Guerre d'indépendance (1775-1783) - Bilan et conséquences du conflit

Après la capitulation du général Charles Cornwallis à Yorktown, en octobre 1781, des pourparlers de paix s'ouvrent à Paris, en France. Le Traité définitif, signé le 3 septembre 1783, est ensuite ratifié par le Congrès de la Confédération, le 14 janvier 1784, puis par le Roi George III d'Angleterre le 9 avril suivant.

Ce document met formellement fin à la guerre entre l'Empire britannique et ses anciennes colonies d'Amérique du Nord, et reconnaît l'indépendance des "Etats-Unis d'Amérique".




Traité de Paix définitif de Paris (3 septembre 1783).

La victoire franco-américaine et la capitulation de l'Armée britannique à Yorktown en Virginie, le 19 octobre 1781, provoque la chute du gouvernement du Premier ministre anglais Frederick North, le 22 mars 1782. Dès lors, les Commons (Chambre des Communes), c'est-à-dire la "Chambre Basse" du Parlement anglais, vote la fin des hostilités et entame des pourparlers de paix avec ses anciennes colonies d'Amérique du Nord. Un texte préliminaire est d'abord signé à Paris en novembre 1782.

Photo ci-dessous: le tableau (en 2008) représentant les signataires (préliminaires) du Traité de Paris de novembre 1782. Anecdote: la délégation britannique ayant refusé de poser, la toile est restée inachevée.


Le 3 septembre 1783, le Traité officiel et définitif entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis est signé dans l'Hotel d'York, aujourd'hui au n°56 de la Rue Jacob à Paris, par John Adams, Benjamin Franklin et John Jay, pour les Etats-Unis, et par David Hartley, membre du Parlement anglais représentant son monarque.

Le même jour, la Grande Bretagne signe, séparément, des traités similaires avec la France et l'Espagne (et provisoirement avec les Pays-Bas). L'empire britannique cède la Floride orientale et la Floride occidentale à l'Espagne. L'île de Minorque, dans les Baléares, les îles Bahamas, la Grenade et Montserrat, conquis par les Français et les Espagnols, retournent sous la juridiction britannique.

Photo ci-dessous: plaque commémorative du Traité de Paris, sur la façade de l'immeuble de la rue Jacob, au n°56, où fut signé le document reconnaissant l'indépendance des Etats-Unis. Cliché pris le 8 juillet 2009.


Le Congrès de la Confédération américaine, qui siège temporairement à Annapolis, dans le Maryland, ratifie le Traité de Paix de Paris le 14 janvier 1784. C'est la "Journée de la Ratification" (Ratification Day). D'autres copies sont envoyés en Europe aux autres parties impliqués, la première atteignant la France en mars 1784. Le Roi George III ratifie la sienne le 9 avril 1784. Les deux copies américaine et anglaise sont ensuite échangées à Paris le 12 mai 1784.

Le texte de ce Traité compte dix points (Ten Articles):
  1. Reconnaissance des Treize Colonies comme Etats libres, souverains et indépendants, par le Roi d'Angleterre et ses descendants.
  2. Etablissement de frontières entre les "Etats-Unis d'Amérique" et les autres colonies britanniques d'Amérique du Nord (Quebec, Nouvelle-Ecosse, île du Prince Edward, Terre-Neuve, ...)
  3. Garanties britanniques sur le libre accès des zones de pêche au large de Terre-Neuve et du Golfe du Saint-Laurent.
  4. Reconnaissance des dettes contractées de chaque côté.
  5. Recommandations du Congrès de la Confédération américaine aux législatures d'Etat pour reconnaitre les droits des sujets britanniques (Loyalistes) dont les biens ou propriétés ont été confisqués par les Colonies.
  6. Les Etats-Unis lutteront et empêcheront les futures confiscations des biens et propriétés des Loyalistes.
  7. Echanges des prisonniers de guerre dans les deux camps, et restitution des biens (y compris des esclaves) confisqués par la Grande-Bretagne à leur propriétaires d'origine.
  8. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis assureront chacun l'accès perpétuel au fleuve Mississippi.
  9. Les territoires capturés par les Américains après le Traité de Paix seront tous restitués sans aucune compensation.
  10. Ratification du Traité endéant les six prochains mois par les parties contractuelles.

Ci-dessous: dernière page (Article 10th) du Traité de Paix de Paris de 1783, exposé dans le "Batiment des Archives Nationales des Etats-Unis", ou National Archives and Records Administration (NARA).


Remarques sur l'application future de ce Traité:
  1. Les Etats américains, individuellement, ignoreront les recommandations fédérales de l'article 5, sur la restitution des biens et propriétés confisqués des Loyalistes, et l'article 6, sur la prévention des futures confiscations.
  2. Plusieurs Etats américains, notamment la Virginie, contreviendront à l'article 4, en maintenant des lois contre le remboursement de leurs dettes contractées envers des Britanniques.
  3. La Grande-Bretagne ignorera l'article 7 sur la restitution des esclaves noirs à leur propriétaire.
  4. Le Traité spécifie une frontière sud pour les Etats-Unis, mais la séparation avec les deux Florides (orientale et occidentale) espagnoles ne sera jamais clairement définie.

Bilan humain et coût économique de la Guerre d'indépendance.

1° Bilan humain.

Le coût total en vie humaine résultant de la Guerre d'indépendance américaine n'est pas connu. Comme c'est habituellement le cas dans les guerres de cette époque, les maladies et blessures ont tué plus de personnes que directement sur les champs de bataille. Entre 1775 et 1782, une épidémie de variole très contagieuse a tué plus de 130,000 personnes dans toute l'Amérique du Nord. Les effets de cette épidémie ont été particulièrement dévastateurs à Boston, pendant l'occupation britannique et le siège américain de la ville, en 1775. L'historien américain Joseph J. Ellis suggère que la décision de George Washington de vacciner ses troupes contre la variole a été l'une de ses plus importantes décisions.

Approximativement 25,000 révolutionnaires américains sont morts durant leur service militaire, dont 8,000 directement sur les champs de bataille, les 17,000 autres ont succombé à des maladies et des blessures, dont 8,000 à 12,000 torturés ou privés de soins pendant leur captivité dans les prisons britanniques. Le nombre de combattants américains sérieusement blessés ou mutilés est estimé entre 8,500 et 25,000 pertes.

Le nombre total des pertes américaines au cours du conflit, de 1775 à 1783, s'élève donc à environ 50,000 tués, blessés ou disparus.

Environ 171,000 marins britanniques ont combattu pendant la guerre d'indépendance. 1,240 ont été tué au combat, et 18,500 autres de maladies ou de blessures diverses. Dans la Royal Navy, la principale cause de mortalité a été le scorbut, dont les marins apprirent à combattre les effets grâce à l'introduction et à la consommation de citrons à bord des navires. Environ 42,000 autres marins britanniques ont déserté durant le conflit.

A ce bilan s'ajoutent environ 1,200 Hessois ou mercenaires allemands tués au combat, et 6,354 autres de maladies ou par accidents. Environ 16,000 Allemands sont retournés dans leur pays, 5,500 autres restant aux Etats-Unis et devenant des citoyens américains.

Il n'existe aucune autre statistique officielle concernant le nombre de pertes de soldats réguliers britanniques (Habits Rouges), soldats espagnols, français, de Noirs ou d'Amérindiens.


2° Coût économique.

Les Britanniques ont dépensé 80 millions de £ivres de cette époque, et ont contracté à la fin des hostilités une dette nationale de 250 millions de £ivres. La France, de sont côté, a dépensé 1.3 milliard de £ivres, et leur dette nationale s'élevait à 187 millions de £ivres.

Les Etats-Unis ont dépensé 37 millions de dollars au niveau fédéral (ou national), plus 114 millions de dollars au niveau des Etats. Ce coût fut largement couvert grâce à des emprunts contractés auprès de la France et des Pays-Bas. Les Américains ont fini par régler leur dette et leur inflation en février 1791, lorsqu'Alexander Hamilton, Secrétaire du Trésor, fonda la First Bank of the United States, la première institution financière nationale du pays.


Création et développement des institutions fédérales américaines.

Le 15 novembre 1777, le Second Congrès continental rédige les "Articles de la Confédération" (Articles of Confederation). Ce document constitutionnel est l'un des textes fondateurs de la jeune nation américaine. Il regroupe les Treize Etats en une confédération baptisée "Etats-Unis d'Amérique" (United States of America), établit les bases d'un gouvernement fédéral, tout en laissant une souveraineté aux Etats, et fonde les trois premiers Ministères (Departments): War Department, ou Ministère de la Défense, Department of Foreign Affairs, le Ministère des Affaires étrangères chargé des relations internationales, et Department of Tresury, le Ministère des Finances.


Cependant, les Articles de la Confédération n'entrent en vigueur qu'après avoir été ratifiés par tous les Etats, en mars 1781. Pour bien marquer cette transition, le "Congrès de la Confédération" est instauré et se substitue au Second Congrès continental, les délégués de cette nouvelle assemblée demeurant inchangés.

Ces Articles sont remplacés le 21 juin 1788, lors de la Convention Constitutionnelle de Philadelphie, par la "Constitution des Etats-Unis" (Constitution of the United States), celle-ci entrant en vigueur le 4 mars 1789. Ce document est aujourd'hui la plus vieille constitution écrite encore en usage dans le monde. C'est le texte de lois suprême des Etats-Unis: elle instaure une fédération de treize Etats, ceux-ci gardant leurs prérogatives au sujet de la Justice et de l'Education, le système bicaméraliste (à deux chambres) du Congrès, et définit les pouvoirs respectifs des trois branches exécutif, législatif et judiciaire. (1)

Le 30 avril 1789, George Washington devient le premier président des Etats-Unis. Il est ensuite réélu pour un second mandat de quatre ans de 1793 à 1797. Le 17 novembre 1800, le siègle du gouvernement fédéral, qui jusqu'alors se tenait depuis le Congress Hall de Philadelphie, déménage et s'installe à Washington dans le District de Columbia (Washington, DC).


Video ci-dessous: Histoire de l'Amérique. Série documentaire réalisée en 2013 pour Nat Geo Channel. EP 02/10: la Révolution.



(1) Blogosphère Mara, "Constitution des Etats-Unis d'Amérique"


Article modifié le 14 juin 2015.


Sources principales:
History of the United States (Wikipedia.org)
• Elise Marienstras, Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande, 2005.
• Jacques Binoche, "Histoire des Etats-Unis", Paris, Ellipses, 2003.

Guerre d'indépendance (1775-1783) - Déroulement du conflit

La guerre d'indépendance américaine a opposé les Treize colonies britanniques d'Amérique du Nord à leur métropole, de 1775 à 1783. Elle est le point culminant de la Révolution par laquelle les Colons ont rejeté la légitimité de la Grande-Bretagne. C'est l'événement fondateur de l'histoire du pays ainsi que, par ricochet, du Canada britannique. Elle entraîne à partir de 1777 l'intervention, directe ou indirecte, d'autres puissances européennes.

La France de Louis XVI, qui est la plus importante d'entre-elles, s'est d'abord engagée de manière officieuse, par la fourniture de matériel et d'aides diverses en faveur des Insurgés américains. Puis officiellement et directement à partir de 1778 jusqu'à la fin. L'effort de guerre français, terrestre et naval, a contribué de manière incontestable à la victoire finale américaine, notamment à Yorktown. Le conflit s'achève par le traité de Paris en septembre 1783, qui reconnaît de fait les "Etats-Unis d'Amérique".




Forces en présence.

1° "Loyalistes" et "Patriotes".

Les Colons qui sont favorables à l'indépendance sont appelés "Americains", "Insurgés", "Patriotes" ou encore "Congressistes", le terme d'avant guerre "Whigs" étant également occasionnellement utilisé. Ceux qui s'opposent à l'indépendance sont appelées "Loyalistes" ou "Hommes du roi". Ces qualificatifs sont utilisés des deux côtés sans ambiguïté.

En 1775, Le Second Congrès continental dispose de 40% à 45% d'opinions favorables dans la population. Près de 15% à 20% de la population, les "Loyalistes", sont partisans du roi Georges III. Pendant le conflit, quelques-uns, particulièrement en Caroline du Nord et du Sud, changeront de camp, et d'autres resteront neutres.

