20-25 décembre 1944 - Bataille des Ardennes: Hotton et Manhay, combats devant l'Ourthe

Le 17 décembre 1944, lorsque la 116ème Division panzer et la 560ème Division de volksgrenadiers du LVIII Panzerkorps, commandé par le général Walter Krüger, percent le front du 112ème Régiment de la 28ème Division d'infanterie américaine, elles se retrouvent devant un vide créé par le repli du 110ème Régiment vers l'ouest et Bastogne, et celui du 112ème Régiment vers le nord et Saint-Vith.

Les seules troupes alliées encore présentes entre les Allemands et l'Ourthe sont la 9ème Compagnie forestière canadienne et deux bataillons du génie de combat américain, en train de reconstruire des ponts à La Roche et en aval sur la branche occidentale de l'Ourthe, et quelques unités de soutien logistique et administratif de la 7ème Division blindée américaine. Le LVIII Panzerkorps s'interesse particulièrement à un carrefour routier situé à 17km au nord-ouest de La Roche: Hotton.




Combats pour le carrefour d'Hotton (20-25 décembre 1944).

L'Ourthe a deux sources. L'"Ourthe orientale" prend naissance dans les hauteurs de Saint-Vith et coule vers l'ouest, traverse Houffalize. L'"Ourthe occidentale" prend sa source sur le haut plateau, près de Bastogne et rejoint l'autre branche à huit kilomètres à l'ouest de Houffalize. De là, la rivière se creuse un sillon sinueux à travers le centre de l'Ardenne et se jettent dans la Meuse un peu avant Liège.

Photo ci-dessous: deux chars allemands Panzer-IV et Panther mis hors de combat à Hotton.


Bien qu'elle soit petite et, à beaucoup d'endroits, peu profonde, ses rives sont souvent escarpées. L'Ourthe occidentale et le cours principal de la rivière forment le dernier obstacle naturel avant la Meuse. Car elle marque la fin du relief accidenté de l'Ardenne, et au-delà se trouve le plateau du Condroz, couvert de terres agricoles et de pâtures en pente douce avec, en comparaison avec le massif des Ardennes, peu de fôrets et beaucoup d'axes routiers.

Le 17 décembre 1944, lorsque le LVIII Panzerkorps du général Walther Krüger, composé des 116ème Division panzer et 560ème Division de volkgrenadiers, perce le front du 112ème Régiment de la 28ème Division d'infanterie américaine, il se retrouve devant un vide créé par le repli du 110ème Régiment vers l'ouest et Bastogne, et celui du 112ème Régiment vers le nord Saint-Vith.

Les seules troupes alliées encore présentes entre les Allemands et l'Ourthe sont la 9ème Compagnie forestière canadienne, deux bataillons du génie de combat, en train de reconstruire des ponts à La Roche et en aval sur la branche occidentale de l'Ourthe, et quelques unités de soutien logistique et administratif de la 7ème Division blindée américaine. Le LVIII Panzerkorps s'interesse particulièrement à un carrefour routier situé à 17km au nord-ouest de La Roche: Hotton.

Le matin du 19 décembre 1944, le général Siegfried von Waldenburg a suffisamment réorganisé sa 116ème Division panzer pour envoyer un bataillon de reconnaissance vers l'ouest.

Quand le commandement allemand signale que Houffalize est solidement défendu, alors qu'en fait il ne s'y trouvent que les trains de la 7ème Division blindée, les troupes de reconnaissance de la 116ème Division panzer contournent la localité par le sud et, en début d'après-midi, parviennent sur l'Ourthe occidentale, où elles trouvent le pont démoli.

Lorsque des patrouilles allemandes signalent un pont Bailey américain à quelques kilomètres en amont, à Ortheuville, von Waldenburg saute sur l'occasion et donne aux troupes de reconnaissance l'ordre de s'en emparer.

