis, considéré comme non combattant, et un déserteur mexicain, Brigido Guerrero, qui prétend être un prisonnier capturé par les Texans. La féroce répression de Santa Anna s'abat et l'armée mexicaine se livre à des pillages, qui ne font que renforcer les colons dans leur détermination. Les hommes tombés à Fort Alamo deviennent rapidement des martyrs, et les Texans souhaitent ardemment prendre leur revanche.

Durant le siège, le 2 mars, 59 délégués de la Convention de 1836 signent à Washington-on-the-Brazos une déclaration formelle d'indépendance du Texas. Après cet événement, Sam Houston reforme l'armée texane à Gonzales, mais doit battre en retraite devant les troupes de Santa Anna. Parallèlement à l'avancée de celui-ci, le général mexicain José de Urrea dévaste le Texas au printemps 1836: il prend San Patricio, puis le 2 mars remporte la bataille d'Agua Dulce Creek, durant laquelle James Grant et ses 36 Texans sont tués.

De son côté, le colonel James Fannin rassemble des hommes pour prendre Matamoros. Le 19 mars 1836, il quitte le presidio de La Bahia et cherche le contact avec Samuel Houston. Sur le chemin, les troupes mexicaines de Urrea encerclent les Texans de Fannin près de Coleto Creek. Ceux-ci se rendent après avoir obtenu l'assurance d'être bien traités, mais Santa Anna envoit l'ordre de tous les massacrer à Goliad le 27 mars.

Lorsque Houston apprend les défaites texanes du mois de mars, il décide de se retirer de Gonzales. En l'absence de moyens de transport et d'hommes en nombre suffisant, il se débarrasse de ses canons en les jetant dans la Guadalupe, incendie la ville et prend la direction du nord-est.

Les armées mexicaines pourchassent les Texans en retraite: les deux camps s'affrontent sur la rivière San Jacinto à Buffalo Bayou. Le 21 avril 1836, à la Bataille de San Jacinto, Sam Houston conduisit l'armée du Texas, environ 900 hommes, à la victoire contre une partie de l'armée mexicaine du général Santa Anna, qui est capturé peu après la bataille. Celui-ci doit signer les traités de Velasco le 14 mai 1836 établissant l'indépendance du Texas.

Santa Anna se présente devant le président américain à Washington DC pour garantir l'indépendance de la nouvelle République. Mais à Mexico, en son absence, il est relevé de ses fonctions, si bien que ses décisions ne sont pas reconnues par son pays. Samuel Houston devient le premier président de la République du Texas, qui est officiellement reconnue par le gouvernement américain en mars 1837, mais pas par celui du Mexique.

Carte ci-dessous: Mexique en 1836.



2° République du Texas (1836-1845).

Le "Premier Congrès de la République du Texas" se tient en octobre 1836 à Columbia (aujourd'hui West Columbia). Stephen F. Austin, considéré comme le "Père du Texas", meurt d'une pneumonie le 27 décembre 1836, à l'âge de 43 ans, après avoir servi deux mois en tant que Secrétaire d'Etat de la nouvelle république.

En 1836, cinq villes servent comme capitale texane: Washington-on-the-Brazos, Harrisburg, Galveston, Velasco et Columbia. Avant que le président Samuel Houston décide de regrouper son gouvernement à Houston, l'année suivante.

En 1839, le gouvernement déménage dans la nouvelle ville d'Austin, et Mirebeau B. Lamar devient le second président du Texas.

Ci-dessous: monument Mirabeau B. Lamar, à l'entrée de l'université Samuel F. Austin, à Nacogdoches (14 mai 2010).


La politique intérieure de la jeune république est dominée par la lutte entre deux factions. La faction nationaliste, menée par Mirabeau Bonaparte Lamar, milite pour préserver l'indépendance du Texazs, l'expulsion des Amérindiens et l'expansion du pays vers l'océan Pacifique. La faction rivale, dirigée par Samuel Houston, désire que le Texas soit intégrée dans l'Union, en tant que nouvel Etat, et se bat pour une coexistance pacifique avec les Amérindiens.

Le Mexique, de son côté, refuse toujours de reconnaitre l'indépendance de son ancienne province. Le 5 mars 1842, une force expéditionnaire de 500 hommes, menée par le brigadier-général Rafael Velasquez, envahit le Texas pour la première fois depuis la révolution. Il se retire cependant très vite derrière le Rio Grande, après avoir occupé brièvement San Antonio.

1,400 soldats mexicains commandés par le brigadier-général français Adrian Woll mènent une seconde attaque et s'empare de San Antonio le 11 septembre 1842. Une semaine plus tard, les miliciens du Texas sont victorieux à la bataille de Salado Creek, à 10km à l'est de la ville.

Cependant, le même jour, 54 Texans commandés par le major Nicholas Mosby Dawson sont battus par l'armée mexicaine et ses alliés Cherokees, durant le "Massacre de Dawson". Non sans avoir causé de lourdes pertes dans les rangs ennemis. Woll entame ensuite une retraite et abandonne San Antonio, avant de retraverser le Rio Grande.

Les incursions mexicaines fréquentes agravent encore le conflit interne entre les deux factions rivales. Particulièrement en 1841, au cours d'un affrontement connu comme "la guerre texane des Archives" (Texas Archives War). Pour "protéger" les Archives nationales, le troisième président texan, Samuel Houston, essaie de les faire transférer à l'extérieur d'Austin vers Houston. Ce qui n'est pas du goût de tous les habitants de la première ville, qui s'opposent à ce transfert et force les forces de l'ordre à faire demi-tour et à remettre les Archives en place.

Le Congrès du Texas réprimande sévèrement Houston pour cet "incident". Et cela renforce le status d'Austin comme siège du gouvernement de la république, et plus tard du futur Etat américain.

Le 28 février 1845, le Congrès américain votent une loi qui autorise les Etats-Unis à annexer la République du Texas. Le 1er mars, le dixième président américain (1841-1845), John Tyler, ratifie cette loi. La legislature fédérale fixe la date du 29 décembre 1845 pour l'annexion officielle. Face à cet acte, les ministres plénipotentiers britannique et français pour le Mexique, Charles Elliot et Alphonse de Saligny, se rendent à Mexico au nom de leur gouvernement respectif. Ils signent avec le Secrétaire d'Etat mexicain le "Diplomatic Act", dans lequel le Mexique propose de reconnaître l'indépendance du Texas, avec les frontières définies par les médiations britannique et française.

Le président texan Anson Jones (1844-1846) réplique à cette proposition en organisant une convention électorale spéciale et un référundum populaire à Austin. Une majorité de Texans se montrent favorables pour devenir Américains.