Les Loyalistes auront jusqu'à 50,000 soldats durant les années de guerre pour soutenir l'Empire britannique. Certains historiens affirment que la révolution américaine fut plus une guerre civile entre Loyalistes et Patriotes, qu'une révolte contre l'Empire britannique.


2° Armée continentale et milices américaines.

L'"Armée continentale" (Continental Army) est le nom donnée aux troupes des Treize colonies américaines, placés sous le commandement unique de George Washington. Elle combat les "Habits Rouges" (Red Coats), les soldats réguliers de l'Empire britannique. Le Second Congrès continental crée cette armée continentale en juin 1775 et la dissout en septembre 1783 après la signature du Traité de Paris. Elle est remplacée aussitôt par l'"Armée des Etats-Unis" (United States Army).

Lorsque la guerre d'indépendance éclate en avril 1775, les colons ne possèdent pas encore d'armée régulière professionnelle. Chacune des Treize colonies dispose de sa propre milice, composée de citoyens volontaires armés, qui assurent la défense locale.

Après le vote des Intolerable Acts par le Parlement britannique, les Insurgés commencent à réformer le système des milices et se préparent à un conflit avec leur métropole. Certains colons comme Richard Henry Lee proposent alors de créer une milice nationale, mais le Premier Congrès continental finit par rejeter son idée.

Après la bataille de Lexington et de Concord (19 avril 1775), des milliers de miliciens se rassemblent autour de Boston pour établir le siège de la ville, où se concentrent les forces britanniques.

Le 7 juin 1775, le Second Congrès continental décide de mettre en place une armée continentale afin d'assurer la défense commune des colonies. Cette armée de la Nouvelle-Angleterre, placée sous son contrôle, constitue l'embryon de la future armée fédérale américaine. Ce mois-là, elle compte 15,000 "Réguliers" Américains contre 6,500 soldats britanniques retranchés dans Boston.

Ce même jour, le Second Congrès continental choisit George Washington, un ancien officier de l'Armée britannique vétéran de la Guerre de Sept ans, pour la commander. Il prend officiellement ses fonctions le 3 juillet 1775. Quatre majors-généraux et huit brigadiers-généraux sont également désignés. Une marine de guerre continentale est également constituée.

Alors que les prérogatives du Second Congrès continental s'accroissent, elle est l'objet de nombreux débats parmi les représentants des Colonies: un grand nombre d'entre-eux exprime leur aversion vis-à-vis d'une armée permanente. Mais d'un autre côté, la guerre contre la Grande-Bretagne nécessite un minimum d'organisation et de discipline.

Les soldats de l'Armée continentale sont des citoyens qui s'engagent de manière volontaire pour une période variant d'une à trois années, et qui sont payés. Le "Turnover", c'est-à-dire la responsabilité de chaque Etats d'assurer la logistique, constituera un élément de faiblesse pendant toute la durée du conflit, en particulier au cours du terrible hiver 1776-1777.

Photo ci-dessous: soldats d'infanterie de l'Armée continentale (1779-1783)


En 1775, l'armée est composée principalement de soldats originaires de la Nouvelle-Angleterre, répartis en trois divisions par George Washington. Philip Schuyler a la charge des dix régiments qui envahissent le Canada.

En 1776, les effectifs de l'Armée continentale s'élève à 20,000 hommes, dont environ deux tiers d'engagés, et le reste composé de diverses milices. Elle est réorganisée: on tente de recruter des hommes au-delà du Nord-Est, mais sans grand succès.

En 1777-1780, le Second Congrès continental vote la résolution 88 afin que chaque Etat contribue à l'envoi de soldats, proportionnellement à son importance démographique.

George Washington est autorisé à lever quinze nouveaux bataillons pour faire face aux renforts envoyés par la Grande-Bretagne. Le contrat d'engagement est allongé de deux à trois ans, voire jusqu'à la fin de la guerre.

L'Armée continentale connait ses heures les plus difficiles en 1781-1782 lorsque le Congrès ne put plus payer les soldats et que ces derniers se mutinent en Pennsylvanie et dans le New Jersey.

Vers 1778, les Insurgés n'ont plus qu'une petite armée régulière de 5,000 hommes et l'essentiel des forces repose sur les milices.

Bien que plus de 250,000 hommes servent du côté américain, l'Armée continentale ne dépassa jamais au même moment 90,000 hommes, et Washington n'en commande directement pas plus de 17,000.

De plus, cette armée américaine est bien moins organisée que l'armée britannique: elle est moins disciplinée, subit de nombreuses désertions et les paiements de soldes restent aléatoires.

Former une véritable armée est le premier objectif de Washington. Le refus du Congrès continental de l'aider le frustrait énormément. Ses hommes avaient désespérément besoin de tentes, de chaussures, de nourriture, de fusils et de munitions.

Après le traité de paix signé en septembre 1783, l'Armée continentale est dissoute pour être aussitôt remplacée par l'Armée des Etats-Unis (United States Army).


3° Armée britannique.

Au début de 1775, l'armée britannique dans les Colonies d'Amérique du Nord dispose d'environ 36,000 hommes, commandés par le lieutenant-général Thomas Gage. Au cours du conflit, le recrutement augmentera sensiblement les effectifs. En 1778, elle compte 50,000 Habits Rouges, auxquels s'ajoutent 30,000 mercenaires allemands, les "Hessiens", et environ 10,000 Colons "loyalistes". A la fin du conflit, 60,000 soldats britanniques, comprenant 10,000 Loyalistes, sont dispersés sur un immense territoire allant du Canada à la Floride.


4° Afro-Américains et Amérindiens.

Les Afro-américains, qu'ils soient esclaves ou émancipés (libres), participent à la guerre dans les deux camps, Loyalistes ou Insurgés. Des Noirs s'engagent dans les milices américaines, et cette pratique inquiètent les planteurs du sud qui refusent que les esclaves soient armés. On estime que 5,000 Afro-Américains ont combattu dans l'Armée continentale.

En novembre 1775, le gouverneur de Virginie Lord Dunmore promet l'affranchissement à tous les esclaves qui serviront dans l'armée britannique. En 1779, Sir Henry Clinton édicte une loi similaire pour la région de New York.

La plupart des esclaves servent comme plantons, ouvriers ou éclaireurs. Plus de la moitié mourront dans les épidémies de variole qui frappent les armées britanniques. En dépit des promesses de certains gouverneurs britanniques, la majorité des esclaves ne seront pas affranchis. Par contre, du côté des Insurgés, on recense de nombreux cas d'affranchissement.

Les Amérindiens vivant à l'est du Missississi sont également impliqués dans la Guerre d'indépendance américaine. Plusieurs tribus se retrouvent divisées sur la question de savoir à quel camps apporter son soutien. Ils s'engagent donc dans les deux camps.

Mais une majorité d'Amérindiens sont opposés aux Etats-Unis, en raison de l'attitude des Colons dans les Territoires indiens et leur politique d'immigration. Environ 13,000 Amérindiens combattront du côté britannique. Le groupe le plus important d'entre-eux, la Confédération Iroquoise (nations Mohawk, Seneca, Onondaga et Cayuga), fournit à l'Armée britannique un contingent d'environ 1,500 hommes. Les deux autres nations de cette Confédération (Tuscarora et Oneida) combattent du côté des Insurgés.

Video ci-dessous: Histoire de l'Amérique. Série documentaire réalisée en 2013 pour Nat Geo Channel. EP 02/10: la Révolution.



Premières batailles: campagne du Massachussetts (1775-1776).

Le lieutenant-général Thomas Gage, commandant en chef des troupes britanniques dans les Treize Colonies américaines, a installé son QG dans Boston et y dispose de quatre régiments d'infanterie, avec un effectif d'environ 4,000 soldats réguliers, surnommés par les colons Red Coats.

Dans la nuit du 18 au 19 avril 1775, Gage envoie 700 hommes commandés par le lieutenant-colonel Francis Smith pour saisir armes, munitions et stocks de ravitaillement des dépôts de la milice du Massachussetts à Concord. Mais un groupe de Patriotes, dont fait partie Paul Revere, les précèdent pour avertir les miliciens américains (Minutemen) massés autour de la ville.


De sorte qu'à l'aube du 19 avril 1775, 77 d'entre-eux se sont regroupés à l'entrée de Lexington et s'opposent à la progression des soldats de Smith. Il s'ensuit un premier échange de tir, les miliciens américains, en infériorité, doivent se retirer et les Britanniques reprennent leur avance vers Concord.

Au North Bridge, un pont qui enjambe la rivière Concord, les Britanniques s'opposent cette fois à une force estimée à plusieurs centaines de miliciens.


Grâce à l'arrivée de renforts, les Américains infligent de lourdes pertes aux Britanniques. Les "Habits Rouges" doivent faire demi-tour et se retirer vers Boston, pourchassés par les Minutemen. C'est la première bataille de la guerre, qui se solde par une victoire américaine. Les Britanniques doivent faire demi-tour et se retrancher dans Boston. Le siège de la ville commence et se poursuivra jusqu'au 17 mars 1776.

Mais bientôt, 4,500 soldats britanniques commandés par le major-général William Howe arrivent par mer, de la métropole, et doublent d'un seul coup leur nombre dans Boston.

Le 10 mai 1775, des miliciens américains commandés par le colonel Benedict Arnold s'emparent par surprise du Fort Ticonderoga, capturent la garnison britannique et font main basse sur l'artillerie de la forteresse.

Le 17 juin 1775, c'est la bataille de Bunker Hill. Un contingent d'environ 3,000 Habits Rouges franchit le détroit entre Boston et Charlestown, débarque et entame le nettoyage de la péninsule. Bunker Hill est considérée comme une des batailles les plus sanglantes de la guerre. Le général Israel Putnam commande la milice du Massachussetts, et Howe les troupes britanniques. Bien que cette bataille soit connue sous le nom de Bunker Hill, la majorité des combats se déroulent sur une autre colline à proximité, Breed's Hill. A leur troisième assaut, les forces britanniques s'emparent des fortifications de Breed's et Bunker Hill.

Les pertes américaines s'élèvent à 100 tués, 271 blessés et 30 capturés. Mais pour les Britanniques, qui perdent de leur côté plus de 1,000 hommes, tués et blessés, c'est une victoire à la Pyrrhus. L'objectif de Howe est atteint, mais l'attaque démontre la capacité des Américains à soutenir une bataille rangée et ne change pas le statut du siège de Boston.


L'armée britannique capture d'une des rares batteries d'artillerie des Américains et semble réduire les efforts de George Washington autour de la ville assiégée. Les Britanniques prennent donc la péninsule de Charlestown, mais à un prix très élevé: 228 morts et 826 blessés, une quantité disproportionnée des pertes étant des officiers. La plupart des pertes américaines intervennient pendant la retraite.

Les morts et blessés britanniques comprennent la plupart de leurs officiers. De l'état-major entier de campagne de Howe, ce dernier est le seul à ne pas avoir été touché. L'avance britannique balaie toute la péninsule.

Mais sous les ordres de Putnam, les Américains se remettent rapidement en position sur le continent. Et avec l'extrême fatigue des troupes de Howe, il y a peu de chances pour celui-ci d'avancer sur Cambridge et de briser le siège de Boston.

L'attitude des Britanniques envers les Américains change significativement, à la fois à titre individuel et au niveau gouvernemental. Thomas Gage est bientôt rappelé et remplacé par Howe. Le rapport de Gage au cabinet répète ses avertissements précédents: "une grande armée serait nécessaire pendant longtemps pour réduire ces gens".

Le fameux ordre américain "Don't shot until you see the whites of eyes!" ("Ne tirez pas jusqu'à ce que vous voyiez le blanc de leurs yeux!") est popularisé par les récits sur la bataille de Bunker Hill. Son origine est incertaine, différents auteurs l'attribuant à Putnam ou Prescott, ou encore d'autres officiers subalternes.

Le front du Massachussetts reste ensuite stationnaire et ne changera plus beaucoup. En novembre 1775, George Washington renforce son Armée continentale à Dorchester Heights avec l'artillerie capturée à Fort Ticonderoga en mai, et bombarde durement les positions britanniques.

