Moyen-Orient: Israel et les mensonges de la presse française

On se disait qu'après tous les dérapages journalistiques de la Seconde Intifada (2000-?), ou "Intifada Al-Aqsa", les médias auraient rectifié leur propension au matraquage anti-israélien. Hélas! Sous l'apparence de davantage de rigueur, ce matraquage n'a à nouveau pas manqué depuis le début du conflit opposant le Hezbollah à Israel (2006).



Israel: la désinformation de la presse française.

Nous ne parlerons même pas du drame de la plage de Gaza (1) où nos médias ont rapporté tête baissée un soi-disant massacre israélien, avec mise en scène en bonne et due forme devant les caméras, quand il s'agissait d'une tragédie [réelle] palestino-palestinienne...

Il est un fait hélas, semble-t-il irréversible: nos journalistes gobent autant qu'ils peuvent les mensonges des djihadistes pour les refourguer à l'opinion occidentale (2), et mettent systématiquement en doute les explications et les arguments israéliens, qui pourtant se révèlent fiables.


Certes, les grosses ficelles de la propagande arabe de la Deuxième Intifada, telles l'affaire Al Dura, Jénine, la Basilique de la nativité, ..., n'ont pas eu lieu au Liban, sauf à Cana où nos médias occidentaux se sont faits quelque peu berner par un Hezbollah à la recherche d'un gros scoop capable d'arrêter l'armée israélienne.

Cette fois, la propagande anti-israélienne s'est montrée plus subtile.

Tout d'abord, la caisse de résonance a développé l'idée d'une réponse israélienne disproportionnée. Assurément, la question mérite d'être débattue. La politique israélienne peut, doit être critiquable et critiquée. Mais en l'occurrence, point de débat.

L'information a, insensiblement, transformé la volonté d'Israel d'empêcher le Hezbollah de nuire, en une guerre d'agression. Il n'est plus question, dès lors, que d'une offensive israélienne... même pas capable d'arrêter les tirs de roquettes des "résistants" chiites libanais. Tout ça juste pour deux soldats kidnappés, nous répète-t-on avec une cécité consternante.

Il n'est pas exagéré de dire qu'aujourd'hui, c'est bien ainsi que la plupart de nos médias présentent l'actualité. L'enjeu, les tenants et aboutissants du conflit sont évacués. L'agresseur est devenu l'agressé et vice-versa. Un agresseur qui surprend par sa volonté obscure, gratuite, de nuire.


Et puis paradoxalement, ces mêmes médias, dans le même temps, exposent, en fins analystes, la faiblesse de l'armée israélienne, coupable d'être inefficace, mal préparée, mal renseignée, etc...

Cette sorte de contradiction révèle une chose: quand Tsahal gagne [facilement] face à ses ennemis bien plus faibles qu'elle, elle est coupable d'être trop forte et de gagner de façon déloyale. Mais si elle montre des difficultés face à ses ennemis, elle est coupable de ne pas être à la hauteur.

Pour nos journalistes, Tsahal ne devrait avoir que deux alternatives: ne pas se défendre et rester passive, ou avoir une baguette magique et remporter la victoire en faisant guili-guili à ses ennemis.

Mais le plus grave, sur cette question, c'est la quasi absence, dans le discours, du grave problème que représente le fait qu'une armée, celle du Hezbollah, défile armée et en uniforme pour parader, et lors d'un conflit, se mette en civil pour combattre, et impose à des civils [des vrais] de leur servir de boucliers humains.

Comment se fait-il que cet aspect du conflit, aussi déterminant pour son déroulement que pour son bilan, soit si absent de tout ce dont on nous rebat chaque jour à la TV, à la radio, dans les journaux?

Dans ce traitement médiatique, nous n'aurons donc pas eu droit aux grosses ficelles de la Seconde Intifada, mais davantage à une accumulation de petites choses.

En voici quelques exemples parmi tant d'autres.

D'abord l'inévitable décompte des civils libanais tués. Décompte répété quotidiennement, détaillé, sorte d'antienne quasi obsessionnelle.

Mais quelle crédibilité accorder à ces chiffres, quand les combattants du Hezbollah sont en civil, quand le camp ennemi d'Israel emploie le mensonge sans vergogne pour sa "bonne" cause? Comme à Cana où le nombre de victimes a été finalement divisé par deux.

Comme à Houla où le massacre de quarante civils est devenu un unique décès. Et combien d'autres mensonges non dévoilés?

Le problème n'est pas de savoir s'il y a minimisation ou surestimation du nombre de morts libanais. Ils sont de toute façon trop nombreux et ne peuvent qu'inspirer désolation et colère. Le problème est la façon dont nos médias, au lieu d'informer, s'acharnent à enfoncer le clou de la culpabilité de l'Etat d'Israel. Sinon, pourquoi n'y a-t-il pas ce même acharnement pour le Darfour ou tout autre conflit?

Autre exemple. Nous avons pu entendre à la radio que "le village de Kiriat Shmona" allait être évacué par Israel. Un village de 24000 habitants!... Comment ne pas voir là une façon de minimiser les préjudices causés par ce conflit à la population israélienne?

Sur France Culture, le 10 août [2006], était proposé un reportage sur le bombardement d'un camp palestinien au Liban. Le propos du côté israélien, très peu présent, fut inévitablement mis en doute. Du côté arabe, l'interviewé déclara que le bombardement était sans raison, puisqu'"avec Israel, il faut s'attendre à tout et n'importe quoi." Telle était bien la conclusion de ce reportage, conclusion banale dans la caisse de résonance médiatique.