Le 13 octobre 1845, une large majorité d'électeurs du Texas approuvent donc la nouvelle loi américaine et ignorent la proposition mexicaine. La législature texane rédige une nouvelle constitution, où le Texas devient un Etat américain autorisant l'esclavage. Cette nouvelle constitution texane est acceptée par le Congrès américain des Etats-Unis, faisant du Texas, à la date butoir du 29 décembre 1845, le 26ème Etat de l'Union. C'est aujourd'hui le plus grand Etat américain en superficie (696 241 km²).


3° Guerre contre le Mexique (1846-1848).

La "Guerre Americano-Mexicaine" (Mexican-American War), surnommé plus familièrement Mexican War ou Mr. Polk's War par les Américains, et La guerra del 47 par les Mexicains, est un conflit qui a pour origine l'annexion du Texas par les Etats-Unis, fin décembre 1845. En complément du blocus naval contre les côtes mexicaines dans le Golfe et le Pacifique, l'US Army, commandée par le général Winfield Scott, entame une campagne terrestre de conquête et envahit le Mexique.

Suivant les préceptes du "Manifeste de la Destiné", le but du onzième président américain, James K. Polk, leader du Parti démocrate, est l'expansion territoriale des Etats-Unis vers l'océan Pacifique.

En juin 1845, Polk envoit le général Zachary Taylor au Texas, et en octobre suivant, 3,500 soldats américains s'installent sur les rives du Nueces, se préparant à défendre le Texas contre une invasion mexicaine. Polk donne également pour instruction à la flotille américaine du Pacifique de s'emparer des ports mexicains en Californie, en cas de déclaration de guerre.

Pour prévenir un second conflit simultané éventuel, il signe le Traité de l'Oregon, qui divise ce territoire en deux zones d'influence, séparées par le 49° Parallèle Nord, administrées par les Etats-Unis (au sud) et la Grande-Bretagne (au nord).

En février 1846, Polk envoit des troupes, commandées par Zachary Taylor, sur la rive nord du Rio Grande, pour faire pression sur le gouvernement mexicain. Il fait construire à l'embouchure du fleuve, face à la ville frontalière de Matamoros, une forteresse, Fort Texas/Fort Brown. Les troupes mexicaines locales, commandées par le général Mariano Arista, se préparent à la guerre.

Les hostilités débutent le 25 avril 1846, lorsqu'une force de 2,000 cavaliers mexicains attaque, entre le Rio Grande et le Nueces, une patrouille américaines de 70 soldats commandée par le capitaine Seth Thorntorn, tuant 16 d'entre-eux. C'est l'"Affaire Thornton", qui met le feu aux poudres.

Le 3 mai 1846, l'artillerie mexicaine de Matamoros ouvre le feu sur le fort Texas, qui riposte avec ses canons. Le bombardement mexicain, qui tue le commandant de la forteresse, le major Jacob Brown, dure cinq jours, puis les troupes terrestres de Mariano Arista encerclent et assiègent la garnison américaine. Le 9 mai, Zachary Taylor arrive avec des renforts. Arista doit lever le siège et retraverser le Rio Grande.

Polk créé un casus belli. Dans son discourt prononcé au Congrès le 11 mars 1846, il signifie que l'armée mexicaine a franchit délibérément la frontière des Etats-Unis, envahit le territoire national et tué des soldats américains. Le Congrès, avec le soutien massif des Démocrates et une opposition modérée des Whigs (dont Abraham Lincoln), vote la déclaration de guerre contre le Mexique deux jours plus tard.

Après cette déclaration de guerre formelle, l'US Army mène simultanément deux campagnes militaires de conquête contre le Mexique. En premier lieu, le Département de la Guerre envoit une force expéditionnaire de cavalerie, commandée par le major Stephen W. Kearny, pour envahir la Cote Ouest, depuis Fort Leavenworth, avec l'appui de la Flotille américaine du Pacifique, commandée par le commodore John D. Sloat.

Carte ci-dessous: opérations américaines contre le Mexique (1846-1848).


Sloat ordonne dès lors à ses forces navales d'occuper Yerba Buena (San Francisco) le 7 juillet 1846 et d'y hisser le drapeau américain. Le 15 juillet, Sloat cède le commandement à Robert Field Stockton, un chef plus agressif. Le 19 juillet, la guerre est officiellement déclarée. Les forces américaines prennent alors rapidement le contrôle de la Californie, en à peine quelques jours.

Le gouverneur mexicain fuit Los Angeles. Lorsque les Marines de Stockton entrent dans la ville le 13 août 1846, la conquête de la Californie semble complète et ne pas avoir coûté de vie. Stockton, cependant, laisse trop peu d'hommes dans la ville et les Californiens, de leur propre initiative et sans l'aide du Mexique, forcent la garnison américaine à se retirer vers la fin du mois de septembre. Les renforts envoyés par Stockton sont repoussés au cours d'une petite bataille à San Pedro.

Finalement, les forces de Stockton et de Kearny entrent à Los Angeles sans résistance le 10 janvier 1847. Trois jours plus tard, la "Capitulation de Cahuenga" voit la reddition du dernier groupe armé de Californiens, à Fremont. La "Révolte californienne" est ainsi terminée.

En second lieu, deux forces séparées américaines, commandées par les généraux John Ellis Wool et Zachary Taylor, reçoivent l'ordre d'envahir le nord-est du Mexique. La déclaration de guerre américaine cause un certain émoi à Mexico, et le général Antonio Lopez de Santa Anna, en exil à Cuba, en profite pour relancer sa carrière politique. Il promet aux Américains de négocier la paix s'ils le laissent franchir le blocus naval. Cependant, dès son arrivée au Mexique, il renie sa parole et offre ses compétences à l'armée mexicaine. Une fois nommé général à la tête de l'armée, il se parjure une seconde fois en fomentant un coup d'Etat contre son propre gouvernement, et prend le pouvoir.

Une force expéditionnaire de 2,300 Américains commandée par Taylor franchit le Rio Grande, bat l'armée mexicaine à Palo Alto, occupe Matamoros et entame le siège de Monterrey. La sanglante bataille de Monterrey (21-23 septembre 1846) cause de lourdes pertes des deux côtés. L'artillerie légère américaine se montre inefficace contre les fortifications de la ville. la garnison mexicaine, commandée par le général Pedro de Ampudia, repousse l'infanterie américaine vers Fort Teneria.


A l'issue de cette bataille, Taylor autorise la garnison mexicaine assiégée à évacuer Monterrey, en échange d'un armistice de 8 semaines et de la reddition de la ville. Mais sous la pression du Département de la Guerre, il rompt ses engagements et occupe la localité de Saltillo, au sud de Monterey. Santa Anna le limoge pour la perte des deux villes, et le rétrograde à la tête d'un petit bataillon d'artillerie.