Le commandant britannique, le major-général William Howe, comprend qu'il n'y a plus d'espoir de l'emporter et, le 17 mars 1776, évacue par mer ses troupes de Boston et se retire vers Halifax, en Nouvelle-Ecosse. C'est l'Evacuation Day, célébré chaque année dans le Comté de Suffolk (Massachussetts).


Attaque du Canada britannique (1775).

Le 28 août 1775, un corps expéditionnaire américain, commandé par le brigadier-général Richard Montgomery et composé de quatre régiments d'infanterie de l'Armée continentale, représentant un effectif d'environ 4,000 hommes, quitte le Fort Ticonderoga, dans l'Etat de New York, et via le lac Champlain, descend le cour du fleuve Richelieu.


L'objectif de Montgomery est la prise de Montreal et de Quebec. Il assiège le Fort Saint-Jean du 6 septembre au 3 novembre 1775. Mais avec l'arrivée de l'hiver, la situation des Américains commence à se dégrader rapidement. Et pour couronner le tout, une grande partie des "enlisted" de l'Armée continentale arrive à l'expiration de leur engagement d'un an.

Après la prise du Fort Saint-Jean, Montgomery reprend sa progression vers Montreal, qui tombe sans combat dix jours plus tard, le 13 novembre 1775. Il est à deux doigts de capturer Guy Carleton, gouverneur général britannique de la province du Quebec.

Montgomery laisse environ 200 hommes en garnison à Montreal, sous le commandement du major-général David Wooster, et le 28 novembre 1775, lorsqu'il embarque sur des navires pour descendre le Saint-Laurent vers Quebec, son armée ne compte plus que 300 hommes. En chemin, il parvient cependant à rallier le 1st Canadian Regiment, composé de 200 volontaires quebecois ou canadiens francophones, sous les ordres du colonel américain James Livingston.

Parallèlement à la colonne de Montgomery, George Washington ordonne l'envoi d'un second corps expéditionnaire. Celui-ci, regroupant 1,100 volontaires et miliciens de Pennsylvanie et de Virginie l'Armée continentale, est commandé par le colonel Benedict Arnold. Son objectif est d'établir sa jonction avec Montgomery à Québec.

Arnold quitte Cambridge dans le Massachussetts le 11 septembre 2001. Son plan est de suivre le cour des rivières Kennebec et Chaudière, et de rallier la ville de Quebec en 20 jours. Il progresse d'abord Newbury Port par la mer, à l'embouchure de la Kennebec, qu'il atteint le 19 septembre 1775.

Après une série de retards dus à la construction bâclée de barges pour naviguer, de la perte d'une bonne partie des vivres, de troubles, de désertion et enfin de mutineries, lorsque Benedict atteint Quebec, le 9 novembre 1775, sa troupe ne comprend plus que 600 hommes sur les 1,100 du départ.

Quebec est défendue par 150 Américains loyalistes du 84th Regiment des Royal Highland Emigrants, commandé par le lieutenant-colonel Allen McClean, renforcé par 500 hommes de la milice quebecoise pro-anglaise, et 400 marins britanniques en permission.

Les miliciens américains sont inférieurs en nombre et sans artillerie, et doivent faire face à une ville bien défendue. Arnold décide de se rendre à Point-aux-Trembres afin d'y attendre les soldats de Montgomery. Ce dernier y arrive le 9 décembre 1775.

Les deux colonnes réunies repartent alors vers Quebec pour l'assiéger, et lance leur attaque finale le 31 décembre 1775. Mais les Américains, qui ne sont pas équipé en vêtements et uniformes d'hiver au contraire des Britanniques, sont repoussés. Montgomery est tué et Arnold blessé, 350 miliciens et soldats de l'Armée continentale sont fait prisonniers. Le siège est levé.


En janvier 1776, la campagne du Canada se solde donc par une retraite américaine précipitée et désordonnée vers Fort Ticonderoga, et par une victoire britannique.

C'est ensuite l'arrivée de renforts britanniques (3,000 hommes) du général John Burgoyne et de ses mercenaires Hessois, arrivant depuis la métropole. Puis la contre-attaque de Guy Carleton, les batailles de Trois-Rivières (8 juin 1776) et de l'île Valcour (11-13 octobre 1776), au terme de laquelle Carleton reprend Fort Ticonderoga (20 octobre 1776).


Campagnes de New-York et du New Jersey (1776-1777).

La campagne de New York et du New Jersey est une série de batailles qui oppose les Britanniques du lieutenant-général William Howe à l'Armée continentale, commandée par le général George Washington. Elle débute le 3 juillet 1776, avec le débarquement des troupes britanniques à Staten Island, et se conclue par la retraite de Washington en Pennsylvanie et dans le New Jersey. C'est la période la plus noire pour l'Armée continentale et les Insurgés américains.


Après s'être retirés de Boston en mars 1776, les Britanniques se concentrent maintenant sur la capture de New York. En juillet 1776, Howe commence par amasser une armée de 22,000 hommes, dont 9,000 mercenaires Hessois, sur Staten Island.

George Washington, qui dispose dans cette région de 19,000 "réguliers" de l'Armée continentale, ignorant tout de l'endroit où Howe a décidé de porter son coup, commet une erreur stratégique, lourde de conséquences, en divisant son armée. Dès lors, les Britanniques ont beau jeu d'engager des forces américaines éparpillées, et de les battre une par une.

Dans les mois qui suivent, Howe et Washington s'affrontent ainsi à plusieurs reprises. Et finalement, ce dernier devra se retirer dans le New Jersey.

En août 1776, les Britanniques entament leurs mouvements à partir de Staten Island et débarquent leur armée à Long Island.

Du 27 au 30 août 1776, c'est la bataille de Long Island, qui se termine par une victoire décisive britannique. Les Américains perdent 3,000 hommes, tués, blessés ou prisonniers, et les Britanniques, 367 hommes.


Après Long Island, c'est le tour de Manhattan, où Washington s'est retranché. Howe et Charles Cornwallis y débarquent le 12 septembre 1776 avec 12,000 hommes, et prennent rapidement le contrôle de la ville.

Le 16 septembre 1776 se déroule la bataille de Harlem Heights, où les Américains remportent un vif succès défensif. Ce qui a pour effet de remonter un peu leur moral.

Lorsque Howe entreprend d'encercler l'armée ennemie, en octobre 1776, Washington doit ordonner une nouvelle retraite. Mais au lieu de poursuivre l'Armée continentale, le Britannique retourne à Manhattan et capture Fort Washington le 16 novembre 1776, où il fait environ 3,000 prisonniers américains. Quatre jours plus tard, Fort Lee, en face de Fort Washington sur l'autre rive de l'Hudson, tombe également aux mains de Britanniques.

Manhattan et Long Island sont définitivement perdus pour les Américains et resteront sous contrôle britannique jusqu'à la fin de la guerre, en 1783.

George Washington et l'Armée continentale poursuivent leur retraite à travers le New Jersey, talonnés par le général Charles Cornwallis. Les Américains ont subis de lourdes pertes, mais Washington parvient à maintenir un moral, bien qu'assez bas, et évite autant que possible le contact avec les troupes britanniques.

Lorsqu'il atteint la Pennsylvanie au début du mois de décembre 1776, il a perdu environ 5,000 hommes, tués, prisonniers ou déserteurs, et son armée ne compte plus que 1,400 conscripts, dont la période d'engagement expire à la fin de l'année. L'armée continentale franchit le fleuve Delaware et se réfugie en Pennsylvanie. Le moral américain est très bas, et le Second Congrès Continental abandonne Philadelphie, menacé, pour Baltimore, dans le Maryland.

Ci-dessous: George Washington et l'Armée continentale repassant le fleuve Delaware, le 25 décembre 1776.


Mais les Américains ne tardent pas à réagir: le jour de Noël, le 25 décembre 1776, le général George Washington déclenche sa contre-offensive avec une armée reconstituée tant bien que mal, une force estimée entre 5,000 et 6,000 hommes, et repasse les eaux glacés de la Delaware.


Il surprend et attaque par surprise 1,500 Hessois commandés par le général allemand Johann Gotlieb Rall à Trenton, dans le New Jersey. Le 2 janvier 1777, c'est la bataille de Trenton, qui se conclue par une victoire décisive américaine et la mort de Rall.


Le même jour, Washington écrase les Britanniques de Cornwallis à la bataille d'Assunpink Creek. Le lendemain, nouvelle victoire américaine: c'est la bataille de Princeton. Washington reprend la ville de Morristown.


Ces succès redonnent confiance aux Américains, leur moral remonte en flèche. C'est le renversement de vapeur et un tournant décisif de la guerre. Le général Charles Cornwallis doit à son tour entamer une douloureuse retraite jusqu'à Brunswick, dans le Maine. Le 5 mars 1777, le Second Congrès continental se réinstalle à Philadelphie, désormais dégagée de toute menace.


Campagne de Saratoga (1777).

La campagne de Saratoga est une série de batailles pour le contrôle du fleuve Hudson, entre juillet et octobre 1777. Cette année est également la période où la France commence à aider la jeune nation américaine, d'abord de manière officieuse, en fournissant aide matérielle et financière. Puis, à partir de 1778, en intervenant directement dans le conflit, aux côtés de l'Armée continentale de George Washington, avec un corps expéditionnaire français commandé par le marquis de La Fayette (1).

Le 30 novembre 1776, le lieutenant-général William Howe, commandant en chef des forces britanniques en Amérique du Nord, conçoit un plan audacieux pour s'emparer de Philadelphie et de la Pennsylvanie.

De son côté, le général John Burgoyne, qui est arrivé recemment de Londres et a succédé à Guy Carleton à la tête de la province du Quebec, conçoit de son côté un plan pour s'assurer le contrôle du fleuve Hudson et le lac Champlain, isoler la Nouvelle-Angleterre. Les Treize Colonies américaines se retrouveraient ainsi pratiquement coupés en deux.

Pour cela, deux armées britanniques vont intervenir. La première, commandée personnellement par Burgoyne, avec un effectif d'environ 10,000 hommes, fait mouvement depuis Montreal en suivant le lac Champlain puis l'Hudson. Une force de diversion commandée par le colonel Barry St Leger, partie de Fort Oswego avec 2,000 hommes, devra suivre la vallée du fleuve Mohawk. Les deux colonnes convergent vers Albany, où elles devront se joindre aux forces de Howe, dans la région de New York.


Burgoyne se met en route à partir de la ville de Quebec en juin 1777, et recapture Fort Ticonderoga en juillet 1777. Ensuite, sa progression est constament ralentie par une série d'obstacles naturels dressés par les arrière-gardes américaines.

En août 1777, un détachement britannique est envoyé pour s'emparer de stocks de ravitaillement. Mais le 16 août, ce détachement se fait anéantir par environ 2,000 miliciens du New Hampshire et du Massachussetts commandés par le général John Stark. C'est la bataille de Bennington. Burgoyne se retrouve ainsi privé d'environ un millier d'hommes.

Pendant ce temps, les troupes de St Leger, 300 soldats réguliers anglais, 650 Canadiens et un millier de guerriers Mohawk dirigé par le chef Joseph Brant, établissent le siège de Fort Stanwix, sur le fleuve Mohawk le 2 août. 740 miliciens américains épaulés par environ 100 Indiens alliés Oneidas essaient de porter secours à la garnison assiégés, mais tombent dans une embuscade et sont anéantis à la bataille d'Oriskany, le 6 août.

Mais le 22 août, les Britanniques, Canadiens et Mohawks de St Leger et de Brant doivent lever le siège lorsqu'une seconde force expéditionnaire approche, commandée par le général Benedict Arnold. St Leger fait demi-tour et regagne le Quebec. Cette retraite contribuera beaucoup dans la future défaite de Burgoyne à Saratoga.

Burgoyne, dont ses forces sont maintenant réduite à 6,000 hommes, après avoir laissé une garnison à Fort Ticonderoga et ses pertes à Bennington, commence à manquer de ravitaillement. Malgré cela, il est déterminé à poursuivre son avance vers Albany.

Une armée américaine d'environ 8,000 hommes, commandés par le général Horatio Gates, s'est retranchée sur des positions défensives établies sur Bernis Heights, 16km au sud-ouest de la ville de Yorktown, dans l'Etat de New York.

Le 19 septembre 1777, Burgoyne essaie d'abord de déborder les Américains par les flancs, mais ses troupes sont stoppées à Freeman's Farm. C'est la première bataille de Saratoga, ou bataille de Freeman's Farm.