Mais Krüger, pêchant par excès de prudence, donne un contre-ordre. Celui-ci se dit que les Américains auraient fait sauter le pont à la moindre alerte et qu'en outre, les troupes de reconnaissance de von Waldenburg empiétent sur la zone du XLVII Panzerkorps du général Heinrich von Lüttwitz. Il ordonne donc à von Waldenburg de faire demi-tour vers Houffalize, où entretemps, des patrouilles ont découvert que la ville n'est occupé que par un petit avant-poste américain, et de reprendre l'avance vers l'autre côté du cours principal de l'Ourthe, vers Samrée.

A cause de cette malheureuse décision, ce n'est que le 20 décembre 1944 aux environs de midi que la 116ème Division panzer reprend sa progression vers la Meuse. Une décision lourde de conséquence: elle donne au 18ème Corps aéroporté US du général Matthew Ridgeway, et plus particulièrement à la 82ème Division aéroportée US de James Gavin, le temps de faire mouvement vers Stoumont et Vielsalm (1).

Le matin du 20 décembre 1944,
  • Le Combat Command R (CCR) de la 3ème Division blindée commence à arriver du secteur d'Aix-la-Chapelle, et est articulée en quatre Task Forces, appellée TF-Hogan, TF-Tucker, TF-Orr et TF-Kane.
  • Le CCA/3AD reste en seconde ligne à Eupen, dans le cas où la 6ème Panzerarmee SS franchirait les hauteurs d'Elsenborn.
  • Le CCB/3AD est détourné sur Theux et Spa, pour aider la 30ème Division d'infanterie et la 82ème Division aéroportée contre le Kampfgruppe Peiper, dans la vallée de l'Amblève (1).
Le reste de la 3ème Division blindée, constitué d'un bataillon d'infanterie blindée, d'un bataillon de chars légers M24 Chaffee, d'un bataillon de chars moyen M4 Sherman, d'un bataillon d'artillerie blindée, d'une compagnie du génie blindé, de la logistique et de l'Etat-major du major-général Maurice Rose.

Avec cette dernière petite force, Rose doit défendre un front large de 22 kilomètres, du nord d'Houffalize, sur la grand-route Bastogne-Liège jusqu'au carrefour de Manhay, où la grande-route croise la route celle venant de Trois-Ponts.

Le carrefour de Manhay est assigné à la Task Force commandée par le lieutenant-colonel Matthew Kane (TF-Kane). La Task Force du lieutenant-colonel William Orr (TF-Orr) remonte la vallée de l'Aisne, un affluent de l'Ourthe, pour rejoindre la grand-route La Roche-Salmchateau à Samrée, et poursuivre ensuite jusqu'au carrefour de la N-15 à la Baraque-Fraiture. A droite, la Task Force du lieutenant-colonel Samuel Hogan (TF-Hogan) prend la direction de La Roche.

A Samrée, la TF-Orr tombe nez à nez avec la 116ème Division panzer et, après un bref combat, se replie sur Dochamps. Dans le village, les Allemands capturent un butin de guerre très appréciable de la 7ème Division blindée: 15,000 rations individuelles et 125,000 litres de carburant.

Le 21 décembre 1944, à Hotton, une compagnie de chars Panther de la 116ème Division se présente à 7h30 devant le village, défendu par 120 GIs des troupes logistiques, des secrétaires, des soldats des transmissions, des mécaniciens et des brancardiers, sous le commandement du major Jack Fickessen.

A l'aide d'armes antichars Bazooka, les Américains repoussent pourtant les blindés lourds allemands. Les Panther se retranchent ensuite sur la hauteur dominant la route venant de Soy, où est établit le QG et les réserves de Rose. Fickessen demande par radio des renforts de blindés. Sur ordre de Rose, le colonel Roberts Howze Jr, le commandant du 36ème Bataillon d'infanterie blindée, envoie des chars en renforts.

Mais les chars allemands contrôlant la portion de route Soy-Hotton, ce dernier doit attendre le crépuscule pour envoyer, par des voies détournées, deux peletons de chars et une compagnie d'infanterie blindée.