Une armée mexicaine de 20,000 hommes, commandée par Santa Anna en personne, quitte San Luis Potosi et prend la direction du Nord pour se mesurer aux troupes de Taylor. Celui-ci s'est retranché sur une hauteur, près de l'hacienda de Buena Vista, avec 4750 hommes. Dans sa progression, Santa Anna doit faire face à de nombreuses désertions, et finalement arrive à Buena Vista le 21 février 1847, avec 16,000 hommes épuisés.

Il exige et se voit refuser la reddition des Américains le soir de son arrivée, puis attaque le matin suivant. Santa Anna attaque sur son flanc gauche la position américaine avec la division de cavalerie Juvera et quelques fantassins sur le terrain escarpé sur l'un des côtés du col, tandis qu'une division d'infanterie attaque de front sur la route menant à Buena Vista.

Il s'ensuit une furieuse bataille durant laquelle les Américains sont sur le point de succomber, mais sont sauvés in-extremis par les tirs d'artillerie du capitaine Braxton Bragg, et grâce à la charge des cavaliers du Mississippi Riflemen, sous les ordres du major Jefferson F. Davis. Ayant subi de très fortes pertes, Santa Anna se retire durant la nuit vers le sud et Mexico, laissant à Taylor le contrôle du nord du Mexique. Taylor utilisera plus tard la bataille de Buena Vista comme pièce maîtresse de sa victorieuse campagne présidentielle de 1848.


Plutôt que de renforcer l'armée de Taylor afin de poursuivre son avance, Polk envoie un second Corps expéditionnaire commandé par le général Winfield Scott en personne, qui arrive par la mer au port de Veracruz, afin d'envahir le coeur du Mexique et d'avancer vers la capitale ennemie. Polk ne croit plus en Taylor qui, il le sent bien, a fait montre d'incompétence lors de la bataille de Monterrey en acceptant un armistice.

Le 9 mars 1847, Scott effectue le premier débarquement amphibie de l'histoire des Etats-Unis afin d'entreprendre le siège de Veracruz. Un groupe de 12000 volontaires et de troupes régulières déchargent munitions, vivres et chevaux près de la cité fortifiée. Dans ces troupes, on trouve des West-Pointeur comme Robert E. Lee, Ulysse S. Grant, George G. Meade et Thomas J. Jackson, qui deviendront bientôt célèbres.

La ville est défendue par le brigadier-général Juan Morales, à la tête de 3,400 hommes. Mortiers et canons de marine, sous les ordres du Commodore Matthew C. Perry, sont utilisés pour détruire les fortifications de la ville et harasser ses défenseurs. La cité répond de son mieux avec sa propre artillerie.

L'artillerie navale américaine contribue largement à la reddition des Mexicains, face à des troupes très supérieures en nombre. Après un cessez-le-feu établi le 25 mars, la ville se rend officiellement le 29 mars 1847. Les Américains déplorent 80 victimes, alors que du côté mexicain les pertes s'élèvent à environ 180 morts et blessés, dont la moitié sont des civils. Durant le siège, du côté américain, des hommes commencent à tomber, victimes de la fièvre jaune.

Scott marche alors vers l'ouest, en direction de Mexico avec 8,500 hommes en bonne santé, alors que Santa Anna prépare une position défensive dans un canyon le long de la route, à mi-chemin de Mexico, près du hameau de Cerro Gordo. Santa Anna y a masser 12,000 hommes et de l'artillerie dans des tranchées sur la route où il espère voir apparaître Scott. Cependant le 18 avril Scott a envoyé en éclaireur une troupe de 2,600 Dragons et le tir prématuré de l'artillerie mexicaine révèle la position mexicaine.

Plutôt que de suivre la route, les troupes de Scott passe donc à travers un terrain escarpé vers le nord où elles installent l'artillerie sur les hauteurs et attaquent les Mexicains par leur flanc. Santa Anna et ses troupes ne se sont pas préparées à une telle éventualité, l'armée mexicaine est en déroute. Les Américains comptent 400 victimes, alors que les pertes mexicaines s'établissent à plus de 1,000 tués et blessés, et plus de 3,000 prisonniers capturés.

En mai 1847, Scott pousse vers Puebla, à cette époque la seconde plus grande ville du Mexique, qui capitule pratiquement sans combattre le 15 mai, ses habitants étant hostiles à Santa Anna.

Dans la seconde partie du mois d'août, les troupes américaines reprennent leur progression vers Mexico, à San Antonio. Elles se retrouvent face à une position fortifiée où les attend Santa Anna avec environ 20,000 hommes. Elles affrontent les troupes de Nicolas Bravo lors de la sanglante bataille du chateau de Chapultepec, les 12 et 13 septembre. Ensuite, le 14 septembre 1847, la capitale s'offre à eux, sans plus de résistance, mais durant trois jours, il y a eu des soulèvements.

Le 17 septembre 1847, le général Santa Anna hisse le drapeau blanc et s'avoue vaincu. Winfield Scott devient le plus célèbre héros américain de cette guerre. Les faits d'armes des Marines US durant cette bataille sont immortalisés dans les premiers vers de leur hymne de marche: "From the Halls of Montezuma..." Pour commémorer la bataille de Chapultepec, ceux-ci reçoivent une bande rouge, les "Blood Strips", sur la couture de leur uniforme bleu de cérémonie, en hommage.

Ci-dessous: entrée des troupes américaines dans Mexico, le 14 septembre 1847.


Par le traité de Guadeloupe Hidalgo signé le 2 février 1848, le Mexique cède aux Etats-Unis le Texas, la Californie, l'Utah, le Nevada, le Colorado, le Wyoming, la plus grande partie du Nouveau-Mexique, et l'Arizona, au total 1.3 million de km², soit la moitié de leur territoire, pour 15 millions de dollars de l'époque, environ 600 millions de dollars de l'an 2000. Ce traité, très humiliants pour le Mexique, met fin aux hostilités.

13,000 soldats américains sont morts durant ce conflit, dont seulement 1,700 au combat, le reste de maladies diverses ou des suites de leurs blessures. Du côté mexicain, les pertes sont estimées à environ 25,000 tués. Les généraux Antonio de Santa Anna et Nicolas Bravo sont prisonniers de guerre.

Santa Anna repart en exil à Cuba, puis finalement aux Etats-Unis. En 1869, à l'âge de 74 ans, il s'installe à Staten Island, dans l'Etat de New York. En 1874, il bénéficie d'une amnistie générale des autorités mexicaines et retourne vivre à Mexico, où il s'éteint le 21 juin 1876.