La situation de Burgoyne devient désespérée, mais il n'est toujours pas décidé à abandonner et espère toujours rejoindre l'armée de Howe à New York. Mais celui-ci, absorbé par sa campagne contre Philadelphie, n'interviendra pas.

De plus, Gates a reçu des renforts, son effectif est maintenant passé à 11,000 hommes. Après avoir été écrasé définitivement à la seconde bataille de Saratoga, Burgoyne capitule le 17 octobre 1777. C'est la fin de la campagne de Saratoga, qui se solde par une victoire écrasante des Américains.



(1) Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, dit "Marquis de la Fayette" (6 septembre 1757 - 20 mai 1834), général et homme politique français et américain, héros de la guerre d'indépendance américaine et personnalité de la Révolution française. Il a été fait citoyen d'honneur des Etats-Unis d'Amérique en 2002, à titre posthume. Il est enterré au cimetière de Picpus, à Paris.


Campagnes de Pennsylvanie et du New Jersey (1777-1778).

Après avoir capturé et sécurisé la ville de New York en 1776, l'armée britannique du lieutenant-général William Howe se concentre maintenant sur Philadelphie, siège du gouvernement rebelle. A la fin du mois d'août 1777, Howe débarque avec 15,500 hommes dans la baie de Chesapeake, à environ 90km au sud-ouest de Philadelphie, en Pennsylvanie.

George Washington a positionné 14,100 hommes, soit à peu près le même effectif, entre Philadelphie et les forces de Howe. Mais il est pourtant débordé et battu à la bataille de Brandywine, le 11 septembre 1777. Les Britanniques perdent dans l'engagement 587 hommes, dont 93 tués. Les pertes américaines ne sont pas connues avec exactitude, mais tournent autour de 1,200 à 1,300 hommes hors de combat: 300 tués, 600 blessés et 400 prisonniers.


Bien que Howe ait battu l'armée américaine, sa résistance inattendue l'empêche cependant de la détruire complètement. Le moral des Américains reste stable, malgré leurs pertes.

Les jours suivants, les forces britanniques et américaines manoeuvrent l'une autour de l'autre, avec plusieurs engagements mineurs, telle la bataille de Paoli, dans la nuit du 20 au 21 septembre 1777, qui se conclue par une autre victoire britannique.

Désemparés, l'Armée et le Second Congrès continental doivent abandonner Philadelphie pour se réfugier d'abord à Lancaster, puis à York, en Pennsylvanie. Le 26 septembre 1777, les Britanniques s'emparent de Philadelphie sans opposition.


Le 4 octobre 1777, Washington attaque sans succès les Britanniques près de Germantown, puis est obligé de retraiter vers Valley Forge, où il se place en défensive. Il y restera pendant six mois. Durant l'hiver, 2,500 Américains, soit un quart des effectifs de l'Armée continentale, meurent de froid ou de faim. Mais au printemps, Washington reconstitue ses troupes.

Ci-dessous: Washington et Lafayette durant le terrible hiver 1777-1778 à Valley Forge.


Clinton et les restes de son armée parviennent dans la ville de New York en juillet 1778, juste avant l'arrivée d'une escadre navale française, commandée par l'amiral Jean Baptiste Charles Hector, dit "Comte d'Estaing", devant les côtes américaines. De son côté, l'Armée continentale de Washington s'installe à White Plains, au nord de New York. Chacune des deux armées ennemies occupent pratiquement les positions qu'elles tenaient deux ans plus tôt, et la guerre sur ce théâtre d'opérations nord n'évoluera plus beaucoup jusqu'à la fin des hostilités, en septembre 1783.


Alliance franco-américaine (1778).

Les conséquences politiques de la défaite de Burgoyne à Saratoga ne tardent pas à se faire sentir. Le 4 décembre 1777, la nouvelle parvient à Benjamin Franklin, chargé d'une mission diplomatique à Versailles, en France. Deux jours plus tard, souvrent des négociations avec Louis XVI pour une alliance franco-américaine.

Le traité d'alliance franco-américain est signé le 6 février 1778. C'est le début de la reconnaissance internationale de l'indépendance des Treize colonies américaines. Un mois plus tard, Louis XVI déclare la guerre à la Grande-Bretagne. Désormais, la France interviendra directement et officiellement dans la guerre d'indépendance américaine.


Guerre dans les Colonies du Sud (1778-1781).

Durant les trois premières années de guerre, les opérations militaires se sont concentrées sur le front nord. Après l'entrée en guerre officielle de la France, en 1778, l'attention des Britanniques se tourne désormais vers les Colonies du Sud.

Le 29 décembre 1778, un corps expéditionnaire britannique, commandé par le lieutenant-général Henry Clinton et parti de New York, débarque et s'empare de Savannah, en Géorgie. Une contre-attaque franco-américaine pour reprendre la ville échoue le 9 octobre 1779.

En mars 1780, Clinton entame ensuite le siège de Charleston, en Caroline du Sud, et après deux mois, capture la ville et la majorité des effectifs de l'Armée continentale du Sud, commandée par le major-général Benjamin Lincoln. Avec relativement peu de pertes, Clinton s'assure le contrôle du plus grand port dans le Sud des Colonies.


Les restes de l'Armée continentale du Sud entament une douloureuse retraite vers la Caroline du Nord, pourchassés par les troupes britanniques du lieutenant-colonel Banastre Tarleton, lequel écrase les Américains à la bataille de Waxhaws, le 29 mai 1780. Avec cet évenement, la résistance organisée américaine prend fin, et la suite des opérations, sous forme de guerilla, sera menée par les partisans du lieutenant-colonel Francis Marion.

Le général Charles Cornwallis remplace Clinton et prend le commandement des troupes britanniques dans le Sud, à la fin de l'année 1780. De côté américain, Horatio Gates est désigné par George Washington pour reformer l'armée continentale du Sud.

Le 16 août 1780, Gates est battu par Cornwallis à la bataille de Camden, ce qui prépare le terrain le britannique dans son projet d'invasion de la Caroline du Nord. Les succès de Cornwallis seront cependant de courte durée, car une grande partie de son armée est écrasée lors de la bataille de la Kings Mountain, le 7 octobre 1780, et Tarleton battu par les troupes américaines du major-général Daniel Morgan, à la bataille de Cowpens, le 17 janvier 1781.

Le général Nathanael Greene, qui remplace Gates, procède à des opérations militaires pour affaiblir et fatiguer les Britanniques dans une série d'escarmouches et d'engagements mineurs.

En mars 1781, lors de la Bataille de Guilford Court House, Cornwallis bat Greene, mais c'est une victoire à la pyrhus. Les britanniques doivent se replier sur Wilmington, en Caroline du Nord, pour se ravitailler et se renforcer. Après quoi, ils abandonnent les Caroline et la Géorgie pour se diriger vers le nord, en Virginie.


George Washington envoit Lafayette pour défendre la Virginie et, en avril 1781, un corps expéditionnaire britannique commandé par Benedict Arnold (après sa défection) débarque. Celui-ci fait mouvement à travers la Virginie, détruisant au passage des dépôts de ravitaillement américains, avant de se joindre à l'armée de Cornwallis.

Lafayette engage Cornwallis, avec des forces nettement inférieures en nombre, dans une série d'escarmouches, tout en évitant une bataille majeures. En juillet 1781, incapable de battre ou de capturer le Français, Cornwallis décide de replier son armée vers Yorktown, pour y réembarquer et retourner à New York. Mais il n'y arrivera jamais.

En effet, le 5 octobre 1781, une flotille française commandée par François-Joseph Paul, "Comte de Grasse", écrase les navires de la Royal Navy lors de la Bataille navale de Chesapeake, coupant ainsi tout espoir de retraite au général Charles Cornwallis.


17,000 Franco-Américains commandés par George Washington, Lafeyette et le Comte de Rochambeau, convergent des fronts nord et sud vers Yorktown et, au début d'octobre 1781, entament le siège de la ville. Pendant plusieurs jours, l'artillerie terrestre et la flotte française au large pilonnent les positions britanniques.


Le 19 octobre 1781, c'est la fin: Cornwallis, sachant ses positions indéfendables, se résout à capituler avec toute son armée de 7,000 hommes. Après cette capitulation, des pourparlers de paix s'ouvre entre les Insurgés et les Britanniques, qui déboucheront deux ans plus tard sur le Traité de Paris.

Tableau ci-dessous: capitulation de Cornwallis à Yorktown, le 19 octobre 1781.



Article modifié le 14 juin 2014.


Sources principales:
History of the United States (Wikipedia.org)
• Elise Marienstras, Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande, 2005.
• Jacques Binoche, "Histoire des Etats-Unis", Paris, Ellipses, 2003.

Guerre d'indépendance (1775-1783) - Congrès continentaux et Déclaration d'indépendance

La rupture définitive entre l'Empire britannique et ses colonies d'Amérique du Nord se produit lors du Premier Congrès continental de Philadelphie, en septembre 1774. Les délégués de douze des Treize Colonies se réunissent pour discuter des mesures à prendre après les Intolerable Acts. Ce premier congrès appelle à un boycott général du commerce britannique, publie une "Liste des Droits et Griefs" et envoie une pétition au Roi d'Angleterre.

Les délégués des colonies prévoient également un second Congrès continental, programmé le 10 mai 1775, pour analyser les résultats du boycott. Entretemps, les hostilités entre les Habits Rouges et les milices américaines ont débuté en avril, avant même l'ouverture de ce second Congrès. Les délégués présents à ce second congrès décident de rédiger la "Déclaration d'indépendance". Le document écrit, dans sa forme définitive, est ratifié le 4 juillet 1776 à Philadelphie. C'est véritablement le premier des textes fondateurs de la nouvelle nation américaine, qui inspirera par la suite la "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen" de 1789, en France.




Premier Congrès continental (5 septembre - 26 octobre 1774).

Le Premier Congrès continental est une assemblée composée des représentants des colonies d'Amérique du Nord qui s'ouvre le 5 septembre 1774 à Philadelphie. 55 délégués de douze des treize Colonies (1) se réunissent pour discuter de leur réponse à donner aux Coercive Acts, que les colons américains nomment de leur côté Intolerable Acts, voté par le parlement britannique en mars 1774. Ces lois ont été spécifiquement conçues pour punir la colonie du Massachusetts, après le Boston Tea Party.



1° Contexte.

A la fin du 18ème siècle, les Treize Colonies britanniques d'Amérique du Nord s'opposent à leur métropole. Pour renflouer son économie exsangue après la Guerre de Sept ans, Londres a en effet tenté d'imposer des taxes et de renforcer son emprise sur les Colons. (2)

En 1765, les Colons avaient déjà tenu une assemblée appelée Stamp Act Congress afin de répondre au Stamp Act.

En 1774, à la suite des Intolerable Acts, les Bostoniens en appellent à la solidarité des autres colonies. Au mois de juin, les assemblées du Massachusetts et de Virginie sont dissoutes. La Continental Association, l'alliance entre les Treize Colonies, cherche à renforcer la campagne des boycotts des produits anglais.

Le premier Congrès Continental est l'ultime étape qui marque le passage de la contestation à la Révolution, et qui va conduire les Américains à prendre leur destin en mains. Acte éminemment illégal du point de vue de la métropole: il créé une assemblée politique indépendante, dont le premier but est de coordonner l'action des colonies contre la métropole, avant de se transformer en véritable instrument gouvernemental.

Il est organisé grâce au "Comité de correspondance" (Committee of correspondence) à Philadelphie, qui est alors la ville la plus peuplée des Treize Colonies. C'est précisément au Carpenters Hall que la première réunion se tient le 5 septembre 1774.


Le Premier Congrès continental se réunit du 5 septembre 1774 au 26 octobre 1774. Il est composé de 55 délégués choisis par les assemblées provinciales ou les comités de correspondance.

L'assemblée est d'abord présidée par Peyton Randolph, puis par Henry Middleton les quatre derniers jours. Le secrétaire est Charles Thomson, l'un des leaders des "Fils de la Liberté" (Sons of Liberty).