La compagnie de chars Panther qui se trouve devant Hotton attend également des renforts, mais à Dochamps, la résistance de la Task Force Orr est beaucoup plus forte que von Waldenburg ne le prévoit.

Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1944, la 116ème Division panzer reçoit en renfort la 560ème Division de volkgrenadiers à Dochamps, et la TF-Orr doit se replier sur le hameau d'Amonines, au nord-ouest.

A Marcouray, la Task Force Hogan, après avoir parcouru 7km, tombe sur une colonne de véhicules allemand près de Marcouray et s'arrête.

Le 22 décembre 1944, à Soy, Howze reçoit les renforts du 517ème Régiment de parachutistes, un régiment indépendant placé au repos en France lors du déclenchement de l'offensive allemande. Il tente une nouvelle fois, toujours sans succès, de réouvrir la portion de route Soy-Hotton, les Panther allemands occupant toujours la hauteur dominant la route.

Photo ci-dessous: char Panther mis hors de combat à Hotton, 23 décembre 1944.

A5

En fin d'après-midi, à Hotton, c'est au tour de la 560ème Division de volkgrenadiers d'attaquer, mais ils n'ont pas plus de chance, et sont reçus par "une pluie de projectiles", comme un officier allemand le fit remarquer. Des Panzergrenadiers réussissent à pénètrer dans des maisons de la périphérie, mais la réaction des deux peletons de Sherman maintiennent les Panther allemands à distance.

Dans la nuit du 22 au 23 décembre 1944, les GIs de Fickessen constatent avec stupefaction que les Allemands abandonnent les maisons qu'ils ont occupé et se retirent du village. Ils se demandent ce qu'il se passe?

A la suite de la résistance tenace de Fickessen à Hotton, d'une présence américaine à Soy, des blindés de Orr à Amonines, des blindés de Hogan à Marcouray, le général Walter Krüger en est arrivé à la conclusion qu'il affronte des forces américaines bien supérieures à la réalité.

Krüger a appris la capture de La Roche et que, sur sa droite, la 2ème Division panzer-SS Das Reich s'est emparé d'un pont sur l'Ourthe orientale à Houffalize. Il estime qu'il est plus sage de progresser tout à côté d'une division panzer. Une fois de plus, l'Allemand, maître des contre-marches, donne l'ordre au général Siegfried von Weldenburg, commandant de la 116ème Division panzer, de rebrousser chemin.

Tandis que la 560ème Division de volksgrenadiers poursuit sa tentative de franchissement de l'Ourthe à Hotton, la 116ème Division panzer traverse l'Ourthe à La Roche et poursuit vers la Meuse. Rose dispose de beaucoup moins de forces que ne l'imagine Krüger. L'Américain espère pourtant l'envoi d'un renfort considérable quand le général Courtney Hodge, commandant de la 1ère Armée US, libéra le CCA/3AD de sa position en deuxième ligne à Eupen.

A l'aube du 23 décembre 1944, la plus grande partie de ce Combat Command A est arrivé dans la région d'Eupen, mais l'ordre suit bientôt de l'envoyer le long de l'Ourthe occidentale, de façon à protéger l'arrivée de la 84ème Division d'infanterie à Marche. Cette division d'infanterie était assignée au VII Corps du général Joe Collins, et est destinée à la contre-offensive générale de la 1ère Armée US.

Avec le départ de la 116ème Division panzer, la position critique de Rose s'améliore un peu. Mais comme lui-même et ses hommes s'en aperçoivent bientôt, la 560ème Division de volkgrenadiers est encore très combattive.

Il existe encore un risque réel que les Allemands puissent percer le flanc gauche de Rose. Et effectivement, au carrefour de la Baraque-Fraiture, dans le secteur de la 2ème Division panzer-SS, une nouvelle crise se développe.