Nombre des généraux qui combattront lors de la future Guerre de Secession ont fait leurs premières armes lors de ce conflit. Parmi eux Ulysse S. Grant, William T. Sherman, George B. McClellan, Ambrose E. Burnside, Thomas "Stonewall" Jackson, James E. Longstreet, George G. Meade, Robert E. Lee, Braxton Bragg, et le futur président confédéré, Jefferson F. Davis.



Heritage de la Conquête de l'Ouest aujourd'hui.





Article modifié le 16 juin 2015.


Sources principales:
Histoire des Etats-Unis (1789-1849) (Wikipedia.org)

Guerre sur le front soviétique - Armée Rouge en juin 1941

Lorsque l'Allemagne déclenche l'opération Barbarossa, le 22 juin 1941, les forces terrestres de l'Armée Rouge comptent, tous théâtre d'opération confondus, 303 divisions et 22 brigades autonomes, avec un effectif total de 4.8 millions d'hommes, et 5.8 millions si l'on tient compte des réservistes. L'aviation VVS et la défense aérienne PVO comptent dans leurs rangs 11 540 avions.



Armée Rouge au cours de la "Grande Guerre Patriotique".

La conscription militaire soviétique, partielle, est instaurée depuis le 1er septembre 1939. Sa durée est très longue: trois ans dans l'infanterie et l'aviation, cinq ans dans la marine. Le 22 juin 1941, l'Armée Rouge compte, tous théâtres d'opération confondus, 303 divisions (contre 181 divisions pour l'Axe) et 22 brigades indépendantes (18), avec un effectif total d'environ 4.8 millions d'hommes (3.9 millions), 5.8 millions si l'on compte les réservistes.

Le long des frontières occidentales, du cercle arctique à la Mer Noire, les forces terrestres allignent 166 divisions, soit 103 divisions de fusiliers, 6 divisions de cavalerie, 38 divisions de chars et 19 divisions mécanisées, ainsi que 9 brigades indépendantes, avec un effectif de 2.9 millions d'hommes, 15 700 chars (4 200 pour l'Axe), 59 790 pièces d'artillerie et mortiers (42 600). Elles sont articulées en cinq districts militaires (ou "Fronts"), l'équivalent dans les armées occidentales d'un Groupe d'armées. L'aviation soviétique (VVS et PVO), de son côté, compte 11 540 avions (4 400).

L'état d'impréparation de l'Armée Rouge, la médiocrité des officiers inexpérimentés (due aux purges staliniennes) et une réorganisation incomplète au moment de l'attaque allemande provoquent des pertes catastrophiques au cours des premiers mois de l'opération Barbarossa. La qualité des militaires penche nettement du côté de la Wehrmacht, bien que celle-ci soit en infériorité numérique.

A partir de 1942, une nouvelle génération d'officiers plus compétents (Joukov, Koniev, Tolbouckhine, Malinovski, Rokossovskii, Chuikov) voit le jour, tirant les enseignements des défaites soviétiques. Au cours des batailles de Moscou, de Stalingrad et de Koursk, ainsi que durant les opérations Bagration et Berlin, leurs actions seront décisives.

En août 1940, pour encourager l'initiative et la prise de décision des généraux de l'Armée Rouge, Joseph Staline supprime temporairement la fonction de commissaires politiques, instituée par lui-même le 10 mai 1937, et réintroduit le titre des unités "de la Garde", pour récompenser des unités d'élite ayant mené une action héroïque exceptionnelle, ainsi que la promotion des grades et des décorations militaires de l'ancienne époque tzariste.

Parallèlement, le système répressif est également renforcé. Les cas de désobéissance, d'auto-mutilation, de désertion ou de vol sont sévèrement réprimés, soit par la rétrogradation et/ou des sévices corporels, soit fusillés sommairement sans procès par le NKVD. Les fautifs se retrouveront bien souvent en unité disciplinaire.

En 1942, Staline établit le système des "bataillons disciplinaires", composés de déserteurs, de criminels et d'anciens prisonniers de guerre libérés. La durée maximale de service dans ces unités ne dépasse pas trois mois, et les tâches habituelles auxquelles elles sont assignées le plus souvent sont le nettoyage et le déminage des champs de mines ennemis, ou bien des obus et bombes non explosés.

Selon le code de justice militaire soviétique, les soldats capturés par les Allemands sont considérés commes "traitres à la patrie". Ceux-ci, après avoir enduré la captivité (certains pendant quatre longues années), se retrouvent bien souvent au goulag ou en bataillon disciplinaire, avec un traitement guère plus enviable.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Armée Rouge incorpore dans ses rangs 29 574 900 soldats, qui viennent s'ajouter aux 4 826 907 en service le 22 juin 1941. Sur le total de 34 401 807, elle perdra 6 329 600 tués au combat, 555 400 morts par maladies ou par blessures, et 4 559 000 disparus (la plupart capturés). Sur ces 11 414 000 pertes, cependant, 939 700 qui opèrent derrière les lignes ennemies, rejoindront les territoires libérés au fur et à mesure de l'avance soviétique, et 1 836 000 autres seront rapatriés des camps nazis à la fin du conflit.

Le nombre final de tués militaires, au cours de la Grande Guerre Patriotique (1941-1945), s'élève donc à 8 668 400, dont 2.6 millions de prisonniers morts en captivité, et 400 000 tués au cours des opérations de luttes anti-partisanes par la Wehrmacht ou les SS. La majorité de ces pertes, en excluant les prisonniers, est composé de Russes (5 756 000), suivis par les Ukrainiens (1 337 400).

Pour terminer, environ 8 millions de soldats soviétiques, sur les 34.4 millions incorporés au cours de la guerre, appartiennent à des ethnies ou des minorités non-slaves, et ceux-ci formeront au moins 45 divisions entre 1941 et 1943.

Comparativement, les pertes allemandes sur le front de l'Est sont estimées à 3 604 800 tués au combat. A cela viennent s'ajouter 900 000 germanophones ou Autrichiens vivant à l'extérieur des frontières du Reich fixées en 1937. Ainsi que 3 576 300 hommes capturés par les Soviétiques. Soit un total final des pertes s'élevant à 8 081 000.

Le traitement (peu enviable) des prisonniers de guerre est assez identique des deux côtés. Cependant, 3.6 millions de prisonniers soviétiques (sur 4.6 millions) mourront en captivité, alors qu'ils ne sont que 300 000 (sur 3.57 millions) du côté allemand.



Matériel, uniforme et grade de l'Armée Rouge.

1° Chars.

Les usines russes, avec les programmes d'industrialisation lancés par Joseph Staline durant les années vingt et trentes, ont produit une série de type de chars très diversifiés.