Il existe des oppositions au sein de cette assemblée: certains délégués radicaux (avocats, pasteurs, ...) comme Patrick Henry considèrent que la rupture politique avec la Grande-Bretagne est engagée et qu'il faut former un gouvernement indépendant. Henry souhaite également que les colonies les plus peuplées et les plus riches exercent un pouvoir de décision plus important que les autres.

Joseph Galloway, délégué de la Pennsylvanie, cherche quant à lui à réconcilier les colonies et la métropole: c'est le Galloway's Plan of Union du 16 septembre 1774. Il propose la formation d'une assemblée législative américaine, dont le consentement serait requis pour l'application des mesures impériales. Ce grand conseil aurait un président nommé par le roi d'Angleterre. Galloway est soutenu par John Jay, Edward Rutledge et d'autres délégués conservateurs et loyalistes, en majorité des Quakers.

Au centre se trouvent des délégués modérés, parmi lesquels des marchands et des bourgeois favorables au maintien des relations commerciales avec l'Angleterre.


2° Résultats du Premier Congrès continental.

Le 14 octobre 1774, le Premier Congrès continental exige la reconnaissance des libertés américaines. Il essaie également de définir les droits de l'Amérique, et de placer des limites sur la puissance du Parlement britannique.

Le 20 octobre 1774, il rédige les "Articles d'association" (Articles of Association). Ces articles conçoivent une alliance entre les Treize Colonies. Ces articles se réfèrent collectivement aux colonies en tant qu'"Amérique", et seulement une fois en tant que "Britannique-Amérique", et à leurs personnes en tant que "sujets américains".

Il décide de boycotter les marchandises britannique à partir du 1er décembre 1774. Si les Intolerable Acts ne sont pas abrogés, il est prévu que les exportations américaines vers l'Angleterre seraient suspendues à partir du 10 septembre 1775. Les Antilles britanniques sont également menacées de boycott, à moins qu'elles acceptent la non-importation de produits britanniques.

Les assemblées de chaque colonie approuvent les démarches de ce premier Congrès continental, à l'exception des délégués de New York. L'application du boycott est donc une réussite.

Les importations de Grande-Bretagne baissent de 97% en 1775, par rapport à l'année précédente. Des comités de surveillance doivent être formés dans chaque colonie pour l'application des articles. Le Congrès approuve des résolutions qui conseillent les colonies à commencer à former leurs citoyens pour la guerre.

Les délégués prévoient le Second Congrès continental, fixé le 10 mai 1775. En plus des colonies qui ont envoyé des représentants au premier Congrès, des lettres d'invitation sont envoyées à la Géorgie, au Quebec, à l'Ile du Prince-Edouard, à la Nouvelle-Ecosse, à la Floride orientale et à la Floride-Occidentale.

Mais aucun de ces derniers n'enverront de délégués à l'ouverture du deuxième congrès, bien qu'une délégation de la Géorgie arrive au mois de juillet 1775.

Video ci-dessous: Histoire de l'Amérique. Série documentaire réalisée en 2013 pour Nat Geo Channel. EP 01/10: les rebelles.



3° Liste des délégués du Premier Congrès Continental.

  • Province du New Hampshire:
      - Nathaniel Folsom
      - John Sullivan

  • Province du Massachusetts:
      - John Adams
      - Samuel Adams
      - Thomas Cushing
      - Robert Treat Paine

  • Colonie de Rhode Island:
      - Stephen Hopkins
      - Samuel Ward

  • Colonie du Connecticut:
      - Silas Deane
      - Eliphalet Dyer
      - Roger Sherman

  • Province de New York:
      - John Alsop
      - James Duane
      - John Jay
      - Philip Livingston
      - Isaac Low
      - Simon Boerum
      - John Haring
      - Henry Wisner
      - William Floyd

  • Province du New Jersey:
      - Stephen Crane
      - John De Hart
      - James Kinsey
      - William Livingston
      - Richard Smith

  • Province de Pennsylvanie:
      - Edward Biddle
      - John Dickinson
      - Joseph Galloway
      - Charles Humphreys
      - Thomas Mifflin
      - John Morton
      - Samuel Rhoads
      - George Ross

  • Colonie du Delaware:
      - Thomas McKean
      - George Read
      - Caesar Rodney

  • Province du Maryland:
      - Samuel Chase
      - Robert Goldsborough
      - Thomas Johnson
      - William Paca
      - Matthew Tilghman

  • Dominion ou Commonwealth de Virginie:
      - Richard Bland
      - Benjamin Harrison V
      - Patrick Henry
      - Richard Henry Lee
      - Edmund Pendleton
      - Peyton Randolph
      - George Washington

  • Province de Caroline du Nord:
      - Richard Caswell
      - Joseph Hewes
      - William Hooper

  • Province de Caroline du Sud:
      - Christopher Gadsden
      - Thomas Lynch, Jr.
      - Henry Middleton
      - Edward Rutledge
      - John Rutledge

(1) La Géorgie n'envoit de délégués qu'au début du Second Congrès, en juillet 1775. Elise Marienstras et Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande. page 68.

(2) Blogosphère Mara, "Guerre d'indépendance - Introduction: origines de la Révolution américaine"



Second Congrès continental (10 mai 1775 - 1er mars 1781).

Le Second Congrès Continental n'est en fait qu'une reconduction du Premier. Il s'ouvre le 10 mai 1775, c'est-à-dire après le début des premiers combats entre l'Armée britannique et les milices locales, en avril, et se tient au Pennsylvanie State House (aujourd'hui Independence Hall) de Philadelphie. La plupart des représentants sont les délégués ayant participé au Premier Congrès, et ceux-ci élisent le même président d'assemblée (Peyton Randolph) et le même Secrétaire (Charles Thompson). Parmi les nouveaux arrivants, notons Benjamin Franklin, de Pennsylvanie, et John Hancock, du Massachusetts.

Les représentants de douze des treize colonies sont présents lors de l'ouverture. Ceux de la Géorgie n'arriveront qu'en juillet, deux mois plus tard. Les premières mesures adoptées sont la création d'une "Armée Continentale" (14 juin 1775), la rédaction de la "Déclaration d'indépendance" (4 juillet 1776), et la rédaction des "Articles de la Confédération américaine" (15 novembre 1777) qui donneront ensuite naissance à la Constitution (21 juin 1788).

Le 1er mars 1781, lui succédera le "Congrès de la Confédération" (Congress of the Confederation), qui se concluera le 4 mars 1789. L'Armée Continentale (Continental Army) est dissoute en septembre 1783, après la signature du Traité de Paris, et remplacée le jour même par l'"Armée des Etats-Unis" (United States Army).



Déclaration d'indépendance (4 juillet 1776).

La Déclaration d'indépendance est le texte politique par lequel les Treize Colonies britanniques d'Amérique du Nord, lors du Second Congrès continental, font sécession de l'empire britannique, le 4 juillet 1776. Ce texte est marqué par l'influence de la philosophie des Lumières en France, et tire également les conséquences de la "Glorieuse Révolution" de 1688 en Angleterre: d'après les abus constatés, les délégués des colonies estiment qu'ils ont le droit et le devoir de se révolter contre la monarchie britannique. En fait, contre le parlement britannique qui a voté les lourds impôts et taxes. Le 4 juillet est devenu depuis lors la fête nationale américaine: l'Independence Day, ou "Jour de l'Indépendance".

Tableau ci-dessous: ratification de la Déclaration d'indépendance américaine, le 4 juillet 1776.



1° Contexte historique.

La Déclaration d'indépendance est une étape capitale dans l'histoire des relations anglo-américaines: après une série de crises entre la métropole et les Treize Colonies, principalement sur les questions de taxation des produits, le texte proclame la naissance d'une nouvelle nation et représente un acte révolutionnaire.

En janvier 1776, l'écrivain anglais Thomas Paine prend parti pour les "Insurgés" (Insurgents) américains dans son "Sens commun" (Common Sense)(1776) qui remporte un vif succès: environ un demi-million d'exemplaires vendus. Son livre est un plaidoyer pour la rupture avec la Grande-Bretagne et aurait inspiré George Washington. En effet, dans ce petit livre, il estime ridicule qu'un pays si petit que la Grande-Bretagne gouverne et impose des lois à l'immense et lointaine Amérique.

Le 12 juin 1776, la Virginie se dote d'une Déclaration des droits, Virginia Declaration of Rights.

Le Second Congrès continental de Philadelphie, composé de 56 délégués de treize colonies, réunis au Pennsylvania State House (aujourd'hui Independence Hall), décide de rédiger la "Déclaration d'indépendance" (Declaration of Independence).

Le projet est confié à un comité de cinq représentants (Committee of Five): John Adams, Roger Sherman, Benjamin Franklin, Robert Livingston et Thomas Jefferson. C'est en particulier Jefferson qui élabore une ébauche de la Déclaration. Il devient de fait le principal auteur du texte. Il finit son travail le 21 juin 1776 et le soumet au comité qui fait quelques modifications. La Déclaration d'indépendance est encore amendée au cours des débats du Congrès: les passages sur la traite et l'esclavage sont supprimés, afin de ne pas mécontenter les colonies du Sud.

Le document définitif, écrit sur du parchemin, est approuvé et ratifié le 4 juillet 1776 par 56 délégués. Il est ensuite envoyée à l’imprimerie pour être largement diffusée. La nouvelle de la Déclaration d'indépendance prendra le même temps (29 jours) pour aller de Philadelphie à Charleston, en Caroline du Sud, que de Philadelphie jusqu'à Paris.



2° Déclaration d'indépendance en français.

Texte de la Déclaration d'indépendance des Treize Colonies d'Amérique:

"Lorsque dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de dissoudre les liens politiques qui l'ont attaché à un autre et de prendre, parmi les puissances de la Terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit, le respect dû à l'opinion de l'humanité oblige à déclarer les causes qui le déterminent à la séparation.

"Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes:
  1. Tous les hommes sont créés égaux.
  2. Ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables.
  3. Parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.
"Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. La prudence enseigne, à la vérité, que les gouvernements établis depuis longtemps ne doivent pas être changés pour des causes légères et passagères, et l'expérience de tous les temps a montré, en effet, que les hommes sont plus disposés à tolérer des maux supportables qu'à se faire justice à eux-mêmes en abolissant les formes auxquelles ils sont accoutumés. Mais lorsqu'une longue suite d'abus et d'usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit et de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future.

"Telle a été la patience de ces Colonies, et telle est aujourd'hui la nécessité qui les force à changer leurs anciens systèmes de gouvernement. L'histoire du roi actuel de Grande-Bretagne est l'histoire d'une série d'injustices et d'usurpations répétées, qui toutes avaient pour but direct l'établissement d'une tyrannie absolue sur ces Etats.

"Pour le prouver, soumettons les faits au monde impartial: Il a refusé sa sanction aux lois les plus salutaires et les plus nécessaires au bien public. Il a défendu à ses gouverneurs de consentir à des lois d'une importance immédiate et urgente, à moins que leur mise en vigueur ne fût suspendue jusqu'à l'obtention de sa sanction, et des lois ainsi suspendues, il a absolument négligé d'y donner attention.

"Il a refusé de sanctionner d'autres lois pour l'organisation de grands districts, à moins que le peuple de ces districts n'abandonnât le droit d'être représenté dans la législature, droit inestimable pour un peuple, qui n'est redoutable qu'aux tyrans.

"Il a convoqué des Assemblées législatives dans des lieux inusités, incommodes et éloignés des dépôts de leurs registres publics, dans la seule vue d'obtenir d'elles, par la fatigue, leur adhésion à ses mesures. A diverses reprises, il a dissous des Chambres de Représentants parce qu'elles s'opposaient avec une mâle fermeté à ses empiètements sur les droits du peuple. Après ces dissolutions, il a refusé pendant longtemps de faire élire d'autres Chambres de Représentants, et le pouvoir législatif, qui n'est pas susceptible d'anéantissement, est ainsi retourné au peuple tout entier pour être exercé par lui, l'Etat restant, dans l'intervalle, exposé à tous les dangers d'invasions du dehors et de convulsions au-dedans.

"Il a cherché à mettre obstacle à l'accroissement de la population de ces Etats. Dans ce but:
  1. Il a mis empêchement à l'exécution des lois pour la naturalisation des étrangers,
  2. Il a refusé d'en rendre d'autres pour encourager leur émigration dans ces contrées,
  3. Et il a élevé les conditions pour les nouvelles acquisitions de terres.
"Il a entravé l'administration de la justice en refusant sa sanction à des lois pour l'établissement de pouvoirs judiciaires. Il a rendu les juges dépendants de sa seule volonté, pour la durée de leurs offices et pour le taux et le paiement de leurs appointements.