Le 24 décembre 1944, à l'aube, Rose reçoit en renfort le 290ème Régiment de la 75ème Division d'infanterie US, une division non aguerrie qui vient juste de débarquer sur le continent. Il l'engage pour reprendre la portion de route entre Hotton et Soy. Cette veille de Noel, une force américaine encerclé cherche une issue: la TF-Hogan, prise au piège dans le village de Marcouray.

Dans la soirée, Rose donne l'ordre à Hogan de saboter son matériel et de rejoindre les lignes américaines à pied. De nuit, leur faces noircies au bouchon brûlé, ayant abandonné leurs casques d'acier pour éviter le bruit, une petite force que la presse américaine nommera bientôt "les 400 de Hogan" abandonne Marcouray. D'abord un peleton de reconnaissance, puis le reste des hommes, par groupes de vingt, avec un intervalle de trente secondes entre les groupes. Hogan fait partie du premier groupe.

Peu avant l'aube, Hogan ordonne à son groupe une halte de plusieurs heures. Ce n'est que bien après le levée du jour qu'il se remet en route. Il finit par rencontrer une unité de la 75ème Division d'infanterie, gagne ensuite en jeep le QG de Rose à Soy, et y découvre que tous ses hommes étaient sains et saufs.

Quand Rose reçoit Hogan, il veut savoir pourquoi il est arrivé le dernier. Hogan pensa à plusieurs réponses héroïques à donner mais décida finalement de s'en tenir à la vérité bien que, pour un robuste Texan habitué à la vie au grand air, ce fût difficile à l'avouer: "J'avais mal aux pieds."

Le 25 décembre 1944, Rose peut également disposer du CCB de la 3ème Division blindée, enfin libéré du combat contre le Kampfgruppe Peiper.


(1) Blogosphère Mara, "18-25 décembre 1944 - Bataille des Ardennes: guerre contre le Kampfgruppe Peiper"


Combats pour le carrefour de Manhay (23-25 décembre 1944).

Au carrefour de la Baraque-Fraiture, dans le secteur de la 2ème Division panzer-SS Das Reich, une nouvelle crise se développe. Ce carrefour se trouve à un point culminant, battu par les vents, où la couche de neige devait bientôt être épaisse. Situé à une altitude de 638 mètres, c'est le second point culminant de la Belgique. La plus grande partie du terrain aux alentours est boisée et marécageuse, tout comme les Hautes Fagnes. Il n'y a pratiquement aucun village, rien que deux ou trois fermes avec leurs dépendances.

Le village auquel le carrefour emprunte son nom se trouve au nord-est à environ un kilomètre. Les axes qui se croisent à la Baraque-Fraiture sont la grand-route Salmchâteau-La Roche, de direction générale est-ouest, et la route principale nord-sud, la nationale N-15, la grand-route Bastogne-Liège passant par Houffalize. Bien que le terrain près du carrefour soit dégagé, partout il est entouré d'épaisses forets de conifères.

Pour le commandement américain qui continue de considérer Liège comme un objectif primordial des Allemands, la Baraque-Fraiture et la nationale N-15 revêt une importance critique. Comme nous l'avons vu, la Task Force Orr assignée au carrefour par Rose ne dépasse pas Samrée.

Dans la matinée du 21 décembre 1944, il y a en tout et pour tout 110 soldats américains présents à la Baraque Fraiture, provenant du 589ème Bataillon d'artillerie de campagne et des services de la 106ème Division ayant échappé à la destruction dans le Schnee Eifel, d'une troupe du 87ème Escadron de reconnaissance de cavalerie blindée de la 7ème Division blindée. L'ensemble hétéroclique est commandé par le major Elliot Goldstein.

Le 22 décembre 1944, le colonel Charles Billingslea, commandant du 325ème Régiment d'infanterie planée de la 82ème Division aéroportée US, envoie la compagnie F du capitaine Junior Woodruff au carrefour, et le reste de son 2ème Bataillon, commadé par le major Richard Gibson, dans le village de Fraiture lui-même.