D'abord le blindé léger T-26, utilisé principalement comme véhicule de reconnaissance par les unités d'infanterie ou de cavalerie. Copié sur le Vickers E 6-Tons britannique, il bénéficie d'une vitesse sur route de 31.1km/h et d'une autonomie, sur route également, de 220-240km (Model 1932). Il est servi par un équipage de trois personnes: un chef de char, d'un canonnier et d'un conducteur.

Le modèle de base 1931 est équipé de deux tourelles et deux mitrailleuses DT de 7.62mm, chacune alimentée par 3528, et a une masse de 8.1 tonnes. Le modèle 1932 et les variantes suivantes disposent d'une tourelle équipée d'un canon de 45mm, alimenté par un magazin de 222 obus, et une mitrailleuse co-axiale DT de 7.62mm. Le modèle 1933 est en plus équipé d'une radio et d'une mitrailleuse DT 7.62mm (optionnelle) anti-aérienne supplémentaire. Les dernières variantes seront dotés d'un blindage plus épais et de réservoirs de carburant de plus grandes dimensions.

Au total, 10 117 exemplaires des modèles de base 1931, 1932 et 1933, sortiront de l'Usine de Tracteurs (Stalingrad) et de l'usine K.E. Vorochilov (Léningrad).

Photo ci-dessous: T-26 Model 1933, avec tourelle unique cylindrique, un canon de 45mm et une mitrailleuse coaxiale de 7.62mm.


Viennent ensuite les chars légers de la famille BT, équipés d'une suspension américaine développée par Walther Christie. Sortiront des usines KhPZ (Kharkov) les types BT-2 Model 1932 avec un canon de 37mm et une mitrailleuses DT de 7.62mm, BT-3, similaire au BT-2 mais construit avec le système métrique international (au lieu du système impérial anglais) (620 exemplaires BT-2/BT-3), BT-5 Model 1933, équipé d'une tourelle cylindrique plus large, avec un canon de 45mm et une mitrailleuse de 7.62mm (2 108 exemplaires), et enfin BT-7 Model 1935, avec une caisse redessinée.

Plusieurs sous-variantes diverses (BT-5Pkh, BT-5A, PT-1A, BT-7TU, BT-7A et BT-7M) seront également assemblées. Le BT-7M est équipé d'un canon 45mm Model 1938 alimenté par un magazin de 146 obus, de trois mitrailleuses DT de 7.62mm et d'un moteur V2 de 450 chevaux, lui donnant une vitesse maximale de 86km/h et une autonomie de 700km sur route. Il a une masse de 14.7 tonnes et est principalement destiné aux unités de cavalerie.

Photo ci-dessous: char de cavalerie BT-7M en 1940.


Les Soviétiques développent également le char moyen (28 tonnes) T-28, équipé d'un armement lourd (canon de 76.2mm et 70 obus), et le char lourd (45 tonnes) avec un armement principal (canon de 76.2mm) et secondaire (2 canons de 45mm, 5 ou 6 mitrailleuses DT de 7.62mm). Tous deux sont équipés de tourelles multiples d'origine britannique Vickers A1E1 Independent. Le premier est produit à un total de 503 exemplaires, et le second à 61 exemplaires.



Le char soviétique de la Seconde Guerre mondiale est sans conteste le T-34. Fabriqué par l'Usine de Tracteur de Stalingrad et l'usine Kirovski de Léningrad de 1940 à 1958. Développé à partir des chars rapides BT-5 et BT-6, il se décline en de nombreuses variantes.

Les premières versions sont le T-34/76A Model 1940, équipé d'un canon L-11 de 76.2mm (76 obus), T-34/76B Model 1941, avec un canon F-34 de 76.2mm (77 obus) et un blindage lourd renforcé, T-34/76C Model 1942, avec un réservoir de plus grande dimension (610 litres au lieu de 460 litres), et T-34/76D Model 1943, avec un F-34 (100 obus), un réservoir de 790 litres et un blindage encore plus épais.

Viennent ensuite le T-34/85 Model 1943, équipé d'un canon DT-5T de 85mm (60 obus), et le T-34/85 Model 1944 (ou T-44), avec un ZIS-S-53 de même calibre (58). Parmi les variantes spécialisées, notons les SU-85, SU-100 et SU-122, équipés d'un obusier de 122mm, elles servent au sein des unités d'artillerie.

Le T-34, équipé d'une suspension américaine Chrystie et servi par un équipage de quatre personnes (T-34/85), sera fabriqué à un total de 84 070 exemplaires, pendant dix-huit ans. Il a équipé des dizaines de forces armées étrangères dans le monde entier (40 pays), 27 d'entre-eux l'utilisant encore de nos jours! (Albanie, Bulgarie, Roumanie, Serbie, Afghanistan, Libye, Mongolie, Corée du Nord, Syrie, Egypte, Vietnam, etc.)

Photos ci-dessous: 1° modèle d'origine T-34/76A de 1940. 2° T-37 (T-34 yougoslave) employé par l'armée serbe en Bosnie, au cours de l'opération Joint Endeavour (28 février 1996).



Les chars lourds Kliment Vorochilov KV-1 et KV-2 sont connus pour leur blindage extrêmement épais. Les KV-2 serviront en tant de "canon d'assaut autopropulsé", et seront remplacés par les Joseph Staline JS-1 et JS-2 dans les derniers mois de la guerre. Tout comme les BT-7 et T-34, outre les versions de base, les KV se déclinent en plusieurs sous-variantes spécialisées.

Le KV-1 Model 1939 dispose d'un canon F-34 de 76.2mm et de trois ou quatre mitrailleuses DT de 7.62mm. Il affiche une vitesse maximale de 35km/h et une autonomie de 335km/h sur route. Il est servi par un équipage de cinq personnes. 5219 exemplaires au total sortiront des usines Tantograd de Chelyabinsk, dans l'Oural.

Le KV-2 dispose d'un obusier M10 de 152mm et de trois mitrailleuses DT de 7.62mm. Il dispose d'une vitesse maximale de 25.6km/h et d'une autonomie de 140km sur route. Il est servi par un équipage de six personnes. 255 exemplaires seront assemblés par les usines Kirov LKZ de Léningrad.

Photo ci-dessous: 1° KV-1 Model 1939 (capturé par les Finlandais). 2° KV-2 capturé et inspecté par les Allemands en juin-juillet 1941.




2° Artillerie de campagne.

L'obusier tracté M1937 (ML-20) est un obusier soviétique développé par le bureau d'étude de Fyodor F. Petrov au cours des années trentes. C'est une version améliorée du M1910/34 de Schneider de l'avant-PGM. Il entre en production de 1937 jusqu'à 1946, 6 884 exemplaires étant construits. Le ML-20 servira encore dans de nombreux conflits durant la seconde moitié du 20ème siècle. Avec un calibre de 152mm, il dispose d'une cadence de tir de trois à quatre coups/min, et d'une portée maximale de 17.23km.