Sur France Info, le même jour, une revue de presse nous rapportait un texte du Figaro. Au Figaro, quand un journaliste est à cours d'argument, il fait parler les morts. Ici, il fit parler Itzhak Rabin. Il prêta à l'ancien premier ministre israélien, face à l'actualité, le fait d'être "désespéré d'avoir lutté pour une cause aussi perdue".

Quel poids, n'est-ce pas Monsieur le journaliste du Figaro et Monsieur le journaliste de France Info! C'est Itzhak Rabin lui-même qui le pense: Israel est une cause perdue... qui n'inspire que désespérance à ceux qui y ont consacré leur vie.

Que signifie toute cette accumulation de "petites" choses?

Nous savons bien que l'on dit généralement ce que l'on souhaite. On oriente ce qu'on rapporte dans le sens que l'on souhaiterait. C'est humain.


A l'évidence, chez de trop nombreux journalistes, non seulement Israel est un pays barbare, mais en plus, il se bat pour une cause perdue. A l'évidence, un trop grand nombre de journalistes n'aiment pas Israel, et souhaitent sa défaite.

Et puis force est de constater que, dans ce matraquage quotidien, sont beaucoup trop souvent oubliés le fondement théocratique intégriste du Hezbollah politique, le fanatisme religieux d'un islam chiite obscurantiste et suicidaire, et le fond culturel haineux d'un mouvement qui laisse libre cours à l'antisémitisme le plus débridé.

Bien sûr, comme tous les Etats, Israel a sa part d'ombre et n'incarne pas la perfection. Quant aux membres du Hezbollah, seul Dieu sonde les coeurs et les reins.

Mais ces journalistes occidentaux, trop nombreux, qui s'évertuent à maquiller le Hezbollah en mouvement respectable et à grimer Israel en despote barbare, ceux-ci ont choisi leur camp.

Mais alors, qu'ils le disent clairement! Qu'ils assument leur choix, au lieu de feindre une objectivité et une honnêteté en trompant leur public.

Maintenant, ce conflit nous amène à une autre question, qui dépasse la simple dimension médiatique.

Il y a septante ans, un pays européen a développé sans entrave une idéologie meurtrière, raciste et barbare. Il l'a fait dans l'indifférence européenne quasi-générale. Il l'a fait alors que ses voisins et les grandes puissances de l'époque [politiques et spirituelles] ont fait preuve de laxisme et de faiblesse.

Il s'en est suivi la pire tragédie de l'histoire humaine, la guerre sur tous les continents, et près de soixante millions de morts.

Aujourd'hui, des pays, dont le Liban, ont laissé, et laissent encore se développer sans entrave, sur leur territoire, une idéologie meurtrière, raciste et barbare qui n'a guère à envier au nazisme. Cela se passe une nouvelle fois dans l'indifférence quasi-générale.

Qui est surpris de ce qui se passe actuellement au Liban?

La faiblesse coupable vis-à-vis de l'Allemagne nazie va-t-elle se reproduire aujourd'hui avec l'Iran des ayatollahs et les terroristes djihadistes des Hezbollah, Hamas et Cie?

Nous entendons déjà les bonnes âmes dire que tout cela est de la faute d'Israel, la faute à ce conflit israélo-arabe, israélo-palestinien, conflit non résolu à cause des Juifs, bien sûr, conflit source de tant d'injustices pour les Arabes palestiniens...

Ben voyons! Mais les Nazis et autres antisémites avaient eux aussi, par le passé, leurs bonnes raisons de croire ce qu'ils croyaient, et de faire ce qu'ils faisaient. Et l'Allemagne, à l'issue de la 1ère guerre mondiale, n'était-elle pas victime d'une grave injustice, avec un Traité de Versailles qui en faisait un perdant humilié et écrasé de dettes?

Bien sûr qu'il est urgent de résoudre ce conflit dans lequel, évidemment, Israel a sa part de torts. Mais sans aucune concession et sans aucune faiblesse avec ceux qui nient à Israel le droit d'exister, notamment dans un Etat souverain. Car il en va de l'avenir du monde libre, et pas seulement de façon symbolique.

Il nous faut espérer que la différence de situation avec les années 1930-1940 ne se trouve pas uniquement dans le fait que les Juifs, aujourd'hui, ont une armée pour se défendre.

[Jean-Daniel Chevalier, Primo Europe, 15 août 2006]


(1) Le 13 juin 2006, une mine antipersonnelle du Hamas tue 8 personnes d'une même famille venue pique-niquer sur une plage de Gaza. Les agences de presse, et en particulier l'Agence France-Presse (AFP), reprises par pratiquement tous les médias d'information français, écrits ou audiovisuels, rejettent immédiatement la responsabilité de ce drame sur Israel, accusée en outre de chercher à maquiller sa "bavure".

http://agonist.org/20060609/seven_dead_as_israel_shells_packed_gaza_beach

http://www.canoe.com/archives/lcn/infos/lemonde/2006/06/20060613-214613.html

Prises en flagrant délit de désinformation et de diffâmations, aucune d'entre-elles ne daignera pourtant présenter des excuses à l'Etat hébreu.

(2) l'opinion arabe, elle, en est gavée quotidiennement, 24 heures sur 24, sept jours par semaine.

Article modifié le 19 juillet 2014.

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