La grand-route N-15 et la Baraque-Fraiture se trouvent dans la zone d'opération du XVIII Corps aéroporté américain, qui avait à défendre un front large de 40 kilomètres, de Trois-Ponts à Grandmenil.

Conséquence indirecte de l'échec de la 6ème Panzerarmee SS à franchir les hauteurs d'Elsenborn et l'Amblève entre Stavelot et Vielsalm, la menace contre le carrefour de Barraque-Fraiture se contrétise.

En exécution de l'ordre du 20 décembre donné par le maréchal Walter Model, le II Panzerkorps SS de l'Obergruppenführer (2) Wilhelm Bittrich commença sa progression pour effectuer la nouvelle mission. Celle-ci consistait à protéger le flanc nord de la 5ème Panzerarmee qui, à ce moment, fournissait l'effort principal.

L'une des deux divisions de Bittrich est la 9ème Division panzer-SS Hohenstofen commandée par l'Oberführer Sylvester Städler. L'autre est la 2ème Division panzer-SS Das Reich commandée par le Brigadeführer Heinz Lammerding, réapprovisionnée en carburant et munitions. C'est cette dernière qui porte la responsabilité des 99 exécutions de Tulles, d'Oradour-sur-Glane et du massacre de ses 642 habitants, hommes, femmes et enfants, les 9 et 10 juin 1944.

Le 23 décembre 1944 à l'aube, la 2ème Division panzer-SS Das Reich commence par attaquer le 2ème Bataillon de Gibson dans le village de Fraiture. Les Panzer-SS de Lammerding chassent les GIs de plusieurs maisons, mais une contre-attaque de Gibson les en déloge, et les Américains rétablissent la situation.

Au carrefour, les Allemands pilonnent les défenseurs de Goldstein aux mortiers et aux canons. Cherchant de l'aide, Goldstein emmène avec lui un capitaine et un sergent SS prisonniers, comme preuve de ce qu'il affronte. Il se rend en jeep au carrefour de Manhay, où il trouve une Task Force commandée par le lieutenant-colonel Walter B. Richardson, du CCA de la 3ème Division blindée, venue d'Eupen, et une compagnie du 509ème Bataillon indépendant de parachutistes.

Peu après midi, alors que les chars Sherman et les parachutistes font route vers la Baraque Fraiture par la N-15, ils tombent sur un barrage établit par les Panzers-SS sur les arrières des défenseurs du carrefour. Pendant que les parachutistes luttent pour détruire le barrage, les chars américains poursuivent leur progression et arrivent à la Baraque-Fraiture vers 13h.

Les chars et l'infanterie de la Das Reich attaquent le carrefour à 16h. Contre des Tiger de 55 tonnes, les Sherman de 34 tonnes ne peuvent pas grand chose, et succombent tous l'un après l'autre.

A 9h30, après la tombée du la nuit, Woodruff signale par radio à Gibson que la défense du carrefour s'effrondre et demande l'autorisation de se replier sur le carrefour de Manhay. Demande relayée à Billingslea, qui refuse.

Un peu plus tard, Woodruff réitère sa demande: "Les chars allemands écrasent les trous de fusiliers". Cette fois Billingslea accepte. Il ne reste plus rien aux Américains pour stopper les Allemands entre Barraque-Fraiture et Manhay.

A Manhay, Rose ordonne l'ordre à Richardson d'envoyer un peleton d'infanterie blindé et un de chars Sherman, sous l'autorité du second de Richardson, le major Olin Brewster. Cette petite force s'enterre dans la forêt, de par et d'autre la route, à mi-chemin entre Barraque-Fraiture et Manhay, au lieu-dit la "Belle-Haie".

Photo ci-dessous: le carrefour de Manhay le 25 décembre 1944.


En outre, Ridgeway envoie en renfort le 3ème Bataillon du 325ème Régiment d'infanterie planée de la 82ème Division aéroportée dans le village de Regné, à trois kilomètres à l'est du carrefour, soutenir le 2ème Bataillon de Gibson retranché dans Fraiture.