L'obusier tracté M1931/37 a été développé à la fin des années trentes, en combinant le canon de 122mm M1931 (A-19) avec l'affût du M1937 (ML-20). La production débute en 1939 et se poursuivra jusqu'en 1946, 2 450 exemplaires atant été assemblés. Il restera en service encore de nombreuses années après la Seconde Guerre mondiale. Sa cadence de tir est de trois ou quatre coups/min, et sa portée maximale de 20.4km.



L'obusier tracté M1910/34 est une version améliorée du M1910/30, lui-même inspiré du Schneider M1910 français de la Première Guerre mondiale. il combine le canon du M1910/30 avec l'affût du M1931/37. La production débute en 1934 et se termine en 1937, avec 275 exemplaires construits. Doté d'un calibre de 152mm et équipé de freins de recul hydro-pneumatiques, il affiche une cadence de tir de trois ou quatre coups/min, et une portée maximale de 17 265 mètres.


Le M1935 (Br-2) est un obusier de 152mm montée sur un affût chenillé. Sa production limitée à 37 exemplaires débute dans l'usine Barricade de Stalingrad à la fin des années trentes. Sa cadence de tir est d'un coup toutes les deux minutes. Une variante montée sur un affût avec roue, le Br-2M, sera utilisé jusqu'aux années septantes. Le B-30 est une variante montée sur l'affût du M1931 (B-4).



3° Armes individuelles, pistolets de service et mitrailleuses lourdes.

L'infanterie soviétique a utilisé au cours de la Seconde Guerre mondiale, comme arme individuelle, le fusil Mosin-Nagent Model 1891/30. La version de base de cette arme remonte à 1891, et est inspiré du fusil cal .30 (7.62mm) conçu en 1889 par le Belge Leon Nagant. C'est grâce aux effort du capitaine Sergei Ivanovich Mosin, de l'armée impérial du Tzar, que des essais furent menés, et les résultats étant concluant, la production commença en grand nombre. C'était le point de départ d'une longue lignée de fusil d'infanterie, qui servira jusqu'en 1945.


A partir de novembre 1941, commence à entrer en service la mitraillette PPSh-41. Au cours des cinq mois suivants, 155 000 exemplaires de cette arme seront produits. D'un calibre de 7.62mm, il peut être équipé d'un chargeur tambour (ou "camembert") caractéristique, d'une capacité de 71 cartouches. Sa cadence de tir atteint 900 coups/minutes. Dans son ultime variante semi-automatique, développé pour l'armée allemande sous la désignation SKL-41, elle continue d'être produite de nos jours. Jusqu'aujourd'hui, plus de six millions d'exemplaires ont été assemblés, par la Russie, la Chine, le Vietnam et la Corée du Nord.

Photo ci-dessous: fantassin soviétique équipé d'une PPSh-41 et escortant un prisonnier allemand à Stalingrad.


En juillet 1939, le fusil semi-automatique Tokarev SVT-40 commence à entrer en production à l'Arsenel de Toula, doté d'un calibre de 7.62mm et d'un chargeur détachable à 10 coups. 1.6 million d'exemplaires sont produits jusqu'à la fin 1942.


Les officiers, de leur côté, ont des pistolet automatique Tokarev TT-33, copié sur le FN Model 1903, calibre 7.62mm et chargeur 8 coups, comme arme de poing.


Le Degtyaryova Pekhotny DP est une mitrailleuse légère de calibre 7.62mm. Construit à partir de 1928, ses ultimes variantes continuent d'être produites de nos jours. Jusqu'ici, 795000 exemplaires en ont été assemblés.


Comme mitrailleuses moyennes et lourdes, l'infanterie soviétique dispose de Degtyaryov DS-39, avec un calibre de 7.62mm, des magazins de 250 cartouches, une cadence de tir de 600 à 1 200 coups/min, la production s'arrêtant en juin 1941 après 10000 exemplaires, et de Degtyaryova-Shpagina Krupnokaliberny DShK, produit de 1938 à nos jours, avec un calibre de 12.7mm, des magazins de 50 cartouches, une cadence de tir de 600 coups/minutes.




Organisation et structures de l'Armée Rouge.

1° District Militaire ou Fronts.

Dans l'Union Soviétique des années trentes, un "District Militaire", ou Voyenny Okrug (VO) est une division administrative et géographique du territoire national. Ce système est utilisé pour assurer une gestion plus efficace des unités militaires, de leur formation et de l'entrainement, de leur approvisionnement en fournitures et équipement, de leur déploiement en zone de guerre. Ils sont l'équivalent dans les armées occidentales des Groupes d'Armées.

Leur nombre varie constamment en fonction des circonstances et de l'évolution de l'Armée Rouge au cours de l'entre-deux-guerres. Au début de la Grande Guerre Patriotique, ils sont au nombre de 17.

- District Militaire de Léningrad (LVO). QG. Léningrad. Lieutenant-Général Markov M. Popov.
- District Militaire de la Baltique (PribVO). QG Riga. Lieutenant-Général Fedor I. Kuznetsov.
- District Militaire de l'Ouest (ZapOVO). QG. Minsk. Général Dimitri G. Pavlov.
- District Militaire de Kiev (KOVO). QG Kiev. Lieutenant-Général Mikhail P. Kirponos.
- District Militaire d'Odessa (OdVO). QG Odessa. Lieutenant-Général Iakov T. Cherevichenko.
- District Militaire de Transcaucasie (ZakVO). QG Tbilisi. Lieutenant-Général Dimitri T. Kozlov.
- District Militaire d'Arkhangelsk (ArkhVO). QG Arkhangelsk. Lieutenant-Général Vasilii I. Kachalov.
- District Militaire de Kharkov (KhVO). QG Kharkov. Lieutenant-Général Andrei K. Smirnov.
- District Militaire de Moscou (MVO). QG Moscou. Lieutenant-Général Ivan V. Tiulenev.
- District Militaire du Nord-Caucase (SKVO). QG. Rostov-sur-le-Don. Lieutenant-Général Ivan S. Koniev.
- District Militaire d'Orel (OrVO). QG Orel. Major-Général Fedor N. Remizov.
- District Militaire de la Volga (PriVO). QG Samara. Lieutenant-Général Vasilii F. Gerasimenko.
- District Militaire de Centre-Asie (SAVO). QG Samarkand. Major-Général Sergei G. Trofimenko.
- District Militaire de Transbaïkalie (ZabVO). QG. Chita. Lieutenant-Général Pavel A. Kurochkin.
- District Militaire de l'Oural (UrVO). QG. Yekaterinburg. Lieutenant-Général A. Filipp A. Ershakov.
- District Militaire de Sibérie (SibVO). QG Novosibirsk. Lieutenant-Général Stepan A. Kalinin.
- District Militaire d'Extrême-Orient. QG Khabarovsk. Général Iosif R. Apanasenko.