"Il a créé une multitude d'emplois et envoyé dans ce pays des essaims de nouveaux employés pour vexer notre peuple et dévorer sa substance. Il a entretenu parmi nous, en temps de paix, des armées permanentes sans le consentement de nos législatures. Il a affecté de rendre le pouvoir militaire indépendant de l'autorité civile et même supérieur à elle. Il s'est coalisé avec d'autres pour nous soumettre à une juridiction étrangère à nos Constitutions et non reconnue par nos lois, en donnant sa sanction à des actes de prétendue législation ayant pour objet:
  1. De mettre en quartier parmi nous de gros corps de troupes armées,
  2. De les protéger par une procédure illusoire contre le châtiment des meurtres qu'ils auraient commis sur la personne des habitants de ces province,
  3. De détruire notre commerce avec toutes les parties du monde,
  4. De nous imposer des taxes sans notre consentement,
  5. De nous priver dans plusieurs cas du bénéfice de la procédure par jurés,
  6. De nous transporter au-delà des mers pour être jugés à raison de prétendus délits,
  7. D'abolir dans une province voisine le système libéral des lois anglaises, d'y établir un gouvernement arbitraire et de reculer ses limites, afin de faire à la fois de cette province un exemple et un instrument propre à introduire le même gouvernement absolu dans ces Colonies,
  8. De retirer nos chartes, d'abolir nos lois les plus précieuses et d'altérer dans leur essence les formes de nos gouvernements,
  9. De suspendre nos propres législatures et de se déclarer lui-même investi du pouvoir de faire des lois obligatoires pour nous dans tous les cas quelconques.
"Il a abdiqué le gouvernement de notre pays, en nous déclarant hors de sa protection et en nous faisant la guerre. Il a pillé nos mers, ravagé nos côtes, brûlé nos villes et massacré nos concitoyens. En ce moment même, il transporte de grandes armées de mercenaires étrangers pour accomplir l'oeuvre de mort, de désolation et de tyrannie qui a été commencée avec des circonstances de cruauté et de perfidie dont on aurait peine à trouver des exemples dans les siècles les plus barbares, et qui sont tout à fait indignes du chef d'une nation civilisée. Il a excité parmi nous l'insurrection domestique, et il a cherché à attirer sur les habitants de nos frontières les Indiens, ces sauvages sans pitié, dont la manière bien connue de faire la guerre est de tout massacrer, sans distinction d'âge, de sexe ni de condition.

"Dans tout le cours de ces oppressions, nous avons demandé justice dans les termes les plus humbles. Nos pétitions répétées n'ont reçu pour réponse que des injustices répétées. Un prince dont le caractère est ainsi marqué par les actions qui peuvent signaler un tyran est impropre à gouverner un peuple libre.

"Nous n'avons pas non plus manqué d'égards envers nos frères de la Grande-Bretagne. Nous les avons de temps en temps avertis des tentatives faites par leur législature pour étendre sur nous une injuste juridiction. Nous leur avons rappelé les circonstances de notre émigration et de notre établissement dans ces contrées. Nous avons fait appel à leur justice et à leur magnanimité naturelle, et nous les avons conjurés, au nom des liens d'une commune origine, de désavouer ces usurpations qui devaient inévitablement interrompre notre liaison et nos bons rapports. Eux aussi ont été sourds à la voix de la raison et de la consanguinité. Nous devons donc nous rendre à la nécessité qui commande notre séparation et les regarder, de même que le reste de l'humanité, comme des ennemis dans la guerre et des amis dans la paix.

"En conséquence, nous, les représentants des Etats-Unis d'Amérique, assemblés en Congrès général, prenant à témoin le Juge suprême de l'univers de la droiture de nos intentions, publions et déclarons solennellement au nom et par l'autorité du bon peuple de ces Colonies,
  1. Que ces Colonies unies sont et ont le droit d'être des Etats libres et indépendants,
  2. Qu'elles sont dégagées de toute obéissance envers la Couronne de la Grande-Bretagne,
  3. Que tout lien politique entre elles et l'Etat de la Grande-Bretagne est et doit être entièrement dissous,
  4. Que, comme les Etats libres et indépendants, elles ont pleine autorité de faire la guerre, de conclure la paix, de contracter des alliances, de réglementer le commerce et de faire tous autres actes ou choses que les Etats indépendants ont droit de faire,
  5. Et pleins d'une ferme confiance dans la protection de la divine Providence, nous engageons mutuellement au soutien de cette Déclaration, nos vies, nos fortunes et notre bien le plus sacré, l'honneur."


[Traduction en français réalisé par Thomas Jefferson]


3° Signataires de la Déclaration d'Indépendance.

  • John Hancock (Massachusetts), en tant que Président d'assemblée.

    • New Hampshire:
        2. Josiah Bartlett.
        3. William Whipple.
        4. Matthew Thornton.

    • Massachusetts:
        5. Samuel Adams.
        6. John Adams.
        7. Robert Treat Paine.
        8. Elbridge Gerry.

    • Rhode Island:
      • 9. Stephen Hopkins.
        10. William Ellery.

    • Connecticut:
        11. Roger Sherman.
        12. Samuel Huntington.
        13. William Williams.
        14. Oliver Wolcott.

    • New York:
        15. William Floyd.
        16. Philipp Livingston.
        17. Francis Lewis.
        18. Lewis Morris.

    • New Jersey:
        19. Richard Stockton.
        20. John Witherspoon.
        21. Francis Hopkinson.
        22. John Hart.
        23. Abraham Clark.

    • Pennsylvanie:
        24. Robert Morris.
        25. Benjamin Rush.
        26. Benjamin Franklin.
        27. John Morton.
        28. George Clymer.
        29. James Smith.
        30. George Taylor.
        31. James Wilson.
        32. George Ross.

    • Delaware:
        33. Caesar Rodney.
        34. George Read.
        35. Thomas McKean.

    • Maryland:
        36. Samuel Chase.
        37. William Paca.
        38. Thomas Stone.
        39. Charles Carroll de Carollton.

    • Virginie:
        40. George Wythe.
        41. Richard Henry Lee.
        42. Thomas Jefferson.
        43. Benjamin Harrison.
        44. Thomas Nelson junior.
        45. Francis Lightfoot Lee.
        46. Carter Braxton.

    • Caroline du Nord:
        47. William Hooper.
        48. Joseph Hewes.
        49. John Penn.

    • Caroline du Sud:
        50. Edward Rutledge.
        51. Thomas Heyward, Jr.
        52. Thomas Lynch, Jr.
        53. Arthur Middleton.

    • Géorgie:
        54. Button Gwinnett.
        55. Lyman Hall.
        56. George Walton.

    Portée de la Déclaration d'indépendance.

    1° Dans l'histoire américaine.

    La Déclaration d'indépendance a un grand retentissement en Amérique du Nord. Le texte sert de propagande aux "Patriotes" américains pendant tout le conflit qui les oppose à la Grande-Bretagne, et fait partie des textes fondateurs de la nouvelle nation américaine, aux côtés de la Constitution en 1787 et de la "Déclaration des Droits" (Bill of Rights) de 1789.

    Le 4 juillet marque le véritable acte de naissance des Etats-Unis. La Déclaration est lue en 1776 dans toutes les églises de Boston, et placardée dans les villes et les villages. Elle servira de modèle à la "Déclaration des Sentiments" (Declaration of Sentiments) en 1848, signée par les délégués de la première convention sur les droits de la femme, à Seneca Falls, New York.

    Pendant la Guerre de Sécession, dans son discours de la Gettysburg Address en 1863, le Président de l'Union Abraham Lincoln met en valeur l'importance de la Déclaration dans l'histoire du pays: "Four score and seven years ago our fathers brought forth on this continent, a new nation, conceived in liberty, and dedicated to the proposition that all men are created equal."

    Le texte est également repris par Martin Luther King, dans son célèbre discours "I have a dream". Le document d'origine est conservé dans le batiment des "Archives nationales des Etats-Unis", à Washington DC.


    2° Dans le monde entier.

    La Déclaration d'indépendance américaine fonde la première nation décolonisée du Monde, bien que l'indépendance ne soit officiellement reconnue qu'en 1783 avec le Traité de Versailles. Elle influencera, en France, les rédacteurs de la "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen" de 1789. Au milieu du 20ème siècle, elle servira de référence aux leaders indépendantistes vietnamiens comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation de l'Indochine.


    3° Dans la culture populaire.

    Dans le film "Benjamin Gates et le Trésor des Templiers" de Jon Turtletaub (2004), le héros incarné par Nicolas Cage vole la Déclaration d'indépendance.



    Article modifié le 14 juin 2015.


    Sources principales:
    History of the United States (Wikipedia.org)
    • Elise Marienstras, Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande, 2005.
    • Jacques Binoche, "Histoire des Etats-Unis", Paris, Ellipses, 2003.

  • Guerre d'indépendance (1775-1783) - Histoire et organisation des Treize Colonies britanniques

    Les Treize Colonies d'Amérique du Nord sont les colonies fondatrices des Etats-Unis d'Amérique. Elles sont situées entre la Nouvelle-Ecosse et la Floride, et entre l'Atlantique et les Appalaches. Unies en 1775, elles signent la "Déclaration d'indépendance" des Etats-Unis d'Amérique en 1776 et se séparent définitivement de la Grande-Bretagne. Cet évènement provoque la Guerre d'indépendance et aboutit en 1783 à l'émergence de la République américaine, les "Etats-Unis d'Amérique".

    Aux 17ème et 18ème siècles, l'histoire de ces Treize Colonies est partie liée avec celle des colonies européennes du Nouveau Monde, et plus particulièrement des autres territoires britanniques en Amérique du Nord ("Indes Occidentales" ou West Indies). Différenciées quant à leur statut et leur origine politique, elles sont marquées par une grande hétérogénéité.




    Fondation des colonies britanniques d'Amérique.

    A la fin du 16ème et au début du 17ème siècle, la Grande-Bretagne se lance dans une politique de conquêtes coloniales. Les rivalités avec la France et l'Espagne, la volonté de devenir une puissance maritime et de découvrir le passage du Nord-Ouest vers l'océan Pacifique encouragent Londres à explorer puis coloniser l'Amérique du Nord.

    Video ci-dessous: Histoire de l'Amérique. Série documentaire réalisée en 2013 pour Nat Geo Channel. EP 01/10: les rebelles.



    Treize colonies britanniques d'Amérique du Nord:
    1. Virginie, fondée 1607 par la "Compagnie de Londres". Devenue colonie royale en 1624.
    2. Massachusetts, fondée en 1620 par les Puritains du Mayflower. Devenue colonie royale en 1691.
    3. New Hampshire, fondée en 1623 par John Mason. Devenue colonie royale en 1679.
    4. Maryland, fondée en 1634 par Lord Baltimore. Devenue colonie royale en 1688-1715.
    5. Connecticut, fondée en 1635 par Thomas Hooker.
    6. Rhode Island, fondée en 1636 par Roger Williams.
    7. Delaware, fondée en 1638 par Peter Minuit.
    8. Caroline du Nord, fondée en 1653 par des Virginiens. Devenue colonie royale en 1729.
    9. Caroline du Sud, fondée en 1663 par des nobles britanniques. Devenue colonie royale en 1729.
    10. New Jersey, fondée en 1664 par Lord Berkeley et Lord Carteret. Devenue colonie royale en 1702.
    11. New York, fondée en 1664 par le Duc d'York. Devenue colonie royale en 1685.
    12. Pennsylvanie, fondée en 1682 par William Penn.
    13. Géorgie, fondée en 1732 par James Edward Oglethorpe. Devenue colonie royale en 1752.



    14. 1° Virginie.

      En 1584, Sir Walter Raleigh (1554-1618) explore les côtes de la Virginie, qu'il baptise en l'honneur de la reine Elizabeth Ière.

      En 1585, une colonie est fondée sur une île de la côte est, mais elle échoue dans des conditions non élucidées. Le mathématicien Thomas Harriot qui accompagne Raleigh dresse une première carte de la région.