Pour finir, le CCB de la 9ème Division blindée de Hoge envoie une de ses compagnie de chars Sherman et le 27ème Bataillon d'infanterie blindée à Malempré, un village à trois kilomètre au sud-est de Manhay.

Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1944, pour couvrir sa progression vers Manhay, Lammerding envoie une compagnie de panzergrenadiers prendre le village d'Odeigne, défendu par un peleton de Sherman de la TF-Kane du CCB de la 7ème Division blindée, à l'ouest de la N-15, à peu près à la hauteur de la Belle-Haie et de la TF-Brewster.

Dans l'obscurité, les Allemands ont tôt fait de mettre en déroute les six Sherman américains. Toutefois, Lammerding ne peut pas exploiter ce succès tout de suite, avant que ses sapeurs ne rendent praticable un chemin de terre conduisant au village, pour permettre à ses chars de progresser. Le génie ne terminera cette tâche que dans 24 heures, la veille de Noel.

Pour le commandement américain, il devient de plus en plus regrettable que la Nationale N-15 représentât la limite entre la 82ème Division aéroportée et la 3ème Division blindée. Ridgway avait tenté de résoudre le problème en confiant la responsabilité de la grand route à la 3ème Division.

Mais le 23 décembre 1944 en fin d'après-midi, son supérieur, le général Courtney Hodges, commandant de la 1ère Armée américaine, complique encore plus cette situation. Puisque le gros de la 3ème Division blindée était rassemblé dans la zone d'opération du VII Corps du général Joe "Lawton" Collins, Hodges met le CCA de la 3ème Division blindée à sa disposition.

A ce moment, la N-15 est non seulement la limite entre deux divisions, mais également la limite entre deux corps d'armée.

Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1944, la responsabilité de la route N-15 passe au XVIII Corps aéroporté américain de Ridgway. Elle ne repose plus sur la 3ème Division blindée, mais sur les CCA et CCB de la 7ème Division blindée, dégagés du piège de Saint-Vith le 23 décembre.

Bien que la petite Task Force de Brewster appartient à la 3ème Division blindée, personne ne fait rien pour se retirer.

A l'aube du 24 décembre 1944, l'attaque principale de Lammerding débute à partir de la Baraque Fraiture sur la N-15 vers la Belle-Haie. Au même moment, un groupe de chars et d'infanterie de la Brigade Führer Begleit de Otto-Ernst Remer attaque Regné, où le 325ème Régiment d'infanterie planée ne s'est pas encore installé. Le seul peleton de fantassins qui défend le vilage se replie.

En début d'après-midi, James Gavin utilise l'infanterie planée du 325ème Régiment transporté sur les Sherman de Hoge pour reprendre Regné. Sur ordre du maréchal Model, Reimer abandonne Regné. Et peu après, la 82ème Division aéroportée abandonne le village à son tour. Les parachutistes de James Gavin préparent leur redéploiement sur la route Manhay-Trois-Ponts, pour contrecarrer la percée de la 9ème Division panzer-SS Hohenstofen.

A 21h, des chars Panther et des panzergrenadiers de Lammerding se mettent en mouvemant d'Odeigne sur la petite route menant à la N-15 et Manhay. Le groupe d'Américains qui se trouvent sur cette petite route comprennent les compagnies décimées à effectifs réduits du 48ème Bataillon d'infanterie blindée et sept chars du 40ème Bataillon de chars de la 7ème Division blindée.

Les Américains sont rapidement balayés et seul un char Sherman réussit à regagner Manhay. Entre les chars allemands, ayant contourné la Belle-Haie et Malempré, et le carrefour de Manhay, il n'y a plus aucune force américaine, la route leur est grand ouverte. Les sept Sherman qui défendent Manhay appartiennent au CCA de la 7ème Division blindée, commandés par le lieutenant-colonel Rosenbaum.