Durant le conflit, les 17 Districts Militaires seront encore regroupés en régions géographiques, pour des raisons logistiques.

- Districts Militaires du Nord et du Nord-Ouest.
- Districts Militaires du Centre et de l'Ouest.
- Districts Militaires du Sud et du Sud-Ouest.
- Districts Militaires de Sibérie et de Centre-Asie.
- Districts Militaires d'Extrême-Orient.

Dans l'immédiat après-guerre, pour faciliter la démobilisation des troupes, le nombre de districts militaires augmentera jusqu'à 33. Mais en octobre 1946, ils sera réduit à 21.

Après la dissolution de l'Union Soviétique, en 1992, six Districts Militaires seront maintenus dans la Fédération de Russie.

- District Militaire de Moscou.
- District Militaire de Léningrad.
- District Militaire du Nord-Caucase.
- District Militaire de la Volga-Oural.
- District Militaire de Sibérie.
- District Militaire d'Extrême-Orient.

Un Front est une organisation militaire majeure de l'Armée Rouge pendant la Seconde Guerre mondiale. Une distinction importante et intéressante entre les Fronts soviétiques et les Groupes d'Armées occidentaux, est que les Fronts disposent de leur propres aviation militaire: les armées aériennes soviétiques sont directement subordonnées aux commandants des Fronts.

Durant la Seconde Guerre mondiale et la Guerre, les Fronts et leurs état-major seront intégrés dans divers Districts Militaires.

Liste des Fronts soviétiques au cours de la Seconde Guerre mondiale. Leur nombre et leur effectifs varieront constament, en fonction des besoins et des circonstances.

• Fronts de la Baltique:

- 1er Front de la Baltique. Formé en octobre-décembre 1943 à partir du Front de Kalinin.
- 2ème Front de la Baltique. Formé le 10 octobre 1943 à partir du Front de Bryansk.
- 3ème Front de la Baltique.

• Front de Bryansk. Créé le 18 décembre 1941, en prenant les secteurs compris entre les Districts Militaires de l'Ouest et du Sud-Ouest. Dissous le 12 mars 1943. Reformé le 28 mars 1943, puis redissous le 10 octobre 1943, les forces réparties entre le 1er Front de Biélorussie et le 3ème Front d'Ukraine.

• Fronts de Biélorussie:

- 1er Front de Biélorussie. Formé le 20 octobre 1943 à partir du Front Central.
- 2ème Front de Biélorussie. Formé en février 1944.
- 3ème Front de Biélorussie. Formé le 24 avril 1944.

• Front du Caucase. Créé le 30 décembre 1941. Dissous le 28 janvier 1942, ses forces sont réparties entre le nouveau Front de Crimée et le Front (rétabli) de Transcaucasie.

• Front Central. Créé le 24 juillet 1941. Renommé 1er Front de Biélorussie le 20 octobre 1943.

• Front de Crimée. Créé en janvier 1942.

• Front du Don.

• Fronts d'Extrême-Orient:

- 1er Front d'Extrême-Orient. Créé le 28 juin 1938.

- 2ème Front d'Extrême-Orient. Créé le 5 août 1945 et dissous le 1er octobre 1945.

• Front de Kalinin. Créé le 17 octobre 1941. Renommé 1er Front de la Baltique en octobre-décembre 1943.

• Front de Carelie. Créé le 23 août 1941, avec le Front de Léningrad, à partir du Front du Nord.

• Front de Koursk.

• Front de Léningrad. Créé le 23 août 1941, avec le Front de Carélie, à partir du Front du Nord.

• Front (Réserve) de Moscou.

• Front du Nord-Caucase. Redésigné Front de la Mer Noire le 1er septembre 1942.

• Front du Nord. Formé le 24 juin 1941 à partir du District Militaire de Léningrad.

• Front du Nord-Ouest. Formé le 22 juin 1941 à partir du District Militaire de la Baltique.

• Front d'Orel. Créé le 24 mars 1943. Redésigné Front de Bryansk le 28 mars 1943.

• Groupe d'Armées de Primorye.

• Front de Réserve. Créé le 14 juillet 1941.

• Front du Sud-Est. Formé le 7 août 1942 avec quatre armées de l'aile gauche du Front de Stalingrad. Dissous le 28 septembre 1942, ses forces réintégrées dans le Front de Stalingrad.

• Front du Sud. Renommé 4ème Front d'Ukraine le 20 octobre 1943.

• Front du Sud-Ouest. Créé le 22 juin 1941. Dissous le 12 juillet 1942. Reformé le 22 octobre 1942. Renommé 3ème Front d'Ukraine le 20 octobre 1943.

• Front de Stalingrad. Formé le 12 juillet, avec le Front de Voronej, à partir du Front du Sud-Ouest. Renommé Front du Don le 28 septembre 1942.

• Front de la Steppe. Renommé 2ème Front d'Ukraine le 20 octobre 1943.

• Front de Transbaïkalie. Créé le 15 septembre 1941, à partir du District Militaire de Transbaïkalie. Dissous le 9 octobre 1945.

• Front de Transcaucasie. Créé le 23 août 1941, à partir du District Militaire de Transcaucasie.

• Fronts d'Ukraine:

- 1er Front d'Ukraine. Formé le 20 octobre 1943 à partir du Front de Voronej. Dissous en mai 1945.
- 2ème Front d'Ukraine. Formé le 20 octobre 1943 à partir du Front de la Steppe. Dissous le 10 juin 1945.
- 3ème Front d'Ukraine. Formé le 20 octobre 1943 à partir du Front du Sud-Ouest. Dissous le 15 juin 1945.
- 4ème Front d'Ukraine. Formé le 20 octobre 1943 à partir du Front du Sud. Dissous le 25 août 1945.

• Front du Volkhov. Formé le 17 décembre 1941, avec l'aile gauche du Front de Léningrad et des réserves STAVKA. Dissous le 23 avril 1942.

• Front de Voronej. Créé en juin 1942. Renommé 1er Front d'Ukraine le 20 octobre 1943.

• Front de l'Ouest. Créé le 22 juin 1941, à partir du District Militaire de l'Ouest. Dissous le 24 avril 1944, ses forces sont réparties entre les 2ème et 3ème Fronts de Biélorussie.