      Le roi Jacques Ier (1603-1625) hérite du territoire compris entre le 34ème et le 45ème degré de latitude nord, qu'il partage entre la "Compagnie de Londres" et la "Compagnie de Plymouth". Ces deux dernières espèrent découvrir des mines d'or et d'argent. C'est finalement la pêche à la morue au nord et la culture du tabac au sud qui deviendront les bases de l'économie coloniale.

      La fertilité du sol attire de nouveaux colons, et l'émigration est favorisée par les troubles politiques et religieux. La ville de Jamestown est fondée en 1607 par les envoyés de la Compagnie de Virginie, sur les terres d'un chef Potomac Powathan: elle compte à cette époque une centaine d'habitants. L'agriculture et les conditions de vie sont mauvaises pour les colons car les terres sont insalubres.



      2° Massachusetts.

      A partir de 1605, Pierre Dugua de Mons et Samuel de Champlain explorent la côte au sud du Canada jusqu'au cap Cod.

      En novembre 1620, une centaine de puritains débarquent du HMS Mayflower et fondent Plymouth (Massachusetts). Le mode d'organisation de la colonie est discuté à bord du navire: c'est le Mayflower Compact. Les Pères pélerins nouent des relations de voisinage distant avec les indigènes, qui leur permettent de survivre, en leur donnant du maïs, des potirons et des dindons: en 1621 est célébré le premier Thanksgiving ("Jour de Grâce").

      Photo ci-dessous: arrivée du Mayflower sur la côte du Massachusetts, en novembre 1620.


      Les querelles religieuses en Angleterre renforcent l'arrivée de nouveaux puritains dans cette région. Mais il y a aussi de nombreux protestants allemands qui fuient la misère et les persécutions religieuses. On compte ainsi 10,000 Allemands calvinistes avant l'indépendance.

      Les puritains de Boston et de Providence se lancent dans le commerce triangulaire. Ils achètent des esclaves en Afrique et les revendent en Virginie, au Maryland ou sur les marchés antillais.

      Au milieu du 17ème siècle, Boston est devenue avec ses 3,000 habitants le centre de la Nouvelle-Angleterre. Des missionnaires tentent d'évangéliser les Indiens. De nouveaux groupes de protestants arrivent en Nouvelle-Angleterre: Anabaptistes et Quakers, qui sont persécutés au Massachusetts et qui finiront par s'établir dans des colonies voisines.


      3° New York et les Colonies du Centre.

      D'abord exploré par Giovanni da Verrazano pour le compte de la France en 1524, le site de New York est ensuite reconnu par Henry Hudson en 1609. Le navigateur britannique reconnaît la baie de New York puis baptise le fleuve en son nom, l'Hudson River.

      Les Hollandais occupent ensuite la Nouvelle-Amsterdam dès 1614. En 1626, le directeur de la colonie Peter Minuit achète l'île de Manhattan aux Amérindiens.

      En 1664, le roi Charles II d'Angleterre offre la Nouvelle-Amsterdam à son frère, le Duc d'York. Les Britanniques s'emparent de New York au cours de la même année, chassant les colons hollandais et suédois qui s'y étaient installés.

      Les fondations se multiplient dans les années 1630-1640: Sir George Calvert, "Lord Baltimore", crée la colonie du Maryland en 1632. Elle accueille les Catholiques persécutés en Angleterre. Le Rhode Island apparaît en 1638 par l'action d'Anne Hutchinson.


      4° Pennsylvanie.

      Plus au sud, l'exploration de la vallée du Delaware commence au début du 17ème siècle. Les premiers colons suédois, hollandais et britanniques revendiquent tour à tour les rives du fleuve: la Nouvelle-Suède, fondée en 1638, est annexée aux Nouveaux-Pays-Bas en 1655. Puis la région passe définitivement sous domination britannique en 1674.

      En 1681, le Roi d'Angleterre Charles II octroie une charte au Quaker William Penn (1644–1718), en échange de l'annulation d'une dette que le gouvernement devait à son père. Par ce document, la colonie de Pennsylvanie est officiellement fondée.


      5° Caroline du Nord et Caroline du Sud.

      Découverte en 1512 par l'Espagnol Juan Ponce de Leon, cette région est concédé en 1584 par Elisabeth à Walter Raleigh, qui tente, mais sans succès, d'y former un établissement.

      En 1562, le Français Jean Ribault, envoyé par Charles IX, s'établit dans la Caroline du Sud, et donna au pays le nom de Caroline, en l'honneur de ce roi. Mais en 1565 les Espagnols surprennent la colonie française et la massacent. Quelque années plus tard, Dominique de Gourgues est envoyé contre les Espagnols avec trois vaisseaux pour venger le massacre des Français, mais il n'essaie pas de rétablir la colonie.

      En 1663, en remerciement de leur soutien lors de la Première révolution britannique, Charles II d'Angleterre donne les terres à huit propriétaires: le chancelier Edouard Hyde, 1er comte de Clarendon, le général George Monck, duc d'Albemarle, lord Craven, lord John Berkeley, lord Anthony Ashley Cooper, comte de Shaftesbury, sir George de Carteret et sir William Berkeley.

      En 1729, leurs descendants cédent la propriété au gouvernement britannique. La Couronne britannique divise tout le pays en deux colonies. Le philosophe anglais John Locke donne en 1670 une constitution à la Caroline du Nord, mais celle-ci ne pourra être appliquée.


      6° Géorgie.

      Avec l'établissement de la ville de Savannah en 1732, la colonie de Géorgie est établie par James Edward Oglethorpe pour contrer l'expansionnisme espagnol depuis la Floride. elle doit également accueillir des migrants emprisonnés en Angleterre pour dette. Son nom est un hommage au Roi George II d'Angleterre. A cette date, l'esclavage est interdit, jusqu'en 1749. En 1775, elle comptera quelque 35,000 habitants.

      Carte ci-dessous: En bleu, territoires ayant été à un moment ou un autre contrôlés par la France, de 1534 à 1803. En rouge: Treize Colonies britanniques originelles.



      Suppression des Chartes.

      A partir de 1686, l'Angleterre change de politique coloniale et supprime les chartes octroyées au colons d'Amérique. La Nouvelle-Angleterre devient dominion (Commonwealth) de la Couronne, administrée par un gouverneur nommé et révocable par le Roi.

      La glorieuse révolution en Angleterre provoque des soulèvements parmi les colons américains qui ne reconnaissent pas la nouvelle dynastie en Angleterre.

      Le Connecticut gardera ainsi sa charte royale jusqu'en 1818.

      En 1700, douze des treize colonies ont été fondées. La treizième, la Géorgie, rejoindra les possessions britanniques en 1733.


      Colonies britanniques au 18ème siècle.

      1° Caractéristiques géographiques générales.

      Les Treize colonies britanniques s'étendent sur plusieurs centaines de kilomètres le long de la côte atlantique. A cette époque, il faut plusieurs semaines de navigation pour rejoindre l'Europe. Les communications entre les colonies sont lentes et souvent difficiles: les routes existantes sont en mauvais état et il existe peu de ponts.


      2° Description.

      Selon l'usage et par commodité, on dénombre du Nord au Sud, trois sous-ensembles parmi ces colonies et provinces. Nous indiquons les colonies qui les composent, suivies entre parenthèses du nom de l'actuel ou des actuels Etats correspondants.

      1. La Nouvelle-Angleterre (New-England):
        • Province du New-Hampshire (New Hampshire).
        • Colonie, puis Province, de la baie du Massachusetts (Massachusetts, Maine).
        • Colonie de Rhode Island et des plantations de Providence (Rhode Island).
        • Colonie du Connecticut (Connecticut).

        Photo ci-dessous: Old State House, construit en 1713 à Boston. Ce bâtiment accueillait les assemblées de la colonie du Massachusetts.


        Les colonies du nord forment la Nouvelle-Angleterre, dont la capitale et la ville la plus peuplée est Boston. Les premiers colons européens de la Nouvelle-Angleterre sont des puritains anglais en quête de liberté religieuse. Ils donnent à l'organisation politique régionale son trait distinctif, les Town Meetings, réunions des habitants de chaque ville, souvent annuelles, pour y discuter les sujets politiques locaux et voter les décisions.

        Le peuplement des colonies est relativement homogène, pour l'essentiel constitué d'habitants des îles britanniques. En l'absence de terre fertile pour l'agriculture, la région s'est tournée vers l'artisanat et le commerce, notamment maritime, avec une importante flotte de commerce, et la pêche, notamment celle à la baleine, qui sont devenues les industries dominantes.

      2. Colonies médianes ou du Centre (Middle Colonies):
        • Province de New York (New York, Vermont).
        • Province du New Jersey (New Jersey).
        • Province de Pennsylvanie (Pennsylvanie).

        Les colonies du centre ont connu un peuplement d'origines diverses: dès le 17ème siècle se sont installées des communautés scandinaves, hollandaises, allemandes. L'agriculture y était diversifiée et l'élevage omniprésent.

      3. Colonies du Sud (Southern colonies):
        • Province de Nouvelle-Hollande (sous domination néerlandaise), puis trois comtés du Delaware, sous la juridiction de la province de Pennsylvanie, et enfin province du Delaware.
        • Colonie et dominion (Commonwealth de Virginie). Virginie, Virginie-Occidentale et Kentucky.
        • Province du Maryland (Maryland).
        • Province de Caroline du Nord (Caroline du Nord et Tennessee).
        • Province de Caroline du Sud (Caroline du Sud).
        • Province de Géorgie (Géorgie).

        Photo ci-dessous: Mount Vernon, propriété et plantation de George Washington en Virginie.


        Marquées par un climat subtropical, les colonies du sud ont une économie dynamique tournée vers l'agriculture commerciale, destinée à l'exportation: tabac, indigo, céréales, ... Elles utilisent une main d'oeuvre servile travaillant sur de grandes exploitations aux mains des riches planteurs.

        L'aristocratie blanche vit sur ces grands domaines et se fait construire de belles demeures. Le Sud est majoritairement rural, les villes comme Charleston et Norfolk y sont rares et relativement peu peuplées. La population d'origine africaine (esclaves) est plus nombreuse que dans les autres colonies du centre ou en Nouvelle-Angleterre.

      Certains ouvrages évoquent un quatrième ensemble, les colonies dite "de la baie de Chesapeake", ou Cheasapeake Colonies, pour désigner les provinces de Maryland et de Virginie.


      Organisation politique.

      1° Pouvoir central.

      L'organisation politique des colonies britanniques est radicalement différente de celle dans l'empire colonial espagnol à la même époque: il n'existe pas de vice-roi, mais une autorité centralisée à Londres.

      Le pouvoir exécutif revient au Conseil privé qui comprend le "Secrétaire d'Etat au département du Sud" (Secretary of State for the Southern Department), ce dernier s'occupant plus spécifiquement des colonies américaines. Il devient en 1768 le "Secrétaire d'Etat aux colonies de la Grande-Bretagne". Le "Bureau du Commerce" (Board of Trade), créé en 1696 comme auxiliaire du Conseil privé pour les affaires coloniales, compte une quinzaine de membres. Après 1752, il exerce une autorité grandissante sur la politique coloniale en envoyant ses instructions aux gouverneurs.


      Le Parlement britannique s'occupe de la politique commerciale, militaire et monétaire de même qu'une partie des affaires criminelles. Les lois qui en émanent et qui s'inspirent des théories mercantilistes, régulent l'activité commerciale avec les colonies. La législation coloniale est donc votée par le Parlement britannique et doit recevoir l'approbation du Conseil Privé. Elle ne peut être abrogée que par les parlementaires ou le Roi d'Angleterre.


      2° Différents statuts.