Ils ont combattus pendant six jours dans la saillant de Saint-Vith. Ils sont fatigués et éreintés. L'apparition des chars allemands provoque une belle confusion dans les rangs américains. Les chars Panther et Mark IV en profitent pour alligner les Sherman et les half-track américains présents comme au tir de foire. Les survivants fuient et abandonnent le carrefour.

La débâcle de Mahnay laisse désormais une petite force américaine isolée à La Belle-Haie, sur la nationale N-15, la Task Force Brewster. Brewster reçoit l'ordre d'abandonner la Belle-Haie et de se replier sur Malempré.

En dépit de la débâcle qui se produisit à Manhay dans la nuit du 24 au 25 décembre 1944, la situation était meilleure que ne le pensaient Hodges et son état-major.

La 82ème Division aéroportée s'est repliée sur de nouvelles positions en étant peu gênée par l'ennemi, la 7ème Division blindée commence à organiser un nouveau front au nord de Manhay, en travers de la N-15 menant à Liège. Un bataillon du 424ème Régiment de la 106ème Division est en cours de reconstitution sur cette ligne de front. Et en cas d'urgence, on peut faire appel au 112ème Régiment de la 28ème Division d'infanterie et au CCB de la 9ème Division blindée, placés en réserve du 18ème Corps aéroporté US à l'arrière.

Sur la portion de route entre Manhay et Hotton, dans la zone du VII Corps américain, la 3ème Division blindée reçoit des renforts de la 75ème Division d'infanterie, une unité sans expérience venant tout droit des Etats-Unis. Rose reçoit en outre l'aide du 509ème Bataillon de parachutistes et de deux bataillons du 517ème Régiment de parachutistes, indépendants.


(2) Correspondance de grades Waffen-SS et Wehrmacht.
  • Oberstgrupenführer: général d'armée SS (Generaloberst dans la Wehrmacht).
  • Gruppenführer: général de corps d'armée SS (Generalleutnant).
  • Brigadeführer: général de division SS (Generalmajor).
  • Oberführer: général de brigade SS (Oberst).
  • Standartenführer: colonel SS (Oberst).
  • Obersturmbannführer: lieutenant-colonel SS (Oberstleutnant).
  • Sturmbannführer: major SS (Major).
  • Hauptsturmführer: capitaine SS (Hauptmann).
  • Obersturmführer: lieutenant SS (Oberleutnant).
  • Untersturmführer: sous-lieutenant SS (Leutnant).
  • Sturmcharführer: adjudant SS (Stabsfeldwebel).
  • Stabsschartführer: premier sergent-major SS (Hauptfeldwebel).
  • Hauptscharführer: sergent-major SS (Oberfeldwebel).
  • Oberscharführer: sergent quartier-maître SS (Feldwebel).
  • Scharführer: premier-sergent SS (Unterfeldwebel).
  • Unterscharführer: sergent SS (Unteroffizier).
  • Rottenführer: caporal SS (Gefreiter ou Obergefreiter).
  • Sturmmann: soldat de première classe SS (Oberschütze).
  • SS-Mann: soldat SS (Schütze).


Série documentaire "Grandes Batailles de la Seconde Guerre mondiale"
(Henri de Turenne et Daniel Costelle) - Vidéo Youtube.


"Les Grandes Batailles" est une série d'émissions télévisées historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1960 et 1970, qui décrit les principales batailles de la Seconde Guerre mondiale ainsi que le procès de Nuremberg. Les émissions donnent la parole aux officiers ayant participé à ces batailles ainsi qu'à des historiens. Ces interventions alternent avec des extraits de reportages. Les commentaires sont d'Henri de Turenne.

La campagne d'Allemagne 1945 - 1° Le dernier sursaut d'Hitler.













Article modifié le 3 octobre 2019.


Sources principales:
Battle of the Bulge (Wikipedia.org)
• Charles B. MacDonald: Noel 1944: la Bataille d'Ardenne. Editions Luc Pire (2006). ISBN 2-87415-468/7.
Banques d'images de l'European Center of Military History (eucmh.com).

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