2° Armée soviétique.

Dans le tableau organisationnel de l'Armée Rouge, les armées sont directement subordonnées aux Districts Militaires (en temps de paix) ou aux Fronts. Durant la Seconde Guerre mondiale, leurs structures et leurs effectifs varient énormément. Par exemple, en octobre 1944, lors de la Bataille de Debrecen, les deux armées constituant le 2ème Front d'Ukraine sont de forces inégales. La 27ème Armée regroupe neuf divisions de fusiliers, une division d'artillerie, et quatre divisions d'infanterie roumaines. Alors que la 40ème Armée, par comparaison, ne compte que cinq divisions de fusiliers.

Des titres et des distinctions spéciales sont parfois données aux armées soviétiques. Par exemples les Armées dites "du Drapeau Rouge", ou "de Choc" (la 3ème Armée de Choc dans Berlin en 1945). En accord avec les plans prévus pour créer des formations de "rupture" du front ennemi, la 1ère Armée de Choc est constituée en novembre-décembre 1941, pour participer à la contre-offensive générale d'hiver, au nord de Moscou. Au total, cinq armées de choc sont formées au cours de la campagne d'hiver 1942-1943: les 1ère (recréée), 2ème (plus tard renommée 26ème Armée), 3ème, 4ème (27ème Armée) et 5ème. Cette dernière est formée pour participer à la bataille de Stalingrad. La 2ème Armée de choc sera reformée trois fois, la plus connue étant celle après son anéantissement dans la région de Lyuban, au sud de Léningrad. Son commandant, le général Andrei Vlasov, se rend et passe du côté allemand.

Les armées qui se sont distinguées au combat durant la Grande Guerre Patriotique (1941-1945) deviennent des "Armées de la Garde". Par exemple la 8ème Armée de la Garde, qui participent aux derniers combats dans Berlin, en avril 1945.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les armées soviétiques seront encore renforcées par l'adjonction de diverses unités de soutien. Ainsi, en 1945, une armée typique comprend des unités indépendantes d'artillerie de campagne, d'artillerie anti-aérienne, de mortiers, de lance-flammes, de chars, d'obusiers automoteurs et de chasseurs de chars. Le renforcement de l'artillerie, en particulier, reflète le besoin des Soviétiques d'accroître sensiblement leur puissance de feu pour faire diminuer les lourdes pertes de l'infanterie et des blindés.

A l'instar des armées terrestres, les armées aériennes sont directement subordonnées aux Fronts. Elles comprennent en général deux ou trois corps aériens. La 16ème Armée aérienne, aujourd'hui intégrée dans le District Militaire de Moscou, est la plus ancienne encore en activité.

Ci-dessous: tableau organique d'une armée soviétique (la 4ème) en juin 1941.


- 28ème Corps de fusiliers: 6ème et 42ème Divisions de fusiliers.
- 14ème Corps mécanisé: 22ème et 30ème Divisions de chars, 205ème Division mécanisée, 20ème Régiment de fusiliers motorisés.
- Réserves: 49ème et 75ème Divisions de fusiliers.
- 447ème, 455ème et 462ème Régiments d'artillerie.
- 120ème Régiment d'artillerie lourde.
- 12ème Bataillon d'artillerie AA.
- Troupes frontalières du NKVD.

Listes des 79 armées soviétiques au cours de la Seconde Guerre mondiale:
http://en.wikipedia.org/wiki/Army_(Soviet_Army)


3° Corps d'armée.

Le Corps d'armée est l'échellon intermédiaire entre l'Armée et la Division. L'Armée Rouge, au cours de la Seconde Guerre mondiale, fait la distinction entre plusieurs types de corps d'armée: Corps de fusiliers (infanterie), Corps de cavalerie, Corps mécanisé, Corps blindé, Corps aéroporté, Corps d'artillerie et Corps aérien.

Les Corps de fusiliers existent depuis la période impériale russe (pré-1917) et sont repris lors de la création de l'Armée Rouge. Sa composition varie de deux à trois (rarement quatre) divisions de fusiliers.

Au début de la période d'industrialisation militaire lancée par Staline, l'Armée Rouge créé sa première unité mécanisée en 1930, avec 110 chars. La 1ère Brigade mécanisée comprend alors un régiment de chars, un régiment de fusiliers motorisés, un bataillon de reconnaissance et un bataillon d'artillerie. Les Soviétiques passent à l'étape suivante en formant les deux premiers "Corps mécanisés" (11ème et 45ème) de l'histoire militaire, en 1932. La dotation théorique de chacun d'eux est de 500 chars.

Impressionné par la victoire allemande sur le front occidental, le Ministère de la Défense ordonne la constitution de neuf corps mécanisés le 6 juillet 1940. En février et mars 1941, vingt autres formations de ce type sont créés. Les plans prévoient pour chacun d'eux un effectif de 36000 hommes et de 1000 chars. Lors du déclenchement de l'opération Barbarossa, l'Armée Rouge dispose donc théoriquement (sur le papier) de 29000 chars, mais le nombre réel de véhicules blindés opérationnels avoisinent les 17000, dont 1475 nouveaux chars T-34 et KV.

En septembre 1942, STAVKA autorise la formation d'un nouveau genre de Corps mécanisé, qui restera en fonction jusqu'à la fin des hostilités. Ainsi naissent les "Corps blindés". Leur taille et leur effectifs sont similaires à ceux d'une division panzer allemande, comprenant une combinaison de troupes blindées, d'infanterie et d'artillerie. Les nouveaux Corps blindés comprennent chacun trois brigades de chars et une brigade mécanisée. Ils ne sont plus utilisés pour permettre la percée, mais lors de la phase d'exploitation de celle-ci.

Un total de treize corps mécanisés sont formés au cours de la Seconde guerre mondiale, et neuf d'entre-eux deviendront des "Corps mécanisés de la Garde". La dernière formation de ce type, le 10ème Corps mécanisé est formé en juin 1945 pour participer à l'offensive soviétique en Mandchourie, contre le Japon. Les 1er, 3ème et 9ème Corps mécanisés de la Garde, en vertu de la Loi Pret-Bail, seront équipés en chars américain M4A2 Sherman.

Trente-et-un Corps de chars sont créés, douze renommés "Corps blindé de la Garde". Après la guerre, la plupart des corps mécanisés et blindés seront rapidement transformés en divisions.

Composition d'un corps mécanisé en 1940/1941:
- 2 divisions de chars.
- 1 division mécanisée.
- 1108 chars (420 T-34, 126 KV 560 chars légers).
- 37200 hommes.


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Sources également disponibles:

Red Army (en.wikipedia.org).
http://en.wikipedia.org/wiki/Red_Army