      Chaque colonie possède un statut propre qui dépend de son histoire mais au-delà des différences institutionnelles on peut distinguer trois catégories:
      • "Colonies à Chartes": dont le statut dépend de chartes octroyées par le souverain à des compagnies maritimes privées. La charte définit les règles politiques de la colonie. Dans les années 1770, seules les colonies du Rhode Island et du Connecticut bénéficient de ce statut. Ces deux colonies sont sans doute celles qui jouissent de la plus grande autonomie du fait de l'existence de corps constitués. Le gouverneur et les principaux administrateurs, comme le "Lieutenant-gouverneur", sont élus par une assemblée coloniale. Aux yeux des contemporains, comme pour Filippo Mazzei, ces colonies sont proprement démocratiques.
      • "Colonies de Propriétaires": leurs statuts politiques ont été définis lors de la reconnaissance par Londres de la fondation de la colonie. Ils reposent donc sur l'initiative d'un grand personnage, que l'on nomme le "Propriétaire", en anglais Lord Proprietor. L'exemple le plus connu est celui de la Pennsylvanie, quand, en 1681, Charles II cède à William Penn, les territoire qui correspondent aux provinces de Pennsylvanie et du Delaware et lui accorde en 1683, une Frame of Government, ou "Ossature du Gouvernement". A l'origine, le fondateur fait office de gouverneur. Avec le temps, le gouverneur est désigné par les héritiers du fondateur de la colonie et leur choix doit être ratifié par Londres. En 1776, John Penn (1729-1795), petit-fils du propriétaire William Penn, exerce les fonctions de lieutenant-gouverneur de la Pennsylvanie. Les provinces comprises entre la Nouvelle-Angleterre et le Maryland ont originellement pour propriétaire le duc d'York. La Géorgie, les Carolines et le New-Jersey bénéficient d'un statut similaire mais à la veille de l'Indépendance, les colonies à Charte sont au nombre de trois: la Pennsylvanie, le Maryland et le Delaware.
      • "Colonies de la Couronne ou royales": le New-Hampshire, le Massachusetts, la province de New-York, le New Jersey, le dominion ou Commonwealth de Virginie, les deux Caroline du Nord et du Sud, et la Géorgie. Elles bénéficient d'une constitution rédigée par la couronne. On entend par "Constitution", une somme des textes fondateurs, d'instructions successives données aux gouverneurs, modérées par l'expérience et la tradition. Pour autant, l'idée de constitution au sens "moderne" fait son chemin. Ce sont les Colonies où le contrôle et l'influence de la métropole sont par nature les plus réduits: le gouverneur nomme les administrateurs et dispose d'un droit de veto sur les discussions des assemblée locales. Un droit de veto renforcé par celui du Conseil Privé qui peut rejeter les décisions du gouverneur. Ce dernier peut enfin dissoudre ou ajourner l'"Assemblée coloniale" (Colonial Assembly). Une exception, celle de la province de la Baie du Massachusetts, qui bien que titulaire d'une charte (1691) est une colonie de la Couronne britannique.

      A la veille de la Révolution américaine, seules les colonies du Connecticut et du Rhode Island maintiennent leur statut de colonie à charte. Les onze autres disposent alors de régimes similaires, même si la terminologie des institutions pouvait varier d'une colonie à l'autre.

      En somme, les provinces et colonies jouissent d'organisations profondément diverses. L'existence de nombreux privilèges imposent leur marque au système institutionnel colonial. La présence et l'influence d'assemblées coloniales, l'éloignement de la métropole entraînent de fait une large autonomie judiciaire et même politique au sein des colonies. L'historien Gordon S. Wood caractérise ce système comme un "conglomérat de privilèges locaux et de libertés".


      3° Gouverneurs.

      Le rôle du gouverneur évolue tout au long de la période coloniale. Au temps des premières fondations, ce personnage dirige la colonisation et l'organisation du territoire. Ensuite, les gouverneurs furent souvent absents de leur poste: la fonction était considérée alors comme une source de revenus. Au 18ème siècle, les gouverneurs sont appointés par le Secrétaire d'Etat responsable des colonies. Il reçoit des instructions du Board of Trade.

      Les pouvoirs du gouverneur sont larges: il doit apporter son approbation à chaque loi. Il nommait les juges, commande la milice et peut dissoudre l'assemblée coloniale. Il dispose des forces armées, de la marine britannique et des forces régulières de la colonie. Ils sont secondés dans leurs tâches par les agents des douanes ou encore les enquêteurs des revenus royaux. Leur mode de désignation dépendait du statut de la colonie:
      • Ils sont désignés et révocables par le conseil privé dans les colonies royales.
      • Par les propriétaires dans les colonies de propriétaires.
      • Par les citoyens dans les colonies à chartes.

      4° Conseil du gouverneur.

      Le "Conseil du Gouverneur" (Governor's Council ou Governor's Court) possède des attributions judiciaire, administrative et législative. Equivalent d'une chambre haute, il joue un rôle consultatif. Son personnel est choisi par le gouverneur, comme il l'entend, même si le choix était théoriquement soumis à l'accord de la métropole. Lorsqu'un gouverneur entre en fonction, il peut garder ou changer les membres de son conseil. Ces derniers ne sont pas rémunérés et exercent souvent une activité professionnelle en parallèle: la plupart sont des avocats, mais on troue également des marchands, surtout dans les colonies du nord, et des planteurs, dans le sud.

      En l'absence du gouverneur ou pendant les périodes d'intérim, c'est le Conseil qui assurait le pouvoir exécutif. Il siège en permanence. Il est dirigé par un "Président du Conseil" (President of the Council) ou "Lieutenant-Gouverneur" (Lieutenant Governor). Les lois élaborées par l'assemblée sont soumises à l'approbation du conseil.


      5° Assemblée Générale.

      L'"Assemblée Générale" (General Assembly), est élue par les citoyens des towns et de comtés. En vertu du suffrage censitaire, le droit de vote n'est accordé qu'aux hommes blancs le plus souvent propriétaires ou appartenant à une Eglise particulière, ce qui représente les trois quarts des habitants. Les femmes, les esclaves et les plus pauvres sont exclus du Corps électoral. L'Assemblée discute et règle les problèmes locaux, mais aussi le budget et l'équipement de la milice. Elle peut envoyer des agents afin de présenter des pétitions et des requêtes à Londres. Contrairement au Conseil, sa session n'est pas permanente et elle est renouvelée chaque année.


      6° Evolution politique.

      L'éloignement et l'immensité du territoire colonial permet aux colons américains de disposer d'une relative autonomie locale. Le pouvoir législatif des colonies, confirmé par le Roi d'Angleterre, demeure cependant inférieur à celui de la métropole: les lois britanniques priment sur les lois locales. Pourtant, au cours de la période coloniale, on constate un renforcement du pouvoir des Assemblées locales. Celles-ci n'hésitent pas à empiéter sur les prérogatives des gouverneurs en usant de leur droit de regard sur les finances: il s'agit d'une montée en puissance du "régime d'Assemblées".

      Après 1763, Londres cherchera à renforcer son autorité face à cette relative indépendance des Assemblées coloniales.


      Population et démographie des Treize Colonies.

      1° Démographie générale.

      Vers 1770, la population totale des Treize Colonies s'élève à environ 2.1 millions d'habitants. Depuis leur fondation, elles ont connu une forte croissance démographique liée à l'immigration mais aussi à une importante natalité. En 1790, date du premier recensement des Etats-Unis, on compte 3.8 millions d'habitants, dont 700,000 esclaves. Comparée à la superficie totale, la densité de population est relativement faible. La plupart des colons vivent à la campagne et la population se concentre sur les abords du littoral, où se trouvent les principales villes. La Pennsylvanie et le Massachusetts représentent alors les territoires les plus peuplés.


      2° Composition ethnique et religieuse.

      Au 17ème siècle, les colonies sont essentiellement composées de populations anglaises protestantes. Mais dès la fin du siècle on note l'arrivée de populations serviles noires et de migrants européens, principalement des Irlandais presbytériens et catholiques, des Gallois, des Ecossais, des Français catholiques et protestants, et des groupes germanophones calvinistes.

      A la veille de l'indépendance, 30% de la population des Treize Colonies sont d'origine non-anglaises.

      L'importance numérique des Afro-américains est notable: entre 1750 et 1780, leur nombre passe de 236,000 à 575,000. La plupart des esclaves noirs et des métis se concentrent dans les colonies du Sud. Les Colonies du sud ont un fort pourcentage de populations serviles, qui avoisinent les 40% du total de la population dans les années 1770, quand les pourcentages pour la Nouvelle-Angleterre et les Colonies du Centre sont respectivement de 3% et 6% à la même date. Une minorité de Noirs affranchis vivent dans les villes, principalement en Nouvelle-Angleterre.

      Dans les limites du territoire américain de 1790, le nombre d'Amérindiens est évalué entre 100,000 et 200,000 personnes. La plupart sont des "Indiens des Forêts", parfois organisés en Confédérations, telle la Confédération iroquoise. Pendant les guerres entre Européens, puis la guerre d'indépendance, les Amérindiens jouent des rivalités européennes et combattent dans les deux camps.


      3° Rapports entre Blancs et Amérindiens.

      Pocahontas épouse l'Anglais John Rolfe en 1613. Les traiteurs des Carolines se sont mariés avec des Amérindiennes. Au 18ème siècle, sir William Johnson, surintendant des affaires indiennes de la colonie de New York, s'habillait comme un Indien et avait pris pour compagne une Iroquoise dont il eut huit enfants. Les Mountain Men ("Hommes des Collines" ou "Montagnards") et autres aventuriers s'établissent dans les communautés indiennes.

      Les relations entre Amérindiens et Colons ne sont pas toujours conflictuelles: en 1621, les colons du Mayflower sont sauvés de la famine par le chef Massasoit. C'est l'origine de Thanksgiving. Les Quakers et William Penn en Pennsylvanie ont des relations amicales avec les Indiens, suivant les principes d'égalité et de paix, jusqu'au milieu du 18ème siècle. Dans le Massachusetts, John Eliot cherche à évangéliser et éduquer les populations amérindiennes locales. Thomas Paine part vivre dans une communauté d'Iroquois et apprend leur langue. Certains puritains tentent de limiter la diffusion de l'alcool chez les indigènes.


      4° Urbanisation.

      Quelques dates de fondation de villes: Jamestown (Virginie) 1607, Plymouth (Massachusetts) 1620, Philadelphie (Pennsylvanie) 1681.

      Les colonies ne connaissent en 1770 qu'une faible urbanisation, principalement concentrée en Nouvelle-Angleterre et dans les colonies médianes.

      Dans la deuxième moitié du 18ème siècle, Philadelphie est devenue la ville la plus peuplée des Treize colonies: 45,000 habitants en 1780, dépassant Boston. Elle dispute même à Dublin la place de deuxième ville de l'empire britannique en dehors de l'Angleterre. La même année, New York compte 21,000 habitants et Boston 15,000: ce sont les plus grandes agglomérations après Philadelphie.


      5° Treize Colonies en quelques chiffres.

      • Evolution de la population coloniale,
        • Nouvelle-Angleterre: 90,000 (1700). 360,000 (1750). 581,000 (1770).
        • Colonies du Centre: 55,000 (1700). 296,000 (1750). 556,000 (1770).
        • Colonies du Sud: 105,000 (1700). 514,000 (1750). 1.01 million (1770).
        • Ensemble des Colonies: 250,000 (1700). 1.17 million (1750). 2.148 millions (1770).
      • Recensement de la population par colonie en 1770,
        • Maryland: 202,559 (63,818 esclaves)
        • Virginie: 447,016 (187,600 esclaves)
        • Caroline du Nord: 197,200 (69,600 esclaves)
        • Caroline du Sud: 124,244 (75,178 esclaves)
        • Géorgie: 23,375 (15,000 esclaves)
        • Massachussetts: 235,308 (4,754 esclaves)
        • Connecticut: 183,881 (5,698 esclaves)
        • New Hampshire: 62,396 (654 esclaves)
        • Rhode Island: 58,196 (3,761 esclaves)
        • Delaware: 35,496 (1,836 esclaves)
        • New York: 162,920 (19,062 esclaves)
        • New Jersey: 117,431 (8,220 esclaves)
        • Pennsylvanie: 240,057 (5,561 esclaves)

      Cartes ci-dessous: 1° Densité de population des Treize Colonies en 1775. 2° Treize colonies et tribus amérindiennes en 1763.



      THIRTEEN-COLONIES


      Article modifié le 14 juin 2015.


      Sources principales:
      History of the United States (Wikipedia.org)
      • Elise Marienstras, Naomi Wulf, "Révoltes et révolutions en Amérique", Atlande, 2005.
      • Jacques Binoche, "Histoire des Etats-Unis", Paris, Ellipses, 2003.